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Des cours éventrés par-ci, des soubassements déterrés et portails décrochés par-là. C’est l’image que reflète une bonne partie du district Nasser aujourd’hui dans la sous-préfecture de Wonkifong. Dans cette zone, près d’une cinquantaine de concessions sont en train d’être démolies. On accuse El hadj Ousmane Soumah dit l’Enfant Noir, d’être derrière cette destruction massive. Tel un seul homme, les victimes se sont mobilisées le dimanche 13 avril 2025 pour aller demander à leur chef de secteur, de prendre ses responsabilités.
« Toutes nos donations ont été signées par le chef du secteur. Mais celui-ci n’a reçu aucun ordre de mission dans le cadre de la démolition de nos bâtiments. Ils sont venus comme ça avant-hier matin, avec une descente musclée pour démolir nos maisons. Donc aujourd’hui, on s’est regroupé pour faire une marche pacifique. Pas de barrages, pas d’injures, pas de casse. On vient voir le chef secteur, c’est vous qui avez signé nos donations. Dis à l’enfant noir d’aller réparer ce qu’il a gâter chez nous », a expliqué Ousmane Bountou Touré
Comme beaucoup d’autres victimes, M. Touré a appris que l’initiateur de la démolition est fort d’une décision de justice, mais qui concerne une zone appelée Gbétèya différente de Nasser où habitent les victimes.
« L’enfant noir qui a envoyé des gendarmes pour démolir nos maisons dit que le site s’appelle Gbéteya. Gbétèya est un secteur qui relève de Manga Sambaya dans Toguiron. Tandis que l’huissier est venu démolir les bâtiments de Nasser. Nous on se dit qu’il s’est trompé de cible. Notre zone n’est pas concernée. Nous sommes des innocents. Nous sollicitons que l’Etat intervienne vraiment. Le Général Mamadi Doumbouya a toujours déploré des situations comme ça. Nous voulons savoir. Le site sur lequel nous sommes, si c’est Gbétèya, nous sommes prêts à négocier. Mais il faut une preuve », a-t-il ajouté.
Les occupants dont les maisons sont démolies sont des victimes collatérales. Il y a longtemps, la famille Sylla qui leur a cédé les domaines est en conflit avec la famille Soumah. La seconde estimant que la première a trafiqué la zone qui leur a donné par ses arrières grands parents. Le représentant de cette famille Sylla reconnaît avoir fait deux fois la prison dans cette affaire. Cependant, il persiste et signe que la zone lui appartient.
« Quand nous prenons Wonkifong, ce sont les Bangoura qui sont venus en première position. Ils ont été suivis par les Sylla. C’est après que les Soumah sont venus. Ils ont été reçus par les Bangoura dans le secteur Gbétèya. C’est Manga Simbaya qui commande Gbétèya dans le quartier Toguiron. Alors que là où nous sommes, c’est Yelta, précisément Nasser, secteur 1, la partie de Wonkifong donnée à la famille Sylla, du bas-fond au goudron. C’est très loin de Gbétèya, la propriété de la famille Soumah. On a loti devant eux. Ça fait 7 ans. Personne n’avait réclamé la paternité. C’est après tout ça que monsieur Soumah est venu tomber sur nous pour qu’il puisse en bénéficier parce que sa famille est un peu liée à la maman de notre Papa. Il soutient que ce sont ces arrières grands parents qui ont donné le domaine aux nôtres alors qu’eux ce sont les derniers venus », a révélé Aboubacar Sylla.
Il se dit surpris d’apprendre que M. Soumah soit détenteur d’une décision de justice qui lui donnerait raison par rapport au litige. Il informe que même si ce dernier est à ses trousses ces dernières années, il n’y a jamais eu de jugement dans le dossier en dehors de son emprisonnement et de son placement sous contrôle judiciaire.
Contacté dans le souci de recouper l’information, El hadj Ousmane Soumah dit l’Enfant noir a déclaré qu’il n’y a pas de confusion possible. La partie démolie relève bel et bien de Gbétèya. Selon lui toute cette zone lui appartient. Il en veut pour preuve les décisions de justice rendues en sa faveur en instance comme en appel. Il se dit prêt à laisser les occupants en paix sur place, si ces derniers acceptent de négocier avec lui.
« Là où se trouve la famille Sylla, ce sont mes grands frères qui ont donné cette partie à leur papa. Parce que leur grand-mère est liée à la famille Soumah. Cependant, Au lieu de lotir la partie qu’on leur a donné, ils ont loti notre domaine. Le problème a éclaté. Nous sommes allés au commissariat de Wonkifong. Ils ont appelé la notabilité. Celle-ci a tranché en notre faveur. Depuis mais 2024, la décision de la justice est tombée en ma faveur. Je suis allé vers les occupants pour négocier afin d’éviter qu’il y ait problème. Certains ont accepté. D’autres non. C’est ainsi que la famille Sylla a commencé à me menacer. Comme ils n’ont pas voulu comprendre, j’ai écrit pour qu’on me donne l’ordre de démolition. Je l’ai obtenue depuis janvier dernier. Je suis allé avertir le maire. Avant-hier maintenant, on a commencé à démolir. Mais j’ai dit aux agents de ne pas toucher les maisons. Le maire m’a invité à une rencontre ce lundi 14 avril 2025. J’ai tous mes documents. Le premier jugement, je l’ai. Ils ont relevé appel. Moi j’ai un dossier de justice qui date de 2015 qui délimite les lieux. J’ai eu mon papier de déguerpissement. Je pourrais négocier avec ceux qui sont disposés. Ils donnent ce qu’ils peuvent pour qu’on leur colle la paix la plus absolue », a-t-il annoncé.
Dans la localité, l’affaire fait grand bruit. Les autorités communales de Wonkifong se sont vues interpellées. Le président de la délégation spéciale lui-même est allé à la rencontre des victimes chez le chef de secteur. Bafodé Bangoura promet de tout mettre en œuvre pour qu’une solution idoine soit trouvée sans que les occupants ne soient chassés des lieux.
« Comme vous le savez, il y a le principe de séparation de pouvoir. Quand la justice décide, l’exécutif ne peut pas s’opposer. Mais qu’à cela ne tienne. On a rencontré M. Soumah. On a pu obtenir de lui l’arrêt des opérations de démolition. Et demain, à la commune, nous l’avons invité à nous donner tous les actes lui donnant raison pour nous permettre de nous imprégner davantage. En plus, nous sommes dans l’optique de négocier avec lui pour les populations. Parce qu’elles ne peuvent pas continuer à acheter une fois, deux fois ou trois fois, un même terrain. Donc, on va négocier, comme la justice a fait que c’est lui qui a raison. Pour qu’on ne déguerpisse personne, qu’on ne démolisse le bâtiment de personne. A partir de demain lundi, ça sera notre activité. Aux victimes, je leur demande de rester derrière nous les autorités, nous allons s’il plaît à Dieu régler la situation », a-t-il assuré.
En attendant, les victimes restent en détresse, les nombreux enfants qui ont été témoins des opérations sont traumatisés.
Sékou Diatéya