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« Sur le plan national, j’ai joué et arrangé pas mal d’albums à succès, de nos vedettes guinéennes. La liste est longue »
Dans cette seconde et dernière partie de son interview, le sage guitariste Djékoria Mory Kanté, s’étend largement sur son parcours disséminé de guitariste-arrangeur, sa collaboration dans les arrangements des albums de nos vedettes guinéennes, et sa participation à la guitare dans d’autres albums des vedettes africaines. De la Côte d’Ivoire, en passant par les USA, et finalement en France, où il devient, guitariste soliste du célèbre « griot électrique », feu Mory Kanté, découvrez ces merveilleuses « aventures musicales « , de l’inséparable ami du « Béléléba », feu Mory Djély Deen Kouyaté. Pour une amitié qui a été à la hauteur de son attente dit-il, Djékoria Mory, du fond de son cœur, nous relate qui est Mory Djély Deen Kouyaté, et prie pour le repos de son âme. Pathétique fin d’entretien.
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Guineenews : au constat, vous êtes très présent, dans les albums de nombreuses vedettes du pays. De la guitare, aux arrangements de musique, peut-on savoir comment en êtes-vous arrivé là, et citez-nous quelques albums, issus de vos touches ou empreintes musicales ?
Dyékoria Mory Kanté : j’ai commencé à arranger les albums depuis 1998. Avant cela, j’apprenais et suivais de près les aînés, tels le grand guitariste Gilbert Diabaté, en compagnie duquel, je suis resté longtemps co-arrangeur. À la recherche du savoir, la patience a toujours été dominante, et fut mon arme. Et, je n’ai jamais couru à la recherche du nom. Dans les arrangements, j’ai travaillé sur l’album de mon oncle Yakouba Kanté, qui vit en France. Ensuite en compagnie de Gilbert, nous avions arrangé le premier album « Won béré « , de l’artiste M’Balou Kanté, ensuite feu Siaka Kouyaté de « Oulada ». Le dernier album arrangé en compagnie de Gilbert Diabaté, en qualité de co-arrangeur, fut « Fö tè mö ban na » de la fille de Niagassola, Kanimba Oulen Kouyaté. Il faut noter aussi que j’ai participé à l’élaboration de la maquette, du 2ème album de Sona Tata Condé. Malheureusement, j’ai été écarté en fin de compte, et cela soit dit en passant. C’est en ce moment même, et grâce à Alpha Traoré « Gims », j’ai eu l’occasion d’arranger les albums de feu Sekouba Fatako, et de Bijou Kouyaté, la fille de feu Naniamory Kouyaté, ex-chanteur du Bembeya jazz national. La liste serait longue, si toutefois, il s’agirait de citer tous ces albums, sur lesquels, j’ai pris le temps, de poser mes griffes de guitariste, accompagnateur, soliste, et arrangeur. Si j’ai bonne mémoire, je pourrais citer néanmoins quelques artistes. Il y a Amadou « accordéon » Barry, Fatou Linsan, Saïdou Sow, Pathé « Moloko », Djély Sayon Kouyaté, Yéro Bhoy Kanté, Alphadiö « Dara », Mariama Kesso (l’épouse de Pathé Moloko), Tiranké Sidimé, et comme je vous l’ai dit, je ne peux pas me rappeler de tous ces noms d’artistes, avec lesquels, j’ai eu à travailler. J’ai aussi arrangé plusieurs featuring et singles pour de nombreux artistes.
Guineenews : sur le plan international, avez-vous travaillé avec des vedettes africaines ?
