Et si l’on baptisait le pont de Bambéto au nom du Général Sékouba Konaté ? [Par Mohamed Cissé]

À l’heure où le pont de Bambéto s’apprête à être inauguré, après sa relance et son achèvement sous l’impulsion décisive du CNRD, une question mérite d’être posée avec gravité et discernement : quel nom donner à cet ouvrage qui marque un tournant dans la modernisation de Conakry ?

L’infrastructure, qui fluidifie désormais la circulation et désengorge l’un des carrefours les plus emblématiques du pays, s’impose déjà comme un symbole. Ne devrait-elle pas porter le nom d’un homme dont la vie entière a été au service de la Guinée ?

Parmi les personnalités dont le parcours et les sacrifices honorent la nation, le nom du Général Sékouba Konaté surgit comme une évidence. Le baptiser serait plus qu’un geste : ce serait un acte de mémoire, de gratitude nationale, et de justice historique.

Un soldat exemplaire, façonné par le devoir

Le Général Konaté, soldat dans l’âme et patriote dans chacune de ses décisions, incarne l’image même de l’homme d’État que la République n’a pas choisi… mais que l’Histoire lui a imposé.
Son itinéraire, forgé dans la rigueur militaire, s’est déployé sur les frontières et les théâtres de crise où la Guinée a joué un rôle déterminant : participation aux opérations de stabilisation, soutien aux pays voisins confrontés à des rebellions, défense inlassable de l’intégrité nationale.

Qui peut oublier son arrivée à Conakry, à l’appel du Général Lansana Conté, pour rétablir l’ordre lorsque la situation menaçait de basculer ?
Qui peut méconnaître son courage, lorsqu’en 2010, devenu chef de la transition, il a procédé à la libération de nombreuses personnalités injustement détenues ?
Et comment passer sous silence sa contribution majeure à l’histoire politique moderne de la Guinée : l’organisation, pour la première fois, d’élections présidentielles libres et pluralistes en 2010, ouvrant la voie à une nouvelle ère démocratique ?

L’abnégation d’un homme qui n’a jamais cherché le pouvoir

Le Général Konaté demeure l’un des rares dirigeants africains à avoir exercé le pouvoir suprême sans jamais y aspirer, ni s’y accrocher.
Malgré l’ingratitude politique, malgré les promesses non tenues par ceux à qui il avait ouvert la porte de la légitimité, malgré son absence de reconnaissance officielle en tant qu’ancien président, Konaté n’a jamais souhaité la discorde, le chaos ou la revanche.

Influence naturelle au sein de l’armée, respecté de ses pairs, il aurait pu lever la voix ou rallier les rancœurs. Il a préféré le silence digne des patriotes sincères, attendant que le temps rende justice à ceux qui servent sans bruit, mais avec loyauté.

Un soutien constant au CNRD et une fidélité sans faille

Lorsque le CNRD a pris le pouvoir le 5 septembre 2021, une large partie de la population attendait la réaction de celui que l’on appelait déjà « El Tigre ».
Sa position fut claire, immédiate, mesurée : soutenir la transition, encourager les jeunes officiers, et appeler la communauté internationale à accompagner la Guinée.

Le président Mamadi Doumbouya, dans un geste à forte portée symbolique, lui a permis de retrouver son pays après onze ans d’exil, et l’a reçu avec sa famille au Palais présidentiel pour un déjeuner qui restera dans les annales.

Depuis, le Général Konaté demeure un défenseur résolu du processus en cours, témoignant d’un patriotisme qui transcende l’amertume des années passées.

Une reconnaissance internationale qui honore la Guinée

Au-delà des frontières, la stature du Général Sékouba Konaté s’est largement imposée.
Il est aujourd’hui l’un des rares anciens chefs d’État africains à être régulièrement sollicité comme observateur international lors d’élections dans plusieurs pays.
Dernièrement encore, il a conduit des missions de supervision au Cameroun et en Côte d’Ivoire, incarnant le sérieux, la neutralité et la crédibilité de l’État guinéen.

Son parcours, salué par la communauté internationale, redore l’image de la Guinée et rappelle qu’un militaire peut, par sa discipline, son intégrité et son sens du devoir, devenir une figure d’exemplarité démocratique.

Baptiser le pont de Bambéto : un geste de mémoire nationale

À la lumière de tout ce qui précède, donner au pont de Bambéto le nom du Général Sékouba Konaté serait un acte fort.
Un geste de reconnaissance envers un homme qui a tout donné à la Guinée : son énergie, sa carrière, sa présidence, sa vie.
Un geste pour rappeler aux générations futures que le patriotisme, la loyauté et le sacrifice ne sont pas des mots, mais des chemins de vie.
Un geste, enfin, pour inscrire durablement dans le patrimoine national l’héritage d’un soldat d’exception.

Parce qu’il y a des noms qui élèvent les ouvrages, et des hommes qui transcendent les infrastructures, le pont de Bambéto mérite de porter celui du Général Sékouba Konaté.

Mohamed Cissé

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