Que sont-ils devenus ? Parcours du polyvalent musicien et chanteur, Malick Condé ‘’Calveira’’, ancien sociétaire du Dirou Band de Kindia et du Groupe African groove

Rythmicien, guitariste, chanteur, ancien sociétaire des orchestres, ‘’Syli star’’ et ‘’Dirou Band de Kindia’’, ‘’mini-baladins’’ de Conakry, associé en duo avec l’artiste Philippe Kourouma, membre du célèbre groupe ‘’African Groove’’ de feu maitre Mamadou Aliou Barry, Malick Condé communément appelé par les amis ‘’Calveira’’, est l’invité de la rubrique ‘’Que sont-ils devenus ?’’, du site Guineenews.

Il a fait ses études, primaire, secondaire et le lycée à Kindia. Ensuite, Malick Condé a achevé ses études à l’école professionnelle de la même préfecture, où il obtint son diplôme de fin d’études en mécanique générale. Malick a servi à l’imprimerie nationale Patrice Lumumba de Conakry, après un stage concluant, en qualité de chef de la section Cahier et enveloppe.

Bien plus tard, Malick Condé, suite à la création du service dénommé SONOGUI, au niveau de la RTG par le ministre de l’Information d’alors Justin Morel Junior, il sera approché par son complice du micro, et de la guitare Philippe Kourouma, nommé Directeur général du dit service.

L’expérience aidant, il occupera le poste de chef de division, chargé des éditions, distributions, et promotion de la musique traditionnelle de Guinée. Aujourd’hui à la retraite,Malick Condé, nous retrace son parcours musical de polyvalent musicien, vécu entre Kindia et Conakry, rythmicien depuis sa tendre enfance, Malick Condé nous édifie sur les raisons de sa venue dans la musique, et les différentes étapes traversées le long de son riche parcours au sein des formations musicales sus-citées.

Lisez !

Guinéenews : Parlez-nous de vos débuts dans la musique, et comment êtes-vous devenu polyvalent, du rythmicien, au guitariste-chanteur ? 

Malick Condé ‘’Calveira’’ : je suis réellement venu à la musique, quand j’ai commencé à apprendre et à jouer à la guitare. Sinon, depuis l’enfance, j’ai aimé le rythme, et je ne quittais pas les coins de rues, en tapant follement sur les boites vides de tomates, afin de faire résonner des sons. J’ai appris à jouer à la guitare dans la concession de feu Kouramodou Doumbouya (ancien ministre), auprès de son fils Billy Nankouma  et de Gaoussou Dramé.

Guinéenews : Avant cela, aviez-vous eu un maitre, ou une idole pour se lancer dans la musique ?

Malick Condé ‘’Calveira’’ : Billy Nankouma et Gaoussou Dramé ont été mes premiers maitres à la guitare, et ce sont eux qui furent les premiers à me montrer les premières notes à la guitare, et c’était en 1973. Ces premiers contacts ont été mes premiers essais, qui, progressivement, avaient pris de très bonnes allures. Pour la section rythmique, feu Mangala du Bembeya Jazz national fut une idole pour moi, et je l’appelais d’ailleurs le métronome. Après lui, j’ai toujours aimé la rapidité, et les exhibitions de feu Papa Kouyaté à la batterie. Ce sont mes deux idoles.

Guinéenews : Retracez-nous votre parcours, et dites-nous par ou vous êtes passés, pour être aujourd’hui à ce niveau d’instrumentiste appréciable ?

Malick Condé ‘’ Calveira’’ : J’ai un ami qui était à Manquepas, qui a été recruté dans l’orchestre le Syli star de Kindia. Sur son invitation, j’ai assisté à la répétition de cet ensemble, et malheureusement, je n’ai pas pu toucher à la guitare.

C’est bien pendant cette répétition, que j’ai eu à manier les baguettes des timbales en l’absence du batteur titulaire. Mes coups de baguettes avaient plu sur les timbales. Deux jours (2) après, j’ai été retenu, pour jouer à la section rythmique de cette mini-formation. Après cette étape du Syli star, en visite à Conakry, le destin me poussa vers l’orchestre les ‘’mini baladins’’, deuxième formation de l’orchestre Balla et ses baladins.