Dyékoria Mory Kanté : oui, j’ai travaillé à Abidjan, avec la chanteuse vedette malienne Ami Koita. J’ai accompagné aussi, un groupe musical ivoirien dénommé « AKE ». Toujours à Abidjan, j’ai joué avec le célèbre reggaeman africain, Tiken Jah Fakoly, dans l’album ‘le Balayeur balayé « , et dans lequel j’ai joué 3 titres. Avec Boncana Maiga, j’ai joué dans un album de Kamaldine Conté. Donc à partir de la Côte d’Ivoire, j’ai participé à l’élaboration de plusieurs albums sur le plan international. En plus pour votre gouverne, j’ai résidé près d’un an à Abidjan, en compagnie du guitariste Kèlèti Kanté et de mon accompagnateur. Nous étions au compte de la maison de production CDS, de Mamadou Cellou Diallo. Cette domiciliation fixe à Abidjan, était pour faciliter les arrangements des artistes de l’écurie CDS, qui venaient à tour de rôle, nous rejoindre pour la réalisation de leurs albums. Je me rappelle encore avoir reçu plusieurs artistes dont, Papa Kanté, Maī Kouyaté, Abdoulaye Sawpith « Bras cassé », M’Mahawa Soumah dans son album « El khata töè », et tant d’autres vedettes.
Guineenews : guitariste mandingue, comment parvenez-vous à gérer sur le plan musical, toutes ces vedettes provenant de plusieurs horizons, donc aux rythmes musicaux très variés ?
Djekoria Mory Kanté : vous savez, et comme on aime le dire, « la musique n’as pas de frontières ». Quand il s’agit d’apprendre, il faut assimiler les leçons. Nous sommes des griots, donc nés dans la musique. Plusieurs parmi nous, n’ont pas fait cette école classique de musique. Rassurez-vous, que la musique est innée en nous, et c’est dans le sang. Je remercie le bon Dieu, et mes parents pour l’éducation reçue. Je n’ai jamais fumé, ni touché à l’alcool. J’ai l’esprit tranquille, une écoute attentive, une oreille musicale développée, et une mémoire fidèle. Quelque soit l’accord plaqué devant moi, je l’assimile aisément, et l’interprète correctement. Il n ya pas de très grand ponts, qui sépare les rythmes guinéens. Il suffit de travailler, surtout d’accorder une importance à la recherche, au niveau des différents rythmes folkloriques de chaque contrée.
Guineenews : après la capitale ivoirienne, vous aviez visité aussi, un moment les USA. Pouvez-vous nous parler de cette autre étape de votre parcours dans le pays de l’oncle Sam ?
Dyékoria Mory Kanté : effectivement en 2003, je suis venu en tournée aux USA, en compagnie de Amadou « accordéon » Barry, avec la collaboration de CDS Production. Nous avions offert plusieurs spectacles dans de nombreux états. Personnellement, je suis resté pendant 2 ans, et Amadou « accordéon » est rentré en Guinée 1 an, avant moi. C’est lors de cette tournée, que nous avions travaillé son album « Demi-talon », sur propre auto-production. J’ai joué aussi avec un groupe, dirigé par Mamadou Diabaté alias « Djélikè Dian », qui est un superbe joueuŕ de kora, et j’ai participé à leur album, qui est traditionnel. Beaucoup ne le savent pas d’ailleurs, l’indicatif de l’émission télévisée « Kibaro » de la RTG, est une de nos œuvres avec ce groupe traditionnel. Aux USA, j’ai entièrement arrangé 2 albums. Le premier avec Abdoulaye Diabaté, le jeune frère de l’artiste feu Kassé Mady Diabaté, et le second avec le jeune Salian Kouyaté, originaire de Kouroussa. Il faut également retenir que j’ai toujours joué pour de nombreux artistes guinéens de passage aux USA. J’avais vraiment pris goût, les relations naissaient de tous les côtés, et finalement j’ai décidé de retourner au pays.
Guineenews : après les USA, cap sur la France, où vous avez vécu pendant plus de 10 ans. C’est une autre étape qui a marqué votre vie de famille, et celle sur le plan musical. Racontez-nous cet autre périple ?
Dyékoria Mory Kanté : pour la première fois en France, c’était en compagnie de l’artiste Fatou Linsan, dans le cadre de sa tournée. D’une pierre pour deux coups, c’est pendant ce séjour, que j’ai rencontré ma première femme, que j’ai épousé plus tard, et qui m’a fait 4 enfants.
Guineenews : sur le plan de la musique, comment avez-vous évolué en France ?
