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La Guinée vient de franchir une étape majeure dans la régulation de son secteur minier. Après trois décennies d’attente, le pays a renouvelé la convention collective des mines, carrières, industries minières et assimilées. La dernière version de ce texte fondateur remontait à 1995, une époque où le paysage minier guinéen était bien différent de celui d’aujourd’hui.
Depuis, le secteur a connu une expansion considérable, avec l’arrivée de nouveaux investisseurs, une mutation des conditions de travail et des exigences croissantes en matière de protection sociale et environnementale. Ce 14 février 2025, dans la salle du 28 septembre du Palais du Peuple, le ministre du Travail et de la Fonction publique a officiellement signé la nouvelle convention collective en présence des partenaires sociaux.
Un accord historique pour un secteur clé de l’économie guinéenne
Ce nouveau cadre juridique vise à garantir un meilleur équilibre entre les droits des travailleurs et les intérêts des entreprises minières, tout en assurant un environnement de travail conforme aux principes du travail décent en République de Guinée.
Parmi les avancées majeures de cette convention, on note :
-L’instauration d’une grille salariale avec un salaire de base minimum pour l’entrée dans le secteur ;
-L’encadrement de la sous-traitance, les travailleurs sous-traitants percevant désormais au moins 70 % du salaire de base des sociétés mères ;
-L’amélioration des conditions de retraite, avec une prime de départ revue à la hausse ;
-L’augmentation des congés sociaux, pour mieux prendre en compte les réalités familiales des travailleurs ;
-L’extension du champ d’application de la convention, désormais applicable à tous les opérateurs du secteur minier et des carrières.
Cette réforme traduit la volonté du gouvernement guinéen de renforcer la réglementation et d’adapter la législation aux enjeux contemporains du secteur minier.
Des engagements forts en faveur des travailleurs
Cette nouvelle convention met un accent particulier sur les droits des travailleurs et la protection sociale. Parmi les mesures clés :
-Le respect des libertés syndicales, avec la protection des délégués syndicaux et la reconnaissance du droit de grève, encadré par des règles précises ;
-L’instauration de commissions paritaires pour régler les conflits entre employeurs et salariés, privilégiant le dialogue avant tout recours judiciaire ;
-L’amélioration des conditions de travail et des rémunérations, avec le principe « à travail égal, salaire égal », le paiement des heures supplémentaires et l’octroi de primes spécifiques ;
-Le renforcement des normes de sécurité et d’hygiène, obligeant les employeurs à fournir des équipements de protection individuelle et à mettre en place des comités dédiés à la prévention des risques ;
-Le développement de la formation professionnelle, avec une obligation pour les employeurs de contribuer à la montée en compétences des travailleurs ;
-La réglementation du départ à la retraite, avec la possibilité d’un départ anticipé sous certaines conditions et le versement d’une indemnité conventionnelle.
Les négociations autour de cette convention ont été marquées par un dialogue social approfondi entre les différentes parties prenantes. Ismaël Diakité, président de la Chambre des Mines, a souligné l’importance de cette avancée : «Nous ne nous sommes pas contentés de fixer un salaire minimum. Nous avons travaillé à garantir des conditions de travail dignes et équitables. Un salaire ne doit pas seulement permettre de vivre, il doit être un levier d’épanouissement personnel et familial. Nous avons mis un accent particulier sur l’évolution de carrière et la répartition des richesses, pour que les travailleurs bénéficient réellement de la prospérité du secteur.»
Du côté du patronat, Ansoumane Kaba, président de la Confédération générale des entreprises de Guinée (CGE-GUI), a exprimé sa satisfaction : «Cette convention est une preuve que le dialogue social reste le meilleur outil pour bâtir un secteur stable et durable. Nous remercions le gouvernement pour son engagement en faveur d’un cadre réglementaire plus juste et équilibré.»
Le gouvernement mise sur un secteur minier plus structuré et attractif
Le ministre du Travail et de la Fonction publique, François Faya Bourouno, a insisté sur l’importance de cette réforme pour la compétitivité du pays : «La signature de cette convention s’inscrit pleinement dans les priorités du gouvernement pour la promotion du travail décent en Guinée. Elle garantit un environnement de travail plus sûr et plus équitable, tout en facilitant l’employabilité des Guinéens dans un secteur en constante évolution. Ces avancées renforceront également la mise en œuvre du projet Simandou 2040, qui vise à transformer l’économie guinéenne.»
Avec cette nouvelle convention collective, la Guinée espère consolider sa place en tant que hub minier en Afrique de l’Ouest, tout en garantissant de meilleures conditions de travail aux milliers de Guinéens qui œuvrent chaque jour dans les mines et carrières du pays.