Vœux de Nouvel An- « Nous sommes au beau milieu d’une crise inédite » (Aboubacar Sylla, UFC)

il y a 2 jours 21
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À l’occasion du nouvel an, le président de l’UFC (Union des Forces du Changement) Aboubacar Sylla a formulé « ardemment les vœux que dans nos hameaux et châteaux, dans nos rues et places publiques, à travers nos villes et campagnes, les âmes s’apaisent, les cœurs se réjouissent et les esprits s’illuminent pour que les flots de la prospérité coulent en abondance dans tous les foyers ». Message…


Guinéennes, guinéens, 

Mes chers compatriotes, 

Nous entamons une année cruciale aux enjeux majeurs et défis multiples face à la protection et promotion du « vivre-ensemble », l’unité nationale, les libertés et droits fondamentaux, la démocratie, l’Etat de droit et le développement socio-économique.

En ces instants solennels, j’ai une pensée pour l’ensemble des victimes de la tragédie du 1erdécembre dernier du stade de N’zérékoré. Une fois de plus, la maladresse dans la conduite des affaires publiques aura réservé un sort dramatique à plusieurs de nos compatriotes et endeuillé la nation. Aux  familles, proches des victimes et au peuple de Guinée, je renouvelle mes condoléances émues. Je réitère mon souhait de voir se conclure, dans les meilleurs délais, les enquêtes annoncées ouvertes pour élucider le bilan exhaustif, les causes et les circonstances du drame et d’en tirer toutes les conséquences de droit.

Au moment où nous célébrons le nouvel an, nous savons bien que pour notre pays, les nuages s’amoncèlent encore, l’horizon s’obscurcit un peu plus chaque jour, la tempête s’annonce notamment sur les fronts social et politique et nos nuits et jours sont davantage chargés d’interrogations et d’inquiétudes, d’incertitudes et de craintes légitimes, face au présent et l’avenir de notre grande nation. 

A l’orée de l’année, je formule ardemment les vœux que dans nos hameaux et châteaux, dans nos rues et places publiques, à travers nos villes et campagnes, les âmes s’apaisent, les cœurs se réjouissent et les esprits s’illuminent pour que les flots de la prospérité coulent en abondance dans tous les foyers. 

Guinéennes, guinéens, 

Nous sommes au beau milieu d’une crise inédite qui nous secoue profondément, depuis le 05 septembre 2021, plongeant le pays dans l’impasse totale. Et si rien n’est entrepris rapidement pour changer le cours de l’histoire, les pronostics donnés par tous les observateurs de la vie publique pour la suite des événements dans les semaines et mois à venir sont tous de mauvais augure. 

Alors qu’expire la durée du régime de transition, conformément à l’accord conclu entre les autorités de la transition et les acteurs de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le pays n’a ni élections, ni chronogramme électoral, ni même processus électoral en cours de mise en œuvre pour un retour à l’ordre constitutionnel et démocratique normal.

Pendant ce temps, les acteurs de la vie nationale, surtout ceux opposés à la conduite actuelle des affaires publiques nourrissent et, à juste raison, le sentiment de l’exclusion et la persécution politique. En ces instants, j’exprime à nouveau ma solidarité à tous nos compatriotes disparus, arbitrairement détenus, exilés et autres, ici et ailleurs, des plus illustres aux plus anonymes d’entre eux, qui traversent avec leurs proches, des situations inacceptables et d’extrême pénibilité. 

Aussi, je pense particulièrement aux travailleurs des médias fermés, ces mères et pères de famille qui, du jour au lendemain, ont été arrachés à leur travail, leur passion et leur dignité et qui aujourd’hui, précipités dans le chômage vivent une véritable traversée du désert avec leurs proches, parce que tout simplement, on ne partageait pas leur discours et leur manière d’exercer leur profession.  

Pourtant, malgré des insuffisances réelles, inhérentes d’ailleurs à toute entreprise humaine, la continuité et l’intérêt de la République, la démocratie et l’Etat de droit, commandent nécessairement l’action mais aussi et surtout la vitalité d’une presse libre et indépendante. Pour ma part, la censure des idées et de la parole à la mode aujourd’hui dans notre pays à cette ère, est une pratique totalement inopérante et révolue.  

Mais le paradoxe est qu’en plus de son rôle traditionnel de gardienne et protectrice des droits et libertés, malgré les annonces fortes à cet égard, la justice peine encore à jouer pleinement cette fonction républicaine, à rassurer et à freiner l’arbitraire et l’injustice dont se plaignent de plus en plus nos concitoyens. Elle est décriée même comme la caution de toutes les exactions actuelles.   