Dyékoria Mory Kanté : C’est seulement en 2007, précisement le 22 janvier, pendant la grève, que j’ai rejoins ma femme en France. Arrivé, j’ai toujours accompagné nos vedettes guinéennes dans les cérémonies de baptêmes, de mariages et beaucoup d’autres activités culturelles récréatives. Finalement, c’est grâce au frère Alpha Camara « Mozambo », percussionniste, ex-membre de l’orchestre Syli authentique, et du Bembeya jazz national, que j’ai intégré le groupe du célèbre chanteur « le griot électrique », feu Mory Kanté. Je suis venu en qualité de guitariste soliste au sein du groupe, en remplacement d’un Européen, qui avait quelques soucis de famille. C’est dans le groupe de feu Mory Kanté, que le travail à réellement commencé pour moi. C’est le haut niveau dans ce groupe, et ce n’est pas facile de s’adapter au rythme de travail. Il y a de la rigueur, du savoir faire, du professionnalisme, rien n’est laissé au hasard. Les européens furent très surpris, de mon temps d’adaptation musicale, qui fut très court. C’est après seulement 2 jours d’intenses répétitions, que j’ai effectué mon premier voyage sur le Maroc (Casablanca), avec le groupe de feu Mory Kanté. J’ai participé aux 2 concerts programmés au Maroc. Depuis, j’ai joué partout dans le monde avec Mory, en qualité de guitariste soliste, et ce jusqu’à avant son rappel à Dieu (paix à son âme).
Guineenews : pour plus de 10 ans de musique, en compagnie du célèbre Mory Kanté, avez-vous participez à l’élaboration d’albums, avec cet autre grand maître de la parole ?
Djekoria Mory Kanté : avec Mory Kanté, j’ai joué dans 2 albums. L’un est titré la « guinéenne », et le second est entièrement traditionnel, et a été produit par un américain.
Guineenews : de tout ce qui précède, on peut affirmer que vous avez eu un parcours disséminé, et plein d’enseignements dans vos bagages. Depuis 2020, vous êtes de retour au bercail. Peut-on savoir les raisons de votre retour, et est-il définitif ?
Dyékoria Mory Kanté : je suis de retour depuis le mois de février 2020. C’est à cause de ma mère, très malade, que je suis rentré d’urgence, suite à sa persistante demande. Imaginez, quand la mère vous dit à plusieurs reprises : « je vais mourir, et si tu ne viens pas maintenant, tu ne pourras te prosterner que devant ma tombe ». Et il n’était pas facile de voyager en ce moment, où le COVID était en train de ravager des vies humaines un peu partout dans le monde. Heureusement à travers les bonnes personnes, j’ai pu effectuer le voyage, et ma mère est décédée sous peu, dans nos mains. C’est la raison principale qui m’avait fait venir en ce moment en Guinée. J’ai de la famille en France, ma première femme, mes enfants vivent là-bas, et mon séjour de 10 ans, expire seulement en 2030. Ce retour en Guinée, ne peut donc pas être définitif.
Guineenews : bientôt 4 ans depuis votre retour, avez-vous envisagé d’entreprendre des projets ?
Dyékoria Mory Kanté : dès mon retour, je suis venu directement m’occuper de ma mère, et je remercie encore Dieu, qu’elle ait rendue l’âme en ma présence. C’est récemment, que je suis revenu dans la musique encore. Pour le moment, j’évolue dans le groupe « Allalakê International », qui a été créé par mon oncle, El hadj Mamady Sidimé « Capi », qui est chanteur et interprète. Le groupe a des perspectives, et pleins de projets sont envisagés pour l’avenir. C’est un groupe de jeunes musiciens, trempés dans le passé glorieux de la musique guinéenne. À part leur propre répertoire, ils maîtrisent également, beaucoup de répertoires des vedettes africaines, et ceux d’autres continents. Ce groupe répond, et cadre bien avec ma vision. Je joue en attendant avec ce groupe, bien que des contacts ne tarissent pas dans le cadre des arrangements. Du boulot, il y en a toujours dans le domaine de la musique en Guinée.
Guineenews : il est indéniable que Mory Djely Deen Kouyaté, a été au démarrage et au virage de votre carrière tant national, qu’international. Peut-on savoir selon vous, ami personnel, qui était Mory Djely Deen Kouyaté ?
