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Dans le cadre de la Semaine de la Francophonie, une conférence-débat a réuni ce jeudi, 20 mars 2025, des acteurs culturels guinéens au CCFG (Centre Culturel Franco-Guinéen). Organisée par les acteurs dudit centre, les éditions Ganndal, l’IRPLA et le Service national de l’alphabétisation du Ministère de l’Enseignement Pré-Universitaire et de l’Alphabétisation (MEPUA), il a été question d’échanger autour de la valorisation des langues nationales, avec un accent particulier sur leur réintégration dans le cursus scolaire, à l’instar du modèle éducatif du passé, afin de préserver et promouvoir le patrimoine linguistique guinéen.
Les débats ont porté sur le thème : » Écrire en français et dans les langues nationales: comment franchir les frontières? ». Prenant part à cet échange, le linguiste et président de l’Organisation guinéenne pour la culture et la francophonie, Aguibou Sow, a ouvert les débats en rappel que le français, bien qu’étant une langue officielle et partagée par les Guinéens, doit être accompagné de la valorisation des langues nationales.
« Le français, tout comme nos langues locales, fait partie de notre patrimoine. Depuis 1912, il est ancré dans notre culture, mais il est primordial de ne pas oublier nos langues qui sont le vecteur de notre identité », a-t-il souligné. Il a ajouté que l’apprentissage des langues nationales est essentiel avant même d’envisager leur écriture, précisant que « pour pouvoir écrire dans sa langue, il faut d’abord l’apprendre », a-t-il affirmé.
Les jeunes écrivains présents ont exprimé leurs difficultés à écrire dans leurs langues locales, soulignant la complexité de l’enseignement bilingue. Aguibou Sow a expliqué que l’une des causes principales réside dans le fait que les enfants ne sont pas formés dans leurs langues maternelles dès le départ, ce qui complique leur maîtrise. « Il est nécessaire que les jeunes apprennent d’abord dans leur langue avant de pouvoir l’écrire », a-t-il insisté. Pour cela, il a appelé à un engagement fort de l’État, des institutions et de la société civile pour promouvoir l’enseignement des langues nationales et leur inclusion dans le cursus scolaire. Il a également salué les initiatives récentes, comme les journaux en langues locales qui paraissent à la primature.
Pour répondre à cette attente, les autorités ont ainsi été appelées à prendre des mesures concrètes. C’est dans ce contexte que le Directeur Général de l’institut de Recherche et de Patrimoine en Linguistique Appliquée, a indiqué que les langues constituent les meilleurs vecteurs d’une culture donnée. Il a également enseigné que toute la culture, matérielle et immatérielle, n’a pas de sens sans les langues qui véhiculent l’identité et les valeurs d’un pays.
« Nous faisons des recherches, nous faisons des publications et nous participons avec des partenaires comme le CCFG, les éditions Gandal et les 72 heures du livre pour faire la promotion des langues nationales, pour que les communautés de ces langues-là puissent mieux les apprendre, mieux les transmettre, parce qu’on constate que nous parlons beaucoup plus les langues étrangères que nos langues à nous-mêmes. Donc pour que cela puisse être corrigé, mais aussi que les communautés guinéennes qui sont à l’extérieur du pays, qui ont eu des enfants là-bas et qui donc puissent aussi amener avec les publications, apprendre les enfants à lire et à écrire dans nos langues nationales. Donc c’est une manière de les préserver », a-t-il dit, avant de poursuivre :
« Sur le plan scolaire, vous savez que la Guinée avait connu un système où on étudiait en langue nationale et ça a été abrogé à un moment donné. Donc les démarches sont en cours pour qu’aujourd’hui, même si ce n’est pas de faire des cours sur toutes les matières en langue nationale, mais qu’il y ait au moins une discipline, une unité de langue nationale selon la région où on est, qu’on puisse apprendre à nos enfants nos langues et que ça soit vraiment inscrit dans le programme. Et, vous savez que la Constitution a été traduite dans les langues nationales et beaucoup de livres ont été traduits en langue nationale. Je pense qu’il y a les prédispositions pour que cela puisse arriver dans les prochaines années », a espéré M. Baldé.
Autres recommandations, c’est faire en sorte que les écrivains expérimentent des formes d’écriture hybride, intégrant le français et les langues nationales ;
Aux enseignants de pouvoir jouer un rôle clé dans la transmission et la valorisation de l’écrit bilingue;
Aux institutions (ministères, académies de langues) de soutenir la production et la diffusion de contenus dans les langues nationales.
Sâa Robert Koundouno
L’article Survie des langues nationales : l’appel aux autorités pour leur réintégration dans le système éducatif guinéen est apparu en premier sur Mediaguinee.com.