Culture / Musique : la feue Reine NYEPOU HABA des Amazones de Guinée, un mérite longtemps resté dans les tiroirs

Rendons à César ce qui appartient à César

« … Il se dit que des hommes, qui physiquement bien disparus, continuent et continueront à vivre éternellement dans le cœur de leurs semblables. Sont de ceux-là : l’Almamy Samory Touré, empereur du Wassoulou, le roi de Labé, l’illustre Alpha Yaya Diallo… ».
Scandait Elhadj Sékou Legrow Camara, du célèbre Bembeya Jazz National, dans l’une de ses meilleures déclamations, lors du concert “Regard sur le passé”. Il rendait ce vibrant hommage à ces martyrs, à ces héros nationaux qui ont lutté contre la domination coloniale.

Le 28 septembre 1958 demeure une date historique, marquant le référendum du “NON” à l’adhésion à la Communauté proposée par le Général De Gaulle.
Le 2 octobre 1958 suivra, avec la proclamation de l’indépendance guinéenne.

Ce 1er novembre 2025, autant que ces dates historiques, va marquer les 67 ans d’anniversaire de la création de l’Armée guinéenne. Une élite qui s’est distinguée sur plusieurs champs de combats pour la libération des peuples africains opprimés.

Sur le plan culturel, au temps de la Révolution, la politique mise en place a permis à cette armée de se distinguer à travers :
– le célèbre Ballet de l’Armée,
– l’Orchestre de la Garde Républicaine,
– le Boiro Band National,
– le Super Lion de la Gendarmerie Nationale,
– les Aigles de la Police,
– … et sans oublier ce fameux orchestre féminin de la Gendarmerie Nationale, qui devint plus tard Les Amazones de Guinée.

Premier orchestre féminin d’Afrique, ce groupe composé exclusivement de femmes soldats des Forces armées guinéennes, s’est couvert de succès durant plusieurs décennies sur les plans national, africain et international.

Dirigées par la feue Reine Nyépou Haba, charmante guitariste soliste, ces grandes dames — dont plusieurs ont rejoint le royaume des cieux — se sont résolument engagées pour l’essor de la musique guinéenne, portant haut le drapeau de la culture nationale.

Ces Amazones méritent respect et considération.

Symbole de l’émancipation de la femme africaine, la Reine, feue Capitaine Nyépou Haba, accompagnée de ses collègues “tigresses des planchers”, mérite égard et honneur de la part de l’État guinéen.

La valeureuse Capitaine Nyépou Haba est décédée le 3 avril 2004.
Le 3 avril 1984 constitue aussi une date mémorable dans l’histoire du pays, marquant l’arrivée au pouvoir de l’Armée guinéenne après le décès du président Ahmed Sékou Touré.
Le destin a choisi ce 3 avril 2004 pour que s’éteignent les lampions qui éclairaient les scènes, par le grincement en solo des six cordes de sa guitare, aux côtés des Amazones de Guinée.

Coïncidence de date ? Sans doute. Comme l’a affirmé Moussa Moïse Diabaté (actuel manager des Amazones de Guinée) :
« … oui, c’est comme si la Reine Nyépou s’exprimait ainsi : nous avons tout fait sous le drapeau, dans la tenue, et le 3 avril 2004, je m’en vais pour tout laisser… Ce qui est pathétique dans son cas, c’est qu’elle est décédée sans enfant, et ce qui me fait encore plus mal, c’est que cela ne retient l’attention de personne ».

Après tout ce que feue Nyépou a pu donner à la Guinée, à l’Afrique et au monde entier, il reste évident qu’elle n’est pas encore “immortalisée”.
Cette brave dame ne doit pas continuer de vivre dans l’anonymat, vu les énormes sacrifices qu’elle a consentis avec les Amazones de Guinée pour la musique guinéenne.

À chaque fête de l’Armée guinéenne, nos pensées pieuses se dirigent vers feue Nyépou Haba et tant d’autres valeureuses dames qui ont posé des actes significatifs sur tous les plans en Guinée.

Il est nécessaire de saluer ce nouvel élan du département en charge de la Culture, du Tourisme et de l’Artisanat, solidairement engagé pour améliorer les conditions de vie des acteurs culturels et restaurer l’éclat que la culture guinéenne occupait jadis sur les podiums africains et internationaux.

Continuons à redonner place et considération à ces émérites actrices qui ont hissé la culture guinéenne au plus haut.

Feue Nyépou Haba demeure une figure emblématique de la culture guinéenne.
Matérialisons cela par des actes, surtout lorsqu’il s’agit de rendre hommage à l’Armée guinéenne, qu’elle a choisie à travers la musique, au détriment de sa profession d’infirmière.