Dyékoria Mory Kanté : Mory était un grand, il avait cette grandeur dans l’âme. Mory était un véritable griot dans le sens large du terme. Il n’a jamais blagué avec la musique, avec la tradition en un mot. Il en faisait de tout cela son point fort. Mory n’a jamais minimisé une cérémonie, quelle qu’elle soit. Je me souviens encore, de son fréquent adage, quand les musiciens tentaient le plus souvent, d’accorder la moindre importance à une cérémonie. Il disait ceci : <<…Wulu denin ya ba béla tolon yörö le..>>, littéralement traduit en français, <<… c’est au moment des amusements, que le chiot parvient toujours à faire tomber la chienne mère …>>. Tout pour dire, qu’il accorde la même importance à toutes les cérémonies auxquelles il est convié. Il avait un respect religieux pour la tradition. D’ailleurs, il refusait toujours de se faire appeler « vedette », à la place, Mory se sentait fier et mieux dans sa peau de griot. En Guinée, je ne connais pas de griots, ou de vedettes, qui font des sacrifices, mieux que Mory Djely Deen Kouyaté. Entendez par sacrifices, les secours qu’il apportait aux gens. Mory est toujours venu au secours des personnes qui sont dans le besoin. Il assiste les malades, les démunis, il était un homme d’une générosité exemplaire. Combien de jeux d’instruments de musique il a offert. Et combien de billets de banque en espèces, Mory a tendu aux nécessiteux. Je pense que ce monde des artistes est témoin de ces faits. Mory a d’ailleurs résolu beaucoup plus, les problèmes des autres musiciens, que ceux évoluant dans son groupe. Mory était un grand chanteur, un homme de Dieu, et son incomparable voix va me manquer.
Guineenews : sur le plan musical, en quoi vous étiez des complices ?
Dyékoria Mory Kanté : Mory fut un très bon complice à moi, et dans le domaine musical, comme dans la vie pratique. Au début, il ne savait pas identifier ses différentes gammes dans les chansons. Progressivement, je l’ai initié, et il suffisait d’engager les accords, et il sautait directement sur le morceau. Il était intelligent et doué, c’était un parfait chercheur et créateur de chants et de mélodies. Un improvisateur de classe, que je surveillais, et savais suivre les lignes mélodieuses. En spectacles, il suffisait d’un simple regard, d’un geste ou d’une intonation, pour comprendre ce qu’il désire faire pour la suite. Tant d’années vécues ensemble, plus que ces relations entre musiciens, nous étions devenus des « frères de sang ». Mory m’a réellement aimé, et il me l’a prouvé. Je ne vais plus accompagner un grand chanteur, au calibre de Mory Djely Deen Kouyaté. Sur scène, il se passait une rivalité entre nous, qu’il matérialisant en ces termes: « N’toma ici c’est toi « Kèmè Bourema », qui arrange tout, et moi je suis « Samory » qui commande tout ». Il le disait pour m’encourager, en rigolant, et tout en ajoutant ceci: » (…) cherche et sauve ton nom, en tout cas moi, je continue de chercher mon nom, mon petit succès… ». Il engageait le plus souvent cette rivalité saine, en plein spectacle. Il me laissait mains libres, dans mes recherches ou improvisations. Jamais, je n’ai connu de stress en compagnie de Mory, il était juste et évitait les péchés, entre lui et les autres. Mory était un travailleur, il ne reculait pas de ce côté, et il tenait toujours à satisfaire son public. Ce sont tous ces atouts, que nous avions partagés ensemble. De vrais complices, franchement nous l’avions été Mory et moi.
Guineenews : cette complicité avec Mory s’était tellement élargie, que vous étiez a-t-on appris, son chauffeur préféré ?
Dyekoria Mory Kanté : je le confirme car, c’est moi qui conduisait le car, qui assurait le déplacement de l’orchestre pendant nos tournées, à l’intérieur du pays, et dans la capitale. Ce car de marque « Ford américaine », lui a été offert par Moussa « Tata vieux ». Il avait confiance en ma conduite, et il n’employait de chauffeur sur ce car, qu’à mon absence. Je me rappelle un jour, revenu de Paris vers 23 heures, Mory devait se rendre le lendemain à Kankan pour des salutations en famille. Quand je l’ai appelé la nuit, pour l’informer de mon arrivée, il a directement débauché le chauffeur, qu’il avait employé et même payé d’avance pour ce voyage. Il me disait le plus souvent, quand je suis au volant, quelle que soit la distance, il peut se permettre de dormir sans risques. À Conakry, c’est moi qui avait servi de chauffeur à Jean Philippe Rykiel, lors de son séjour à Conakry pour la dédicace de l’album « Kononenta » de Mory Djely Deen Kouyaté. Vous avez encore compris, jusqu’où s’étendait notre complicité.
