Variole du singe : La Guinée face à l’épreuve d’une épidémie silencieuse (comprendre, prévenir et répondre à une menace virale croissante) [Par Dr Karamo Kaba]

il y a 12 heures 68
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I- Etats de lieu : La croissance exponentielle des virus ( Ebola, Covid-19, Mpox, VH…) dans le monde est aujourd’hui influencée par une combinaison importante de facteurs biologiques, sociaux et environnementaux.

Une compréhension approfondie et précise de ces éléments cités est nécessaire pour l’élaboration de stratégies efficaces de prévention et de contrôle.

Après le coronavirus, l’humanité fait face à un autre virus : la variole du singe, ou Monkeypox, également appelée Mpox.

Il s’agit d’une maladie zoonotique émergente, autrefois limitée aux animaux, principalement les rongeurs en Afrique et qui circule désormais chez l’homme.

Le Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (Africa CDC) l’a déclarée urgence de santé publique de portée continentale depuis 2024.

La Mpox se présente comme une forme atténuée de la variole humaine, avec des symptômes moins graves et un taux de létalité plus faible.

II- Origine du virus : Le virus Mpox a été isolé pour la première fois en 1958 au Danemark, au sein d’une colonie de singes présentant des lésions cutanées similaires à celles de la variole humaine.

C’est de là que vient le nom variole du singe. Toutefois, il est important de souligner que la transmission à l’humain ne se fait pas par les singes, mais par les rongeurs, comme nous le verrons dans la section dédiée à la transmission.

On distingue deux principaux clades (ou lignées génétiques) du virus Mpox :
-Clade 1 : prévalent dans le bassin du Congo, en Afrique centrale.
-Clade 2 : retrouvé principalement en Afrique de l’Ouest.

III- Symptomatologie et modes de transmission :

La transmission du virus Mpox peut se faire :
-par contact direct avec des animaux infectés,
-par contact avec des lésions cutanées ou des fluides biologiques humains,
-de façon indirecte, via des objets ou surfaces contaminés (literie, vêtements, etc.),
-potentiellement, par les gouttelettes respiratoires d’une personne infectée.

Les symptômes incluent la fièvre, les douleurs, les éruptions cutanées évoluant en macules, papules puis vésicules, ainsi qu’un prurit parfois intense.

IV. Épidémiologie : Selon Africa CDC, plusieurs décès ont été rapportés dans au moins 12 pays africains.

-En Sierra Leone, plus de 4 000 cas confirmés et 25 décès ont été enregistrés.
-En Guinée, 18 cas ont été officiellement recensés dans plusieurs villes de l’intérieur, selon l’ANSS.
-En République Démocratique du Congo (RDC), depuis 2024, 79 579 cas suspects de Mpox ont été signalés, avec 1 549 décès.
-En Côte d’Ivoire, le nombre de cas est également en forte augmentation.

V- Traitement (formes simples, traitement symptomatique) :

-Fièvre : Paracétamol, 60 mg/kg/jour en 3 à 4 prises par voie orale pendant 2 jours, à prolonger en cas de persistance.
-Douleurs Légères : Paracétamol (même posologie que ci-dessus).

-Douleurs Modérées ou sévères :
Tramadol, 2 mg/kg en 4 prises.
-Lésions cutanées (macules, papules, vésicules) : Nettoyage avec de l’eau et un savon antiseptique.
-Prurit : Loratadine, 10 mg par voie orale, une fois par jour.

VI- Prévention : Les vaccins contre la variole classique offrent une protection d’environ 80 % contre le virus Mpox, ce qui en fait un levier crucial de lutte contre l’épidémie.

Autres mesures préventives :

-Prévention des surinfections : Mise sous moustiquaire imprégnée, nettoyée tous les 3 jours.
Érythromycine (IV/IM) : 30–40 mg/kg/jour en 2 prises pendant 5 jours.
Atteintes oculaires : Rétinol, PO les jours 1 et 2.

-Prévention de la déshydratation :
Hydratation régulière du patient.
-Prévention de la malnutrition : Allaitement exclusif si possible, alimentation fractionnée toutes les 2 à 3 heures, enrichissement de la ration alimentaire dès le retour de l’appétit avec des aliments riches en nutriments et faciles à digérer.

VII- Je propose des Recommandations suivantes pour en faire face avec beaucoup d’assurance :

-Renforcer les infrastructures sanitaires : Améliorer les hôpitaux, cliniques et laboratoires en dispositifs médicaux et réactifs.

-Former les professionnels de santé en prévention et sensibiliser les communautés locales sur les mesures barrières.

-Assurer l’accès équitable aux vaccins, via le transfert de compétences et l’approvisionnement adéquat.

-Mettre en place des systèmes de surveillance efficaces, afin de détecter précocement les foyers épidémiques avec une bonne politique de communication scientifique.

-Améliorer les conditions de vie des citoyens vivant dans les zones rurales en réduisant les inégalités sociales de santé : Accès à l’eau potable, hygiène, logement salubre.

-Élaborer des programmes de prévention et de traitement adaptés et exécutés par des professionnels de santé en partenariat avec les ONG médicales, notamment pour les populations vulnérables.

-Renforcer la gouvernance sanitaire : Instaurer des politiques de santé publique robustes et inclusives pour mieux anticiper et gérer les crises sanitaires.

VIII – Conclusion : La lutte contre la Mpox est un défi de santé publique qui appelle une approche multidisciplinaire et coordonnée en ce moment.

Notre pays, en raison de notre proximité géographique avec des pays touchés comme le Libéria et la Sierra Leone, doit maintenir une vigilance constante et approfondie.

Il est fondamental de renforcer nos capacités nationales, en collaboration avec tous les acteurs du système de santé ( ONG, Associations, Institutions internationales, l’Etat…), afin d’assurer une prévention efficace et une réponse adaptée à cette menace épidémiologique.


Dr. Karamo Kaba
, spécialiste en santé publique et prévention

Auteur des livres :
« Au Prix de la Vocation 2025 »
« Les Secrets du Couple 2021 »
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