Crise de liquidité: « elle est survenue parce que certainement l’État a fait des dépenses extra-budgétaires » (A. Sow)

il y a 3 heures 27
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En Guinée, la crise de liquidité qui s’intensifie du jour au lendemain a atteint une ampleur inquiétante dans les institutions bancaires au point d’affecter les opérateurs de monnaie électronique. Aujourd’hui, accéder à son argent est devenu un véritable parcours du combattant pour les citoyens. Face à cette situation, un plafonnement des retraits a été aussi imposé, limitant un accès libre aux fonds déposés.

Cette crise, qui suscite de vives inquiétudes quant à ses potentielles conséquences, a été confirmée par Abdoulaye Sow, secrétaire général de la Fédération Syndicale Autonome des Banques, Assurances et Microfinances de Guinée (FESABAG). Il a précisé qu’il s’agit bien d’une crise de liquidité, ou comme l’a décrit le gouverneur de la Banque Centrale dans un courrier récemment adressé au président de l’association professionnelle des banques (APB), d’une crise de cash.

Selon M. Sow, la situation est exacerbée par une forte dépendance à la monnaie fiduciaire (billets et pièces) dans les pays en développement comme la Guinée. Il estime que l’origine de cette pénurie est probablement liée à des dépenses extra-budgétaires de l’État.

« Cette crise, aujourd’hui est survenue parce que certainement l’État a fait des dépenses extra-budgétaires. C’est-à-dire que l’État a dépensé de trop », a-t-il indiqué.

La Banque Centrale, en tant que banque des banques, a un rôle crucial à jouer. Elle doit permettre aux banques de retirer plus facilement leurs avoirs afin d’avoir de la liquidité et de faciliter le refinancement.

« La Banque centrale doit jouer son rôle de banque des banques, c’est-à-dire permettre aux banques de faciliter le retrait des avoirs des banques dans les livres de la Banque centrale pour leur permettre d’avoir la liquidité. Et faciliter également le refinancement. Quand les banques n’ont pas là-bas des encaisses qui leur permettent de faire face à la demande des clients, de les refinancer, c’est-à-dire de leur donner du crédit », a-t-il expliqué.

Pour encourager les citoyens à déposer leur argent dans les banques, M. Sow préconise la révision de la politique de taxation.

« Il faut éviter de taxer les dépôts des clients. Quand un client verse de l’argent sur son compte et qu’une commission est prélevée, ça le décourage », a-t-il déclaré.

Pour résoudre durablement la crise, M. Sow suggère la création d’une task force réunissant la Banque Centrale, le ministère de l’Économie et des Finances, ainsi que la FESABAG. Cette structure aura pour mission de trouver rapidement des solutions pour inciter les clients à ne plus garder leur argent chez eux, une pratique qui les expose à des risques de vol et d’incendie, et de favoriser la bonne circulation de la masse monétaire.

Interrogé sur la participation de son organisation, M. Sow a regretté que la FESABAG n’ait pas été formellement sollicitée.

« Nous donnons des conseils, mais la FESABAG n’a pas été invitée à participer aux discussions pour trouver des solutions », a-t-il confié. Pour le sieur Sow, en tant qu’acteur du secteur financier, la FESABAG a des propositions concrètes à apporter.

Si la FESABAG était consultée, M. Sow a assuré qu’elle ferait des propositions de sortie de crise pour permettre à chaque partie prenante (Banques, Banque Centrale, clients, État) de jouer son rôle avant de mettre en garde : « si cette crise perdure, elle peut être très grave parce qu’elle va entraîner l’inflation. Et vous savez que l’inflation est plus qu’un cancer pour une économie », a prévenu Abdoulaye Sow.

Alhassane Fofana

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