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La problématique est méconnue du grand public notamment en République de Guinée. Pourtant, la résistance aux antimicrobiens est une réalité. Elle est d’ailleurs devenue un problème de santé publique dans le monde. L’alerte a été donnée récemment par l’académie des sciences de Guinée.
Pour Pr Abdoulaye Touré, membre correspondant de cette organisation, c’est une question de maintenant et de demain.
« Les chiffres le montrent avec éloquence. Selon l’Organisation mondiale de la santé, actuellement, on s’attend à plus de 5 millions de décès par an dans le monde et ce chiffre pourrait doubler dans les prochaines années et atteindre 10 millions de décès. Et ces chiffres montrent également que la résistance aux antimicrobiens tue plus que le sida, le paludisme et la tuberculose réunies. C’est pour vous dire combien de fois c’est une question brûlante », a-t-il affirmé.
Le médecin informe que ses équipes travaillent sur le sujet en Guinée selon une approche One health en prélevant les patients pour savoir les germes qu’ils ont et qui sont résistants aux antibiotiques et en faisant l’écouvillonnage de leur environnement hospitalier et également en prélevant les égouts des eaux usées du milieu hospitalier et du milieu communautaire. Après l’analyse des données, les proportions sont inquiétantes, poursuit-il.
« Les antibiotiques les plus courants sont presque complètement grillés. C’est le cas de l’amoxicilline et de la pénicilline. Et aujourd’hui, nos collègues professionnels de santé à l’hôpital sont obligés de recourir aux molécules les plus chères mais qui sont aussi inaccessibles. Donc ça pose beaucoup de problèmes et ça fera beaucoup de décès. C’est un problème aussi grave que la COVID ou les autres épidémies que vous avez connues », a alerté Pr Abdoulaye Touré.
Le spécialiste indique que les raisons de la résistance aux antimicrobiens sont multiples.
« La première, c’est une utilisation inappropriée des antibiotiques. Que ce soit l’automédication ou une prescription inappropriée à l’hôpital, le médecin qui prescrit sans résultat de laboratoire ou aussi dans l’élevage parce que les antibiotiques sont utilisés aujourd’hui comme promoteurs de croissance pour que les poulets, les bœufs et autres grandissent rapidement et rapportent de l’argent. Mais derrière, ces antibiotiques se retrouvent dans les assiettes et nous les consommons et après, ce sont des problèmes très sérieux. Et aussi, c’est le reste des déchets de ces animaux qui ont déjà consommé beaucoup d’antibiotiques, qui vont se retrouver dans l’eau que nous buvons. Vous comprenez qu’on n’échappe nulle part », a soutenu le membre correspondant de l’Académie des Sciences de Guinée.
Pour inverser la donne, il faut un combat continu. Celui de la sensibilisation.
« Que chacun de nous évite d’acheter les antibiotiques comme on veut. Que les professionnels de santé les prescrivent sur la base des résultats de laboratoire. Et qu’il y ait plus de réglementation également dans l’utilisation des antibiotiques, et en particulier dans l’élevage. Je pense que ça doit être suffisamment encadré », a exhorté Pr Abdoulaye Touré.
Sékou Diatéya