Bilan économique de la Guinée en 2024 : entre défis inflationnistes et croissance modérée

il y a 7 heures 26
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L’année 2024 a été une année de défis et d’opportunités pour l’économie guinéenne. Entre la gestion de la croissance, le contrôle de l’inflation, les ajustements de la politique monétaire et la gestion des réserves en devises, plusieurs aspects ont marqué cette période. Voici un résumé des principaux développements économiques de cette année.

La Guinée a fini l’année 2023 avec l’explosion du dépôt central d’hydrocarbures de Kaloum. Ce drame a occasionné une perturbation générale des activités, à commencer par le transport urbain et interurbain, sans oublier la communication et bien d’autres services, dont la prévision de la croissance nationale revue à la baisse, passant officiellement de 5,4% à 4,2%, qui atteindra 6% vers la fin de l’année grâce aux effets induits par les travaux de construction des infrastructures du projet d’exploitation du minerai de fer de Simandou.

L’élan de solidarité national et international aidant, la force réactive a pris le dessus sur les incertitudes. Pendant que les choses se réorganisaient à l’échelle locale, les autorités ont multiplié les initiatives, notamment avec des démarches vers les partenaires. C’est dans cette optique que le gouvernement guinéen a organisé une table ronde des bailleurs de fonds à Dubaï, aux Émirats Arabes Unis, où la ministre du Plan et de la Coopération internationale d’alors, a révélé que les annonces de contribution au financement du Programme de Référence Intérimaire (PRI) s’élèvent à 7 milliards de dollars américains ». Avec la précision que « ces fonds sont destinés à soutenir divers projets de développement dans le pays. »

Dans la même veine, pour faire face aux conséquences immédiates de cette catastrophe, le pays a bénéficié en mai 2024, d’un appui important. » Le Fonds monétaire international (FMI) a approuvé un décaissement de 53,55 millions de droits de tirages spéciaux (DTS), environ 71 millions USD, au titre du guichet chocs exogènes de la facilité de crédit rapide », selon une annonce officielle. Avec la précision que « cette aide a été cruciale pour stabiliser l’économie et amorcer la reconstruction des infrastructures détruites. »

Toujours au titre de l’appui des partenaires, « le 6 avril 2024, en marge du Forum d’investissement de la CEDEAO à Lomé, la Guinée et la Banque de Développement et d’Investissement de la CEDEAO (BDIC) ont conclu un accord-cadre d’une valeur de 307 millions USD pour financer divers projets socio-économiques. » Un fait très marquant, eu égard aux relations très difficiles entre l’organisation sous-régionale et le gouvernement de transition qui n’entend pas se laisser dicter sa conduite, même au nom de la nécessité du retour à l’ordre constitutionnel.

Ce montant, pour rappel, était dédié à la « préparation des terres agricoles (80 millions de dollars) », à l’édification d’écoles primaires et secondaires publiques (80 millions de dollars) », à l’établissement d’un laboratoire minier aux normes internationales (40 millions de dollars), à « la construction d’installations médicales et d’hôpitaux régionaux (40 millions de dollars) », à l’amélioration et la modernisation de quatre lycées agricoles et unités de production (40 millions de dollars) », à « la réalisation de travaux routiers dans le Grand Conakry (27 millions de dollars) ».

Un peu plus de deux mois après, un autre accord de prêt a été conclu avec la Banque Africaine de Développement (BAD), le 23 juillet 2024. Selon l’annonce officielle, « ce prêt de 14 millions USD, vise à financer des projets d’appui au développement industriel et à la résilience des petites et moyennes entreprises (PME). »

Parallèlement, l’Etat a mobilisé les ressources internes, notamment dans le secteur minier avec des réformes très prometteuses comme le prix de référence de la bauxite, ainsi que les redevances pour l’utilisation des infrastructures minières. Egalement, l’accélération du projet Simandou. Depuis la stimulante annonce faite par Rio Tinto à ses investisseurs et aux régulateurs des Bourses en juillet dernier. Dans un communiqué publié à cet effet, le géant anglo-australien déclarait que « toutes les conditions pour son investissement dans le développement du gisement de fer à haute teneur de Simandou en Guinée ont été remplies, y compris les approbations réglementaires nécessaires de la Guinée et de la Chine ».

Avant d’ajouter : « la transaction devrait être finalisée dans la semaine du 15 juillet 2024 ». Permettant à Simfer d’acquérir une participation dans la construction des infrastructures ferroviaires et portuaires de WCS (Winning Consortium Simandou), en finançant sa part du coût global dont le montant est d’environ 6,5 milliards de dollars (la part de Rio Tinto étant d’environ 3,5 milliards de dollars…)

Une opération précédée d’une autre non moins importante. Il s’agit de l’entrée dans le capital de WCS, de China Baowu devenu actionnaire du mégaprojet Simandou, avec un premier apport de capital estimé à 470 millions de dollars US, selon certaines sources. Le tout, avec « un soutien du gouvernement guinéen, dont l’appui a facilité les négociations », et qui va sans doute se renforcer avec la visite des installations de Baowu par le président de la transition, en marge du sommet Chine Afrique (FOCAC 2024).

Des efforts conjugués qui ont abouti à une hausse de 2% de la croissance économique du pays, en dépit la baisse opérée (de 5,4 % à 4,2 %) comme annoncé dans la prévision initiale de la loi de finances rectificative (LFR 2024).

Pendant ce temps, « le Produit Intérieur Brut (PIB) nominal a connu une hausse notable de 17,2% ». Bien que le « taux d’inflation ait augmenté de 1,4 point, atteignant 10,3% », indique la même LFR.

Le 2 décembre 2024, le ministère de l’Économie et des Finances, à travers la Direction nationale de la dette et de l’aide publique au développement, a procédé au lancement de la vaste campagne de souscription à l’emprunt obligataire par appel public à l’épargne sur le marché national pour mobiliser 2 mille milliards de franc guinéens couvrant la période du 1er au 31 décembre 2024. Cette action vise à diversifier les approches de financement à travers le marché des titres publics.

L’année 2024 finit avec l’arrestation de hauts cadres de l’Administration publique pour détournement de deniers publics. Il s’agit notamment du Directeur général des Douanes et son adjoint, le Directeur général des Impôts et le Directeur général de l’Office guinéen de Publicité (OGP) qui avait été limogé le 14 décembre. Il a été conduit à la maison centrale de Conakry le 31 décembre.

Pour l’année 2025, les perspectives sont bonnes. Le gouvernement table sur un taux de croissance économique de 7,0% grâce aux activités extractives ; atteindre un taux d’inflation à Conakry de 6,0% en moyenne annuelle et stabiliser le taux de change de la monnaie guinéenne par rapport aux principales devises étrangères (8 488,8 GNF pour un Dollar USD et 9 878,3 GNF pour un Euro).

Quant au Budget de l’Etat pour l’exercice 2025, il a été évalué en dépenses à 40 703,19 milliards GNF contre une prévision de 37 273,73 milliards GNF en LFR 2024, soit une augmentation de 3 429,46 milliards GNF. Quant aux recettes, elles sont évaluées à 35 073,41 milliards GNF contre 30 741,68 milliards GNF en LFR 2024, soit une augmentation de 4 331,73 milliards GNF (14,09%).

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