Hadja Makalé Camara du FAN en campagne à Kankan : « ce n’est pas parce qu’on est une femme qu’on doit tenir la queue »

Le quartier Météo de Kankan a servi de cadre, ce lundi 15 décembre, à un important rassemblement politique en faveur de Hadja Makalé Camara, présidente du Front pour l’Alliance Nationale (FAN), dans le cadre de la campagne présidentielle du 28 décembre prochain.

Militants, sympathisants et une foule largement composée de femmes ont réservé un accueil enthousiaste à la seule femme candidate parmi les neuf prétendants en lice.

Dans une atmosphère marquée par une forte ferveur populaire, la candidate du FAN a entamé son intervention par un hommage appuyé à la ville de Kankan et à sa population.

« Kankan est une grande ville de la Guinée, une ville de grande population, de grande résolution et profondément religieuse », a-t-elle déclaré, avant d’exprimer son attachement particulier à la capitale de la Haute-Guinée.

Évoquant un épisode marquant de l’histoire sociale et symbolique entre notables de différentes régions du pays, Makalé Camara a rappelé un serment ancien liant la Haute et la Basse-Guinée.

« Je me sens chez moi ici. Je me rappelle quand nous sommes venues pour la Mamaya de Kankan : il y a eu un engagement entre deux aïeux, deux notables, deux ancêtres », a-t-elle expliqué, avant de poursuivre :

« Quand j’arrive à Kankan, je suis comme un poisson dans l’eau. »

Saluant la forte mobilisation observée lors du meeting, elle y a vu un message clair : « Vous avez fait une démonstration de force cet après-midi pour m’accueillir et me dire que je suis chez moi », a-t-elle affirmé sous les applaudissements nourris de ses partisans.

Au cœur de son discours, la paix et le vivre-ensemble ont occupé une place centrale. Pour la candidate du FAN, la Guinée doit rester une nation soudée.

« Ce qui est important pour notre pays, c’est que les populations soient imbriquées, connectées, qu’elles se sentent ensemble, parce que la Guinée est une famille », a-t-elle insisté, rappelant que « Kankan, Dubréka, Mali ou Nzérékoré, c’est la Guinée ».

S’adressant particulièrement aux femmes, Makalé Camara a mis en avant leur rôle stratégique dans le développement national.

« Quand les femmes constituent plus de 53 % de la population, notre pays ne peut pas continuer à marcher sur un seul pied », a-t-elle souligné, ajoutant que « les femmes et les hommes doivent avancer ensemble. »

Convaincue que les solutions aux difficultés du pays passent aussi par elles, elle a déclaré : « Je me tiens droite, debout et forte, parce que je pense que les femmes sont la solution à nos problèmes. »

Dans un message adressé aux hommes, la candidate a plaidé pour une masculinité positive : « Les hommes doivent accepter la présence des femmes sur l’arène politique et dans les sphères du pouvoir. Une gouvernance équilibrée est indispensable pour sortir la Guinée de l’impasse. »

Ancrant son discours dans les réalités locales, Hadja Makalé Camara a évoqué les activités économiques des femmes de la Haute-Guinée, notamment autour du karité et des produits agricoles.

« Quand je viens à Kankan, je pense au karité, je pense au cou-calaman », a-t-elle lancé, appelant à soutenir la transformation locale et l’entrepreneuriat féminin.

Moment fort du meeting, son appel à l’audace féminine a suscité une vive réaction de l’assistance : « Mes sœurs, levez-vous, tenez-vous droites. Ce n’est pas parce qu’on est une femme qu’on doit tenir la queue. »

Évoquant la richesse naturelle du pays, elle a rappelé que la Guinée dispose d’atouts exceptionnels.

« L’eau que nous avons ne se retrouve nulle part ailleurs dans la sous-région. La bauxite que nous possédons représente près des deux tiers des réserves mondiales. »

Sur le plan économique, elle a dénoncé la sous-valorisation du travail des femmes : « les femmes représentent plus de 60 % du secteur informel. Il faut valoriser ce travail, le structurer et l’intégrer au PIB national. »

Enfin, la présidente du FAN a exhorté les femmes à investir pleinement la vie politique :

« Quand on ne fait pas la politique, ce sont les autres qui décident pour vous. »

Et de conclure : « Quand on vous demande si je suis prête à être présidente, je réponds : prête. »

Au nom des femmes militantes, Mariame Keita, enseignante, a rassuré Hadja Makalé Camara de leur soutien indéfectible :

« Nous sommes derrière toi nuit et jour. N’aie pas peur, ne tremble pas. Nous sommes toutes avec toi. Vive Hadja Makalé Camara ! Vive la présidente Makalé Camara ! »

Karifa Doumbouya, Correspondant à Kankan

612 51 22 79

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