Départs vers les Canaries : 123 migrants secourus et 230 exilés retournés, la route migratoire se déplace vers la Guinée et la Gambie

il y a 11 heures 44
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En ce début de semaine, la marine nationale sénégalaise a porté secours à 123 migrants à bord d’une pirogue, interceptée à 110 km de la pointe de Sangomar, dans le sud du Sénégal. Selon les autorités, les passagers, dont des Guinéens, étaient partis « d’un pays voisin » et ont été débarqués à Dakar, à la base navale Amiral Faye Gassama, avant d’être remis aux services compétents.

Dans le même temps, selon InfoMigrants.net, mardi, une embarcation transportant environ 230 exilés a atteint l’île d’El Hierro, dans l’archipel espagnol des Canaries. Repérés en mer par la Garde Civile espagnole, les passagers — dont 13 femmes et 6 mineurs — ont été pris en charge au port de La Restinga par la Croix-Rouge et des équipes médicales. Trois d’entre eux ont été transférés à l’hôpital, selon l’agence de presse espagnole EFE.

Les migrants à bord de cette embarcation affirment être originaires de Guinée-Conakry, de Gambie, du Sénégal et du Mali. Ils auraient quitté Barra, en Gambie, huit jours plus tôt, pour tenter de rejoindre l’Europe par la mer. Alors que la distance entre la Gambie et les îles Canaries dépasse les 1 500 km.

Selon la source, avec le renforcement des contrôles migratoires au Maroc, au Sénégal et en Mauritanie, les départs vers les Canaries s’effectuent désormais plus au sud. La Guinée et la Gambie sont devenues des points de départ, de plus en plus utilisés.

Le 22 septembre, près de 200 migrants sont arrivés à El Hierro après un départ de Gambie, sept jours plus tôt.

Le 16 septembre, une autre pirogue transportant une centaine de personnes avait été secourue au large de Dakar, elle aussi partie de Gambie, cinq jours auparavant.

Cette évolution des routes migratoires intervient dans un contexte de renforcement des dispositifs de contrôle, notamment en Mauritanie et au Sénégal. Entre janvier et avril 2025, les autorités mauritaniennes ont intercepté plus de 30 000 migrants sur leur territoire et démantelé 88 réseaux de passeurs.

Le durcissement de la politique migratoire à Nouakchott s’est accompagné d’une augmentation des arrestations et d’un climat de peur.

Au Sénégal, le Comité interministériel de lutte contre la migration irrégulière (CILMI) a rapporté l’interpellation de plus de 1 900 personnes au premier trimestre 2025, en majorité des étrangers. Par ailleurs, 32 pirogues ont été saisies, et 74 convoyeurs ont été arrêtés et déférés devant la justice.

En Guinée, de janvier 2025 à ce jour, sous l’impulsion des autorités du pays, 6834 migrants ont été accueillis à Conakry et bénéficient d’un suivi régulier, pour leur réintégration sociale, selon le ministère des affaires étrangères.

D’après les autorités espagnoles, moins de 13 000 personnes ont atteint les îles Canaries, entre janvier et octobre 2025, contre plus de 30 000, à la même période en 2024, soit une baisse d’environ 58 %.

Cette diminution est en grande partie attribuée au renforcement de la surveillance et à la coopération entre les pays d’Afrique de l’Ouest et l’Union européenne.

Delphine Perrin, spécialiste des politiques migratoires africaines, rappelle que la durée de navigation entre la Gambie ou la Guinée et les Canaries — de 4 à 7 jours en moyenne — augmente considérablement les risques : naufrages, dérives, manque de vivres, et comportements dangereux des passeurs.

Les embarcations peuvent disparaître en mer, devenant des « bateaux fantômes », introuvables par les secours.

Le 29 août, au moins 69 corps ont été repêchés au large de la Mauritanie, après le naufrage d’une pirogue partie de Gambie.

Selon l’ONG Caminando Fronteras, 10 457 migrants sont morts ou portés disparus sur les routes migratoires vers l’Espagne en 2024, soit une moyenne de 30 par jour. Pour les cinq premiers mois de 2025, l’organisation dénombre 1 865 décès, dont près de 1 500, sur la seule route vers les Canaries.

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