Aquarelles en dialogue : quand l’art russe et guinéen se rencontrent au Musée national de Sandervalia

Le Musée national de Guinée a servi de cadre, le 15 décembre 2025, à l’inauguration de l’exposition “Aquarelles en dialogue : Russie – Guinée“. Il s’agit d’une rencontre artistique forte en symboles, née d’ateliers organisés en novembre 2025 à Dubréka et à Conakry. Soutenue par l’ambassade de la Fédération de Russie en Guinée, cette initiative illustre la vitalité de la coopération culturelle entre les deux pays et met en lumière le pouvoir rassembleur de l’art, a appris sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Fruit d’un travail collaboratif entre artistes guinéens et formateurs russes, l’exposition est le résultat d’un processus d’apprentissage et de création conduit sous la direction d’Alexey Pisarenko, enseignant à l’Académie d’Aquarelle et des beaux-arts Sergueï Andriaka. Étudiants de l’Institut supérieur des arts Mory Kanté (ISAMK) de Dubréka et artistes professionnels ont ainsi exploré la technique de l’aquarelle en couches superposées, ouvrant de nouvelles perspectives esthétiques et créatives.

Dans son discours d’ouverture, l’Ambassadeur de Russie en Guinée, S.E.M. Alexey V. Popov, a souligné la portée universelle de l’art et son rôle central dans le rapprochement des nations, rappelant également les avancées institutionnelles récentes en matière de coopération culturelle entre Conakry et Moscou.

Alexey V. Popov, ambassadeur de Russie en Guinée

« L’art est un langage qui n’a pas besoin de traduction ; il nous aide à comprendre l’âme de l’autre malgré les distances et les différences. Aujourd’hui, certains tentent d’“annuler” la culture russe, mais l’art authentique ne peut être annulé : il vit partout où les gens sont prêts à s’écouter et à se comprendre ».

Le diplomate a, par ailleurs, évoqué la signature en 2023 d’un mémorandum d’entente entre les ministères de la Culture des deux pays, document que l’Ambassade s’emploie à traduire en actions concrètes. En 2025, cette dynamique s’est notamment matérialisée par la conclusion d’accords de coopération entre le Musée national de Guinée et deux grandes institutions russes : le Musée d’État de l’Ermitage et le Musée d’État des Arts des Peuples d’Orient.

La cérémonie d’ouverture a réuni des représentants du Ministère de la Culture et des Métiers d’art, du Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, la Direction générale du Musée national, les responsables et étudiants de l’Institut supérieur des arts Mory Kanté de Dubréka ainsi qu’un large public d’artistes et d’amateurs d’art guinéens et russes. Une forte mobilisation qui témoigne de l’intérêt croissant pour les échanges artistiques russo-guinéens et l’enrichissement mutuel des écoles picturales.

L’exposition s’inscrit ainsi dans la volonté affichée de l’Ambassade de Russie de soutenir durablement les initiatives culturelles conjointes, les programmes de formation et les projets artistiques favorisant le rapprochement entre les deux pays.

Prenant la parole, le directeur général du Musée national de Guinée, Amirou Conté, a exprimé sa fierté d’accueillir cette exposition, tout en retraçant les étapes ayant conduit à ce partenariat culturel structurant.

Amirou Conté, directeur général du musée national de Guinée

« C’est un honneur pour le Musée national de Guinée de recevoir l’exposition intitulée “Aquarelles en dialogue, Russie–Guinée”. Le thème est évocateur, parce qu’un professeur russe à Saint-Jomé, en Guinée, a organisé un atelier avec des artistes guinéens. Le fruit de cet atelier, c’est ce que nous voyons ce soir, ici, exposé au Musée national de Guinée. Cela s’inscrit dans le cadre du renforcement des relations entre la Fédération de Russie et la République de Guinée, suite à la signature de deux conventions en Russie entre le Musée de l’Orient de Montréal et le Musée de l’Orient de Guinée, ainsi qu’avec le Musée d’État de l’Hermitage de Saint-Pétersbourg. Cela renforce les relations. Pour la petite histoire, quand j’ai pris fonction ici, au Musée national de Guinée, en janvier 2025, j’ai contacté des partenaires potentiels. L’un des premiers à répondre à notre sollicitation a été l’ambassadeur de la Fédération de Russie en Guinée. Mais ça ne s’est pas arrêté là. Quand nous avons fini les échanges, j’ai compris que l’ambassade activait une machine, une machine de renforcement de la coopération culturelle entre la Guinée et la Fédération de Russie. Quelques temps après, j’ai assisté à une visioconférence avec le Musée de l’Orient. Et au cours de cette visioconférence, il a été décidé de m’inviter à Saint-Pétersbourg pour assister au 11ᵉ Forum international des cultures unies. J’avais entendu parler de ce forum, mais c’est lorsque je suis arrivé à Saint-Pétersbourg que j’ai compris que c’est une grosse machine. Une grosse machine, avec plusieurs participants venus de plusieurs pays : des ministres africains, des ministres d’Asie, présents à ce forum. Nous avons continué à discuter avec le Musée de l’Orient et nous avons rencontré le directeur du Musée de l’Ermitage, un homme sage, un intellectuel accompli. L’idée de la signature d’une convention est venue de ce grand monsieur. Et, patiemment, nous avons travaillé jusqu’à ce que la convention soit finalisée. Nous avons accepté l’aide du Musée de l’Ermitage et du Musée national de Guinée. C’est ce qui a valu ma présence en Russie du 5 au 11 décembre 2021», a déclaré Amirou Conté.

