Une victime du 28 septembre demande protection : «si Dadis est libéré, Toumba doit l’être aussi, car il était malade»

il y a 2 jours 106
PLACEZ VOS PRODUITS ICI

CONTACTEZ [email protected]

Condamné à 20 ans d’emprisonnement dans l’affaire des massacres du 28 septembre 2009, l’ex-président de la junte, Moussa Dadis Camara, a été gracié ce 27 mars 2025 par le président de la transition, le colonel Mamadi Doumbouya.

Figurant parmi la centaine de victimes, Fatoumata Barry estime que cette affaire a pris une dimension politique. Pour elle, ce décret, justifié par l’état de santé de l’ex-président, est une pilule difficile à avaler.
« En tant que victime, nous avons tous entendu le décret de réparation pour les victimes. L’État aurait dû d’abord prendre des mesures de protection et de sécurité pour toutes les victimes, et procéder aux réparations avant de gracier Dadis. Mais nous savons pertinemment pourquoi l’État a agi ainsi. Nous connaissons la situation du pays. Et si Dadis est gracié aujourd’hui dans le but de s’assurer un soutien pour les élections présidentielles, alors ils ont pris une décision que nous n’attendions pas. Aujourd’hui, ce que nous demandons, c’est que si Dadis est gracié, tout le monde le soit. Ils ont parlé de réconciliation nationale, de justice sociale, afin d’éviter que la même histoire ne se répète dans notre pays. Nous voulons que Mamadi Doumbouya soit prudent, qu’il assume ses responsabilités et qu’il garde le destin de la Guinée entre ses mains. Aujourd’hui, des politiciens ont quitté leurs partis politiques pour pousser Mamadi Doumbouya à gracier Dadis, en lui disant : « La forêt sera à toi, pour rassembler les gens ». Nous ne sommes pas d’accord avec cela. En tant que victime, ce que je dis, ce n’est pas Dadis que l’on a condamné, c’est l’État, car nous avons réagi. C’est l’État qui a causé du tort, c’est l’État qui doit réparer. Ce sont les citoyens qui doivent voter pour un président, et non des clans qui se réunissent pour s’approprier le pays. Cela ne peut pas fonctionner. Il faut arrêter cette manipulation politique en Guinée. Le dossier du 28 septembre ne doit pas être politisé. C’est un dossier très sensible. Imaginez, il y a eu des morts, et certains corps n’ont toujours pas été retrouvés. Et nous, nous subissons encore des séquelles. Entendre que « Dadis a été gracié », c’est clairement un acte politique. Mais nous attendons. Et chacun doit prendre ses responsabilités dans ce pays. Nous ne sommes contre personne, nous ne sommes contre aucun individu. Mais nous sommes contre un système », a déclaré Fatoumata Barry.

Cette victime demande une protection par crainte de représailles

« Nous nous sentons en danger. Récemment, des jeunes ont tenté de s’en prendre à moi lorsque j’ai apporté des pancartes avec les photos de Dadis. Une dame m’a éloignée de ces personnes. Sinon, cela aurait pu mal tourner. Nous avons demandé une protection depuis le verdict, pour assurer la sécurité des victimes. Nous connaissons la situation du pays, et tout peut arriver un jour. Il peut y avoir des raisons politiques. »
Pour elle, cette décision relève de la manipulation politique, et les raisons de santé invoquées dans le décret présidentiel ne tiennent pas. Elle estime qu’il est temps que le pouvoir actuel tire les leçons du régime de Dadis.
« Aujourd’hui, Mamadi Doumbouya veut se présenter aux élections, et ce ne sont pas ses propres mots, mais ceux de son entourage. Et un jour, s’il y a des responsabilités à assumer, ce sera pour ceux qui l’entourent. C’est pourquoi nous avons insisté pour incriminer l’État. Car Mamadi n’agit pas seul. Aujourd’hui, il y a des gens autour de lui qui le poussent. C’est ce que nous ne voulons pas. Personnellement, je ne suis pas contre Mamadi Doumbouya, ni contre Dadis. Mais je suis contre la corruption, l’injustice, contre toutes formes de problèmes ethniques dans ce pays. Qu’ils pensent à la Guinée, à notre nation, qu’ils organisent les élections. S’ils parlent de réconciliation, même les Kassory (ex-Premier ministre) sont malades, on a enlevé les Fonke-Manguè, Bilo Bah, Aliou Bah est en prison, Damaro est malade, il y a les opposants, la CRIEF […] ».
Dans un souci de réconciliation nationale, cette victime du 28 septembre demande également au président de gracier les autres détenus, en privilégiant l’inclusion.
« Il faut réconcilier tout le monde et rassembler tout le monde autour de la table pour parler de la Guinée. Si Dadis est libéré, Toumba doit l’être aussi. On dit gracier Dadis pour des raisons de santé, mais Toumba était malade, il est le premier à être revenu en Guinée. Nous savons qu’il y a une manipulation. Doumbouya a clairement dit que ni lui, ni aucun membre du CNRD ne se présenterait aux élections, mais si on le pousse à gracier Dadis pour gagner des soutiens, il se trompe », a-t-elle déclaré, ajoutant que  «les Guinéens doivent changer de mentalité. Il faut refuser cette manipulation. »
Mayi Cissé
623625365

L’article Une victime du 28 septembre demande protection : «si Dadis est libéré, Toumba doit l’être aussi, car il était malade» est apparu en premier sur Mediaguinee.com.

Lire l'article en entier