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A une semaine de la rentrée scolaire, la vétusté, le manque d’infrastructures et la promiscuité minent les établissements publics. À Conakry et même dans les villes de l’intérieur du pays, le constat est le même: les écoles publiques sont en ruine. Ces dernières années, on constate dans les écoles primaires publiques des effectifs pléthoriques dans des classes qui accueillent quelquefois plus de 90 élèves, contraignant les enfants à s’asseoir à trois voire cinq par table-banc. Les efforts consentis jusqu’ici par le gouvernement restent insuffisants devant l’ampleur des besoins. Plus d’une école sur deux est dans un mauvais état. Problèmes de fenestration, de toitures, de tables-bancs, de toilettes, de façade et même parfois d’infestation de souris. Les enseignants font tout pour s’habituer, faute de mieux, aux problèmes quotidiens des bâtiments centenaires qui les abritent dans les écoles.
« Les fenêtres ne permettent pas une ventilation adéquate, car elles s’ouvrent peu. Des toitures tombées par endroits. Il y a aussi des trous dans les murs et avec un problème récurrent de souris, de rats, de cancrelats, de lézards, des excréments de souris retrouvés dans les classes et parfois même des serpents venimeux », raconte Bountouraby Soumah, enseignante à l’école primaire de Kaloum-centre que nous interrogée lors de notre enquête.
« Il y a du matériel endommagé chaque, surtout pendant les périodes de grandes vacances.. Les chats et les chiens viennent, reviennent, squattent dans les salles de classe. Regardez-vous-mêmes ! Des trous de souris et de rats dans les murs. C’est compliqué parce qu’on ne peut pas avoir de poison à souris proche de nos élèves pendant les cours. Ce sont des enfants ! Ils le mettent dans leur bouche. C’est d’ailleurs arrivé à un de mes élèves l’année dernière, poursuit l’enseignante. « L’élève a porté à ses lèvres le sachet contenant le poison mais, comme il était incapable de s’exprimer verbalement, il a été impossible de savoir s’il avait ingéré la substance toxique. Le personnel a cependant contacté d’urgence les parents et l’hôpital. Heureusement, l’enfant n’a pas été malade et aucune intervention médicale n’a été requise »
Cette problématique s’explique par le fait qu’une partie importante des infrastructures publiques du pays a été construite dans les années 70 et 80.
Des bâtiments vétustes qui minent le moral. Selon des études, au-delà d’un certain pourcentage de vétusté, le personnel travaillant dans un bâtiment désuet a tendance à devenir apathique. Dame Bountouraby s’est résignée à travailler dans un édifice dont la vétusté complique ses tâches au quotidien – comme l’absence de toiture et de plafond de qualité qui a provoqué une inondation des salles de classes. Mais si elle refuse de quitter avec les écoliers pour un autre établissement scolaire, dit-elle, c’est parce qu’un vieux bâtiment situé dans le quartier de la plupart de ses élèves est mieux qu’un déménagement temporaire dans une école loin des lieux d’habitation des élèves.
« C’est beaucoup de changement et, pour eux, le changement, c’est difficile. Le pire scénario, ce serait une relocalisation temporaire avant d’avoir une nouvelle école. Parce qu’on a une école qui est tellement unique », dit l’enseignante d’une voix empreinte de fierté. L’état de vétusté de l’école ne la surprend pas, mais l’attriste. « Ça m’inquiète énormément. Pour moi, pour nos enfants, pour nos élèves, pour mes collègues. Tout est tellement lent et complexe au niveau du ministère », regrette-t-elle.
La plupart du temps, le personnel est confiné et tout ceci risque de nuire à la bonne marche de l’école. L’école publique perd ainsi son identité, et si on veut inverser la tendance, un programme d’urgence de réhabilitation des écoles est nécessaire. Les autorités doivent davantage se pencher sur les problèmes que subissent les écoles publiques. Aujourd’hui beaucoup d’élèves de certains établissements scolaires du primaire sont formés dans des conditions difficiles du fait notamment de la vétusté des locaux et de la surcharge des salles de classes.
Alors depuis quelques années, la tendance s’est inversée au profit des écoles privées, laissant les écoles publiques à la traine.
Pour certains parents, il est inadmissible de laisser leurs enfants dans les écoles publiques à cause de la vétusté des écoles publiques, du manque de résultats et la déperdition de leurs enfants. Les écoles privées, selon eux, sont plus fiables du fait de l’environnement, de l’entretien des bâtiments qui abritent les élèves, des bons résultats constatés chaque année, et une accréditation très facile avec une bonne surveillance. Raisons pour lesquelles, beaucoup de chamboulements sont notés chaque année au niveau de certains établissements publics. Notamment beaucoup d’élèves sont déplacés d’une école à une autre.
A Conakry donc, la vétusté de beaucoup de bâtiments a conduit certains parents d’élèves à s’orienter vers le privé. Les vieilles bâtisses qui abritent les écoles publiques posent un problème d’insécurité avec surtout l’occupation des marginaux et autres drogués. Les écoles privées se présentent comme un remède.
Cependant, les écoles privées ne sont pas à la hauteur le plus souvent.. Beaucoup d’enseignants déplorent le non-respect des normes pédagogiques et sociales dans ces établissements privés. « Après plusieurs études, nous pouvons affirmer sans ambages que l’école est devenue, aujourd’hui, une marchandise qui permet à certains acteurs de notre système scolaire de s’enrichir. Ceci relègue au second plan la notion d’éducation et de formation de nos enfants. A cela s’ajoute le salaire minimum des enseignants du privé qui est loin d’être revalorisé Ces enseignants travaillent par ailleurs avec de faibles moyens.
Résultat : plus du tiers des élèves de Guinée débutent leur scolarité dans le secondaire sans savoir ni lire ni écrire », regrette Elhadj Fodé Mamoudou Sylla, un enseignant à la retraite.
Au ministère de l’Éducation Nationale, on apprend que l’objectif du gouvernement est de voir les bâtiments scolaires en Guinée dans un état satisfaisant. Les responsables interrogés assurent que la réévaluation des plans d’investissements serait en cours.
Après donc plusieurs tours dans quelques établissements de la ville de Conakry, nous avons constaté que certains sont prêts à accueillir les élèves pour la rentrée scolaire prévue dans quelques jours. Toutefois, d’autres écoles sont encore à la traîne.
Certains établissements sont tout de même en plein préparatifs pour accueillir les élèves. A l’école primaire de Tombo, dans la commune de Kaloum, l’administration est à pied d’œuvre. Ici, l’agent de nettoyage est en activité. On l’a trouvé à la porte d’entrée de l’établissement avec ses matériels de nettoyage. Comme à l’école primaire publique de SIG-MADINA, l’on se prépare aussi à accueillir les élèves.
L’ambiance y est bon enfant. Les parents viennent nombreux pour inscrire leurs enfants à l’école. Soryba Cissé, un parent d’élève qui vient d’inscrire sa fille de nouveau dans cette école, confie : «Une école propre et un environnement propice à l’apprentissage, c’est essentiel. Il faut aussi un environnement sain pour la santé de tous».
Après trois mois de vacances, c’est la grande rentrée des classes qui se prépare. L’état insalubre de nos établissements scolaires doit interpeller les responsables du ministère de l’Education Nationale pour le bien-être de nos enfants. L’état défectueux du plafond des salles de classe est un danger pour les élèves. La non-conformité des tables-bancs ne contribue pas non plus à créer un cadre optimal d’apprentissage pour les apprenants.
Pour une bonne année scolaire 2024-2025, il est urgent pour les autorités compétentes d’apporter des solutions adéquates à cette situation.