Souleymane Bah, CERAG : “Cellou Dalein Diallo m’a appelé et m’a dit”

il y a 3 heures 14
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Dans cette interview à Guinee360.com, le nouveau secrétaire fédéral du Cercle des amis de Gaoual (CERAG-UFDG France) revient sur son élection et les plaintes déposées contre ses agresseurs lors du congrès du CERAG, tenu à Paris le 9 novembre dernier. Souleymane Bah évoque également les tensions au sein du parti, le prochain congrès, sa relation avec Cellou Dalein Diallo, ainsi que l’annonce des Forces vives concernant l’installation d’un nouveau gouvernement civil à compter du 31 décembre 2024. Lisez.

Guinee360.com : Vous avez été installé comme secrétaire fédéral du CERAG-UFDG France dans un contexte particulier, puisqu’un autre membre de l’UFDG, en l’occurrence Elhadj Hafiziou Bah, a également été installé il y a quelques mois. Qui de vous deux est légalement reconnu ?

Souleymane Bah : Étant membre fondateur de la première fédération du parti créée en 2007 en France, je fais partie des rescapés et des plus anciens de l’UFDG d’ici. Mon expérience, mon sens du dialogue et ma capacité à rassembler des acteurs, tant de la société civile que d’autres partis politiques de l’ANAD et au-delà, ont joué en ma faveur. Concernant la reconnaissance sur le terrain politique, il faut noter qu’il existe deux courants : l’UFDG, le parti, et le CERAG, qui est un mouvement de soutien à Ousmane Gaoual Diallo pour la reconquête non seulement de l’UFDG, mais aussi pour faire respecter les textes du parti. L’accumulation d’exclusions inutiles a poussé des militants à se regrouper autour de ce mouvement pour proposer une nouvelle vision au sein de l’UFDG.

Votre installation a été le théâtre d’affrontements entre vos soutiens et ceux qui défendent la légitimité de Cellou Dalein et se sont soldés par des blessés dont vous-même. Où en est la plainte que vous aviez annoncée?

Avant cela, des avertissements avaient été émis. Des plaintes avaient été déposées par certains camarades à cause des violences répétées de l’autre camp. Le CERAG n’est pas un groupe violent, ce qui a été démontré sur le terrain. Nous nous sommes réunis en amis dans une salle pour organiser notre congrès, mais c’est nous qui avons été agressés. Ces violences ont eu lieu dans une halle, pas sur la voie publique. Les agresseurs n’étaient pas invités, mais ils ont senti que le vent tournait peut-être en notre faveur, ce qui a provoqué leur mécontentement. Lors des échauffourées, j’ai été blessé. Heureusement, la police est intervenue pour rétablir l’ordre, et le congrès a pu se tenir. Concernant les plaintes, elles ont été déposées à plusieurs reprises, mais je ne commenterai pas la décision de la justice, car cela ne relève pas de moi.

Avec l’arrivée du CERAG, la page de Cellou Dalein est-elle tournée, ou une réconciliation est-elle possible ?

Les deux options sont possibles. Et je tiens à préciser que je n’ai aucun problème avec Cellou Dalein. Quelques jours après avoir reçu le courrier d’exclusion ou de radiation provisoire, il m’a appelé à ce sujet. Il m’a dit qu’il ne me reprochait rien. Quand je lui ai demandé l’origine de ce courrier, il a répondu que cela venait peut-être de l’un de ses vice-présidents. J’ai ensuite contacté Kalémou Yansané, vice-président chargé des questions politiques, qui m’a dit : « Je vais te rappeler plus tard, mais sache que je n’ai pas validé cette décision. » Cela montre qu’une fenêtre de dialogue existe, même si des tensions ont émergé. À l’UFDG, comme dans d’autres partis politiques, il y a toujours des courants, et ce n’est pas nouveau. Il est important que les militants comprennent que défendre les textes du parti n’est pas aller contre Cellou Dalein, mais travailler pour la justice et le renforcement de l’UFDG.

Après l’installation de plusieurs secrétaires fédéraux du CERAG, à quand le congrès du parti ?