Par ailleurs, l’autre dimension importante de la crise est celle qui touche au segment social et économique du pays. A ce niveau, je pense aux nombreuses familles qui ont vu se dégrader sérieusement leur niveau de vie et qui ont de plus en plus, du mal à joindre les deux bouts, parce que le travail s’il existe, ne rémunère pas bien ou suffisamment assez de revenus pour couvrir les frais médicaux, de ration alimentaire, de logement, de transport et bien d’autres de la famille. Cependant, partout et toujours, l’action d’un gouvernement efficace est toujours de contribuer au renforcement du pouvoir d’achat des ménages et le bien-être des citoyens. 

Au-delà de la propagande et des discours politiciens, ce sont là quelques éléments non exhaustifs mais quantifiables de la réalité politique, sociale et économique et de l’état de décrépitude de notre nation. Moins mesurable certes, mais bien plus grave encore est la crise de confiance entre les citoyens et l’Etat, entre les décideurs publics actuels et les administrés ainsi que la capacité des gouvernants à se réinventer et à inventer un présent et un futur meilleurs et radieux. 

En tirant les leçons de la crise actuelle, le moins qu’on puisse dire est que, l’approche par la force, la politique politicienne, la division et l’exclusion sont des stratégies totalement inefficaces, inopérantes et dépassées. Les autorités actuelles l’auront appris à leurs dépens. Il urge maintenant d’entreprendre, envers et contre tous, des actions concrètes et réalistes, d’user des approches de solutions pratiques et productives pour enrayer la crise qui s’enlise.

Guinéennes, guinéens, 

Pour ma part, pour sortir aujourd’hui de l’impasse, il n’y a pas d’alternative au dialogue, tout comme il n’y a pas d’alternative à la démocratie, l’Etat de droit, la protection et la promotion des libertés et droits fondamentaux. Ce sont là les gages de l’unité et la concorde nationales, la paix civile et du développement auxquels aspire notre vaillant et laborieux peuple et pour lesquels il a payé et continue de payer encore un lourd tribut. 

La mise en place de ce dialogue national que j’appelle ainsi de tous mes vœux sera un premier pas dans la bonne direction et devra permettre de rassembler autour de la table, les acteurs sociopolitiques, surtout parmi les plus représentatifs, afin de définir un chronogramme allégé, réaliste et opérant devant baliser une nouvelle feuille de route pour un retour diligent à l’ordre constitutionnel et démocratique normal. 

Ce processus devra se faire dans le respect strict des engagements de départ des autorités de la transition, à savoir, pas de candidature aux élections des autorités du CNRD et des acteurs des organes de la transition. 

Ce rendez-vous de dialogue national convoqué par le cours des événements n’est pas une option mais la solution même de sortie de crise dans l’intérêt supérieur de l’unité nationale, la paix, la démocratie et le développement. Et à ce propos, je nourris encore l’espoir que les autorités entendront raison et feront le choix d’être définitivement du bon côté de l’histoire. 

Ici et ailleurs, les guinéens n’en veulent et n’en peuvent plus de ce grand paradoxe, qu’on dit guinéen : une terre riche aux habitants pauvres.Paradoxe dû à de longues décennies de pratique de mauvaise gouvernance qui ne saurait davantage se perpétuer. Le temps est venu maintenant d’exorciser ce mal et d’entamer un nouveau départ .         

Guinéennes, guinéens, 

Mes chers compatriotes

Quand nous aurons terminé les célébrations du nouvel an et que la vie aura repris son cours normal, chacun vaquant à son travail, pensons tous à la Guinée à ce qu’elle mérite de chacun de nous, le patriotisme, l’excellence et l’intégrité, retroussons nos manches et travaillons à sa grandeur et pour son honneur. Travaillons pour en faire un véritable havre de paix, de liberté et de prospérité pour tous. Et quand viendra le moment de penser, de dire ou de faire, tous tant que nous sommes, qu’on se souvienne alors des sagesses éternelles de Montaigne : « la force et la violence peuvent quelque chose mais pas toujours tout ».

Bonne année et heureuse 2024 !

Vive la République !

Vive la Guinée ! 

Que Dieu bénisse la Guinée et les Guinéens ! 

Aboubacar SYLLA 

Président de l’UFC

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