Guineenews : Jean Philippe Rykiel était un autre ami de Mory Djely Deen Kouyaté. Qu’avez-vous retenu de l’amitié entre Mory et Jean Philippe Rykiel ?
Djekoria Mory Kanté : il est vrai que je suis vraiment attristé par le décès de Mory. Je pense que Jean Philippe, est autant ou plus affecté suite à la disparition de son ami Mory Djely Deen Kouyaté. De ma vie, c’est ma première fois, de voir une si sincère amitié, avouée par un blanc, à l’endroit d’un noir. Excusez-moi des termes employés, mais je vous assure que j’ai vécu cette amitié entre les deux. C’est incroyable. Mory faisait tout chez Jean Philippe, un moment quand il venait à Paris. Jean Philippe à part le travail de studio, n’a jamais voulu que Mory s’éloigne de lui. Mory l’avait invité à Conakry, pour la dédicace de son album « Könönenta », qu’ils ont fait ensemble. Jean Philippe a connu la Guinée, à travers son amitié avec Mory. En France, il avait pris en charge les frais pharmaceutiques de Mory. Que dire encore de plus, ces deux êtres se sont réellement aimés. Je profite de cette interview pour présenter directement mes condoléances à Jean Philippe Rykiel, et à tous les amis communs à Mory. Ce monsieur a participé à l’épanouissement de Mory, sur le plan musical. Il a plongé Mory dans les grands milieux de la musique moderne internationale. Prenez le temps d’écouter le dernier album qu’il a fait avec Mory, c’est à dimension internationale. Merci à toi, Jean Philippe Rykiel.
Guineenews : pouvez-vous nous dire, quel fut le dernier spectacle que vous avez livré en compagnie de Mory Djely Deen Kouyaté ?
Dyékoria Mory Kanté : je pense, que le dernier spectacle avec Mory, a été celui réalisé en Belgique, entre 2012-2013. Il était sorti de son hospitalisation au Maroc, et franchement un peu diminué. Il me l’avait clairement confirmé. On s’était fait accompagner de l’artiste Safiata Condé, en doublure car, Mory n’avait plus la même force. Sa sortie sur scène, à été retardé et programmé, à une heure un peu tardive, pas comme d’habitude. Il avait bien donné ce jour, et le public était au rendez-vous. C’est le dernier spectacle, que j’ai joué en Belgique, en compagnie de Mory Djely Deen Kouyaté.
Guineenews : vous souvenez-vous de vos dernières conversations avec votre ami Mory Djely Deen Kouyaté ?
Djekoria Mory Kanté : je ne pourrai pas appeler cela conversations, puisque Mory ne parlait pas à l’occasion, mais il nous voyait sur l’écran du téléphone. Nous, nous étions à Siguiri, quelques mois avant son rappel à Dieu. J’animais une soirée quelque part, et j’étais en compagnie du fils de sa grande sœur, du nom de Djö, qui l’avait appelé en ligne, pour lui faire suivre notre animation. Il ne faisait que des signes à travers ses mains. Quand j’ai joué un de ses titres, de sa main, il a fait signe, pour nous faire comprendre, qu’il arrivait bientôt parmi nous. Nous sommes restés longtemps en ligne, et il suivait avec sourire, notre animation. Cette nuit, après l’animation, j’ai eu du mal à dormir. Toute la nuit, en train de penser à lui, à nos folles nuits de spectacles, de concerts, de répétitions… Mory restera éternellement dans mes pensées. Je prie Dieu de lui accorder le paradis céleste. Mory restera présent, tous les jours, dans mes prières. Paix à son âme, et à tous nos devanciers.
Entretien réalisé par Ly Abdoul pour Guineenews