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Entre juillet 2023 et février 2025, le district sanitaire de Siguiri a été le théâtre d’une flambée inquiétante de diphtérie, positionnant la région comme l’épicentre d’une crise sanitaire majeure. Plus de 6 000 cas suspects ont été recensés durant cette période, avec une recrudescence alarmante en début d’année 2025 qui a conduit à l’ouverture d’une enquête épidémiologique d’urgence. C’est l’Agence Nationale de la Sécuritaire Sanitaire qui a dévoilé ces statistiques ce jeudi 17 juillet à Conakry à la faveur d’une communication à la presse nationale.
Selon l’ANSS, l’investigation menée du 9 mai au 12 juillet 2025 a permis d’identifier 164 cas suspects dont 55, ont fait l’objet de prélèvements. Les analyses de laboratoire ont confirmé 15 cas positifs. L’âge médian des personnes touchées est de 4 ans, avec une forte concentration (49 %) dans la tranche d’âge de 1 à 4 ans. Fait particulièrement préoccupant : 82 % des cas confirmés n’étaient pas vaccinés, révélant une défaillance majeure dans la couverture vaccinale locale.
Durant la période étudiée, 41 décès liés à la diphtérie ont été enregistrés, traduisant un taux de létalité alarmant. Les localités les plus touchées sont Nounkounka (avec un taux d’attaque de 6 pour 100 000 habitants), Djomabana et Kintinian.
À Bolibana, seuls 32 % des enfants disposent d’au moins une dose de vaccin avec preuve, un taux largement en deçà des recommandations de l’OMS. Le rapport présenté ce jeudi en réunion épidémiologique souligne plusieurs facteurs aggravants : une prise en charge insuffisante, l’absence d’unités de réanimation, et des retards dans l’admission des patients dans les Centres de traitement épidémiologique (CT-Epi).
Par ailleurs, les données issues de la recherche active menée dans les formations sanitaires et les communautés font état de 164 cas suspects recensés dans les structures de santé, contre aucun cas suspect identifié en communauté parmi les 34 personnes interrogées. Ce décalage pourrait s’expliquer par un retard dans le signalement des cas ou par un accès limité aux soins.
L’analyse épidémiologique révèle une courbe de type « source intermittente », caractérisée par une transmission interhumaine persistante — un risque aggravé par la forte mobilité des populations et une faible immunité collective.
Face à cette situation, les experts formulent plusieurs recommandations urgentes :
- Renforcer la couverture vaccinale à travers des campagnes de masse ciblant les enfants non immunisés ;
- Développer les capacités des CT-Epi pour une prise en charge rapide et efficace ;
- Améliorer la surveillance communautaire pour favoriser la détection précoce ;
- Mettre en place une réponse multisectorielle coordonnée impliquant les secteurs de la santé, de l’éducation, les collectivités locales et les partenaires techniques.
La diphtérie, maladie pourtant évitable grâce à la vaccination, demeure une menace dans les zones à faible couverture vaccinale. Le cas de Siguiri souligne avec acuité l’importance d’un système de santé résilient, réactif et mieux préparé aux urgences sanitaires.