Référendum : la société civile met en garde contre la confusion entre texte constitutionnel et soutien politique

La Synergie des faîtières de la société civile guinéenne pour l’observation du scrutin référendaire a tiré la sonnette d’alarme ce lundi 15 septembre 2025, dénonçant de graves dérives dans la conduite de la campagne en cours. Dans un communiqué publié à Conakry, l’organisation estime que ces dysfonctionnements risquent de dénaturer le sens du vote prévu le 21 septembre.

Lors d’un point de presse, Gabriel Haba, président du Conseil national des organisations de la société civile guinéenne, a fustigé ce qu’il qualifie de « personnalisation excessive » de la campagne au profit du président de la transition.
« Dans de nombreux discours et supports de campagne, la Constitution est présentée comme un instrument d’adhésion ou de soutien personnel au Chef de l’État. Cette assimilation erronée occulte la nature réelle du texte, qui doit régir la vie collective au-delà des contingences politiques », a-t-il dénoncé.

Une campagne dévoyée

Selon la Synergie, l’appropriation du débat référendaire par des logiques de confrontation politique réduit la consultation à un simple duel pour ou contre un dirigeant, reléguant au second plan le contenu du projet constitutionnel.

L’organisation met en garde contre plusieurs conséquences :

• Un détournement du sens du vote : les électeurs pourraient se prononcer sur la personne du président plutôt que sur le texte proposé ;
• Un affaiblissement de la légitimité du processus : la Constitution risquerait de perdre sa valeur fondatrice si elle est perçue comme un plébiscite ou un rejet du pouvoir en place ;
• Une exacerbation des clivages politiques et sociaux : la polarisation autour d’un individu détourne le débat de l’essentiel et alimente les tensions ;
• Une mauvaise compréhension citoyenne : faute de pédagogie, les électeurs risquent de ne pas s’approprier un texte issu pourtant d’une large consultation.

Les recommandations de la société civile

Pour éviter ces dérives, la Synergie appelle les acteurs politiques et institutionnels à dissocier clairement le projet de Constitution de la personne du président et à recentrer la campagne sur les enjeux réels du texte en matière de démocratie, de gouvernance et de droits citoyens.

Elle recommande également de promouvoir un climat de tolérance et d’ouverture, permettant l’expression de toutes les sensibilités. Aux organisations de la société civile, elle suggère d’intensifier les actions de sensibilisation neutres, notamment dans les zones rurales et périurbaines, de créer des espaces de débats communautaires et de renforcer l’observation citoyenne du scrutin.

« Une opportunité historique »

En conclusion, la Synergie exhorte l’ensemble des acteurs politiques, sociaux et institutionnels à faire preuve de responsabilité.
« Confondre la Constitution avec un soutien à une personnalité politique revient à réduire l’avenir collectif de la Nation à des enjeux partisans et circonstanciels », avertit-elle, tout en rappelant que ce référendum représente « une opportunité historique » pour la Guinée.