Nous finalisons les installations dans certaines zones, notamment à N’Zérékoré et sur une partie de la Basse-Côte. Ces fédérations seront complétées la semaine prochaine, avec le retour du président Lamarana Pety). Ensuite, nous nous projetterons pour organiser notre congrès en janvier 2025.

Avec la présence de Cellou Dalein Diallo ?

Nous discuterons avec lui pour voir s’il est possible de trouver un terrain d’entente. Une commission adhoc pourrait être mise en place pour discuter ensemble de la faisabilité. S’il accepte, tant mieux. Sinon, ce n’est pas grave, le congrès se tiendra en janvier 2025.

En tant que membre du gouvernement, Ousmane Gaoual Diallo peut-il assumer ses responsabilités à la tête du parti au cas où une élection serait organisée actuellement ?

On ne sait pas encore qui seront les candidats potentiels. Nous sommes actuellement en phase d’installation des fédérations et des structures. Il est possible qu’il y ait d’autres candidatures qui pourraient bousculer le calendrier d’Ousmane. Si Ousmane se déclare candidat, il ne sera pas seul. D’autres candidatures, de poids, pourraient émerger et venir défier Ousmane.

Vous en personne, serez-vous candidat ?

Je ne sais pas encore. Je suis en phase de réflexion, mais pourquoi pas. En tout cas, les portes ne sont pas fermées (rire).

Est-ce que le CERAG-UFDG est prêt à s’associer avec les autres formations politiques pour présenter une candidature unique afin de barrer la route au président Doumbouya ou bien le soutenir ?

Cette question est prématurée, car actuellement, il n’y a pas de nouvelle direction installée à l’UFDG. La future direction nationale définira les contours de la candidature qui représentera l’UFDG aux élections à venir.

Vous dites que le CERAG ne soutient pas le CNRD, mais soutient un membre du gouvernement nommé par le CNRD. Ne voyez-vous pas une incohérence ?

Il n’y a pas d’incohérence. Le CERAG est un mouvement de soutien, parmi d’autres. Le CERAG ne soutient pas le CNRD. Ousmane ne fait pas partie du bureau du CERAG. Ousmane est en dehors du cadre. Il ne fait pas partie de la direction nationale du CERAG. Il a été rétabli dans ses droits par la justice guinéenne, donc il est membre à part entière de l’UFDG. Si vous voulez changer les choses, il faut être à l’intérieur et participer aux débats d’idées internes. Vous ne pouvez pas changer les choses en étant à l’extérieur.

Que répondez-vous à ceux qui estiment que soutenir Ousmane Gaoual, c’est soutenir de facto le chef de la junte au pouvoir?

Non, c’est pour diaboliser Ousmane. C’est de bonne guerre. Ousmane ne fait pas partie du CNRD. Il fait partie du gouvernement dirigé par Bah Oury. Il faut dissocier le CNRD du gouvernement.

L’UFDG fait partie des formations politiques qui ne sont pas en règle et reste en observation pour une période de trois mois. Pensez-vous pouvoir vous mettre en règle avec l’expiration du délai ?

C’est une véritable inquiétude. Au lieu de nous asseoir et discuter pour trouver les solutions aux sept points que le ministre de l’Administration du territoire nous a assignés, nous nous battons entre nous alors que le temps nous est compté pour corriger ce qui doit l’être. Je pense qu’il y a un cercle. Soit la direction nationale regarde la vérité en face et essaie de corriger ce qui est demandé, et l’UFDG pourra continuer de vivre, sinon nous continuerons à nous battre entre nous, et le ministre de l’Administration du territoire, à la date d’échéance, prendra une décision qui sera terrifiante pour tous les militants.

Le 31 décembre 2024, les forces vives ont promis d’installer un gouvernement civil en Guinée. Partagez-vous cet avis ?

Je partagerai cet avis si, et seulement si, au sein même des partis politiques ou des forces vives, nous arrivons à respecter nos engagements vis-à-vis de nos militants et du peuple de Guinée. Ces engagements, c’est le respect de nos textes. Ces forces vives ont le droit de manifester, de dire que les délais ne sont pas respectés. Mais la décision la plus sage pour éviter des tueries inutiles serait de discuter et de dialoguer avec le CNRD et le gouvernement afin de trouver une issue favorable.

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