Simembossia (Conakry) : les populations entre inondations et menaces de déguerpissement forcé

Dans le quartier de Simembossia, situé dans la commune de Lambanyi à Conakry, plusieurs familles vivent un véritable cauchemar. À la crainte des inondations meurtrières s’ajoute désormais la peur d’être expulsées et de voir leurs maisons démolies. Pris en étau entre les forces de la nature et les décisions administratives, ces habitants, souvent démunis, lancent un cri du cœur aux autorités, a constaté Guineematin.com ce mercredi, 7 août 2025 à travers un de ses reporters.

Depuis le début de la semaine, Simembossia est en alerte permanente. Les pluies diluviennes qui s’abattent sur la capitale guinéenne ont transformé la rivière traversant le quartier en un torrent dévastateur. Des habitations entières, construites en bordure du cours d’eau, sont envahies par les eaux. Les dégâts sont considérables : murs effondrés, toitures arrachées, effets personnels emportés. Des pertes en vies humaines ainsi que des personnes portées disparues ont également été enregistrées. Mais au-delà des pertes matérielles, c’est l’insécurité, la peur quotidienne, qui mine les familles.

Comme si cela ne suffisait pas, une autre menace plane désormais sur elles : celle des bulldozers. En effet, les services de l’habitat ont entrepris de marquer d’une croix les habitations jugées illégalement construites, en vue de leur démolition prochaine. Aucune communication officielle préalable, aucun plan de relogement n’est pour le moment fait. Juste des marques rouges, posées sur des murs déjà fragilisés par les eaux sont visibles. Hadja Aminata Doumbouya, l’une des victimes, peine à cacher son désarroi.

« Nous avons vu des gens venir cocher nos bâtiments. Au préalable, rien ne nous a été dit à ce sujet. Quand ils sont venus, ils nous ont dit qu’ils vont cocher tous les bâtiments se trouvant au bord de la rivière. Et après qu’ils aient fini de cocher nos bâtiments, ils ne nous ont plus rien dit. Ce que nous avons à dire aux autorités, c’est de voir dans quelle mesure ils peuvent nous aider. À cet instant-ci, nous ne savons plus quoi faire. On s’en remet à Dieu », a-t-elle dit avec beaucoup d’émotions.

Les propos de Hadja Aminata Doumbouya traduisent une réalité douloureuse : celle de plusieurs dizaines de familles guinéennes qui, faute de mieux, ont bâti leurs vies dans des zones à risque, en l’absence de véritable politique d’aménagement urbain et de logements accessibles.

Aujourd’hui, elles se retrouvent à la merci d’une double peine : les caprices de la nature et les velléités d’une administration déterminée à affirmer son autorité. Cependant, ces familles demandent non pas de l’impunité, mais de la compréhension, de l’accompagnement, et surtout de l’humanité.

Il revient désormais aux autorités compétentes de concilier rigueur et compassion, loi et solidarité. Car, au-delà des murs à démolir, ce sont des vies qu’il faut préserver.

Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

Tel : 622919225

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