En outre, Amirou Conté a insisté sur le caractère historique de cette exposition pour l’institution muséale. « Que des Guinéens et des Russes s’associent pour créer une exposition d’aquarelles, c’est vraiment passionnant. Le musée a accepté de collaborer à cette expérience. Et pour la première fois, depuis la rénovation du musée qui n’est pas encore achevée, c’est la première exposition que ce nouveau bâtiment accueille. Nous en sommes fiers. Et que cela se fasse dans le cadre de la coopération culturelle entre la Guinée et la Fédération de Russie, tant mieux. J’espère que c’est une très bonne chose et que nous allons continuer à collaborer ensemble. Je souhaite la bienvenue à chacune et à chacun ».

Au nom des artistes, Mohamed Aly Diallo, peintre et membre de l’Association Guinée Art Contemporain, a mis en avant la portée symbolique et humaine de cette exposition collective.

Mohamed Aly Diallo, peintre et membre de l’association de Guinée Art contemporain

« À travers cette exposition, nous avons voulu montrer, chacun en ce qui le concerne, l’immensité de notre talent, car c’est un métissage où s’imbriquent des artistes de différentes tendances, tous unis pour célébrer l’art à travers l’aquarelle. Le thème “Aquarelles en dialogue”, comme l’a dit M. le directeur, est très évocateur, dans la mesure où l’art est lui-même évocateur. L’art est un vecteur de sens entre les peuples, mais aussi entre les hommes. Imaginez un client qui achète le tableau d’un artiste : il entre dans l’intimité de l’artiste. Quand le tableau est présent chez lui, sur son mur, chaque matin ou en fin de journée, lorsqu’il le regarde, il pense à l’artiste. Pour nous, c’est un grand honneur, mais aussi une grande responsabilité, car cela nous pousse à travailler davantage pour mériter le bonheur de l’art et la confiance des gens qui nous aiment. Nous vous remercions donc très, très sincèrement. Monsieur le Directeur, nous vous remercions également de nous avoir donné l’occasion d’être les premiers artistes à exposer dans vos locaux. Nous espérons que ce ne sera pas la dernière fois, et que cela continuera sous d’autres formes, à travers d’autres collaborations, pour célébrer l’art et honorer les artistes. Merci au professeur russe qui est venu nous enseigner une nouvelle technique. Nous sommes habitués à travailler à l’horizontale, mais il nous a montré une autre approche, qui nous rappelle que l’apprentissage est un processus continu tout au long de la vie pour celui qui veut progresser. Et nous allons progresser grâce à ce que nous avons appris », a-t-il indiqué.

Représentant l’ISAMK de Dubréka, Ibrahima Thiam a souligné la richesse pédagogique et symbolique de l’aquarelle dans ce dialogue interculturel.

« Bienvenue à ce vernissage placé sous le signe de l’aquarelle, une technique de légèreté et de transparence qui devient aujourd’hui un véritable pont artistique entre la Russie et la Guinée. À travers l’eau et la couleur, l’aquarelle nous apprend la maîtrise du geste et l’acceptation du hasard. Elle réunit la rigueur et la finesse de la tradition russe avec la chaleur, la lumière et la vitalité des paysages guinéens. Deux sensibilités, deux cultures, mais un même langage visuel. Cette exposition témoigne d’un dialogue créatif où les regards se croisent, s’enrichissent et se refondent. Elle montre que l’art dépasse les frontières et rapproche les peuples par l’émotion et le partage. Je vous souhaite une belle découverte des œuvres et un excellent verre de vernissage ».

Présent à la cérémonie, Thierno Souleymane Diallo, ambassadeur des pays du BRICS, a salué la solidité des relations russo-guinéennes et appelé à leur approfondissement, notamment dans le domaine culturel.

Thierno Souleymane Diallo, Ambassadeur Pays de BRICS

« La Russie a été présente dès les premières heures pour accompagner notre pays. Aujourd’hui, dans le domaine culturel, qui n’est pas seulement économique, je crois que c’est salutaire. Ce que nous devons faire, c’est tout mettre en œuvre pour renforcer cette coopération. Dans la coopération bilatérale entre la Russie et la Guinée, il s’agit d’un partenariat gagnant-gagnant, non basé sur des impositions, et qui nous permet d’évoluer et d’avancer dans plusieurs domaines. Nous saluons donc cette exposition, surtout cette première exposition d’aquarelles organisée dans ce musée national de la République de Guinée. Elle va créer un véritable jumelage entre les cultures des deux États et nous permettra d’apprendre des choses que nous ne connaissions pas.
La force de la Russie réside dans la valorisation de sa culture. C’est un peuple qui, à l’image de la Guinée avec ses régions naturelles, accorde une grande importance à son patrimoine. Imaginez un professeur venu de Russie pour former nos artistes pendant une semaine et parvenir à organiser cette exposition : c’est un exploit. Nous devons continuer à travailler avec la Russie. Cela nous ouvrira des perspectives et nous permettra de tracer un chemin solide dans ce domaine », a-t-il laissé entendre.

Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

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