J’ai évolué dans cette formation en compagnie de feu Boubacar Bah, ex-soliste du Syli authentique, feu Abass Yansané, le roi du funkadi (3^ème chanteur), Tall Bob, Pecos (1^er chateur), Garry Cooper (harmonica). Cette formation minime, répétait au jardin de Guinée avec les instruments de l’orchestre Boiro band national, et à l’école des cadres avec les instruments des Amazones de Guinée. C’est suite au démembrement de cet ensemble, dû au départ de feu Boubacar Bah pour le compte du Syli authentique, et d’autres membres de cette formation, que j’ai rejoint encore à Kindia sur les conseils de feu Boubacar Bah, car le Syli star, était en quête d’un batteur.

Guinéenews : Vous aviez été sociétaire du Dirou Band de Kindia pendant près de 10 ans. Pouvez-vous nous parler de votre recrutement au sein de cette grande formation fédérale de l’époque ?

Malick Condé ‘’ Calveira’’ : C’est après mon retour de Conakry, titulaire au niveau de la section rythmique du Syli star, que j’ai été sollicité par le Dirou Band, orchestre fédéral de Kindia. Sur les faits, le batteur titulaire était en voyage au Libéria, et cette période avait coïncidé à une visite programmée du camarade feu Ahmed Sékou Touré, en compagnie des hôtes de marques de plusieurs pays.

Le chef d’orchestre feu doyen Gadirou va charger son fils Foxy, guitariste soliste d’aller me chercher. A l’essai, j’ai accompagné deux titres à la batterie en compagnie de Foxy.

Par la suite, maitre Gadirou m’intimera l’ordre de jouer la biguine. J’avoue que je ne savais pas ce que cela signifiait. Il m’a repris les baguettes et a joué la biguine.

J’ai repris du coup à mon tour le rythme en question. Ce jour, il a dit ceci à son fils Foxy : ‘’ (…) j’ai eu le batteur que je cherchais (…)’’. J’ai assuré la rythmique pendant les différentes soirées organisées, et depuis, bien que prêté au Syli star, je suis devenu membre titulaire du Dirou Band de Kindia.

Guinéenews : Le Dirou Band a connu de célèbres artistes surtout chanteurs, et des tubes encore inoxydables. M’Mah Sylla, feu Petit Sény, étiez-vous de cette génération qui a rendu Kindia célèbre de par la musique et par le football ?

Malick Condé ‘’ Calveira’’ : Oui au chant, il y avait M’Mah Sylla, feu petit Sény, et Balla Cissoko ‘’ Porel’’. Je vous signale qu’après le départ de Foxy, j’ai voulu reprendre la guitare. Après quelques répétitions avec le jeune frère de Foxy, la fédération de Kindia devrait venir s’assurer du niveau acquis par la nouvelle formation. A la guitare, le vieux feu Gadirou, m’a dit de retourner à la batterie.

Guinéenews : Quel fut la suite de l’évolution de cette formation le Dirou Band de Kindia, après le départ de Foxy, guitariste soliste, son père, le vieux Gadirou non opérationnel, Balla Cissoko ‘’Porel’’ parti à l’aventure, et plus tard M’Mah Sylla, récupérée par les Amazones de Guinée ?

Malick Condé ‘’ Calveira’’ : Au fait, après tous ces départs, nous avions essayé de reconstruire l’orchestre. Je suis revenu à la guitare, et je ne sais pour quelle raison, le doyen feu Gadirou m’a fait revenir à la batterie. Il y a eu des nouveaux entrants tels que Kollet qui avait chanté le titre ‘’Sina fakhè’’, et plus tard ce grand compositeur ‘’Temtemba’’ qui sont venus renforcés la section vocale. La quasi-totalité de ma carrière de musicien, je l’ai passée en compagnie du Dirou Band de Kindia, à la section rythmique.

Guinéenews : Quand et comment aviez-vous quitté le Dirou Band de Kindia ?

Malick Condé ‘’ Calveira’’ : Dès après le festival 1979, bien réfléchi, avec discrétion au risque de ne pas être bloqué dans ma carrière professionnelle, puisque j’étais déjà recruté comme fonctionnaire, muté à l’imprimerie nationale Patrice Lumumba. J’ai choisi la carrière professionnelle au niveau de l’imprimerie où je fus reçu et nommé plus tard chef section cahier et enveloppe.

Guinéenews : Plusieurs années vous vous êtes consacré à votre carrière professionnelle, et non à la musique. Parlez-nous de la suite de votre carrière de musicien ?

Malick Condé ‘’ Calveira’’ : Oui, c’est vrai, pendant 8 ans, je suis resté accroché à mon boulot au niveau de l’imprimerie nationale Patrice Lumumba, et je n’ai pas fait de musique. C’est par l’intermédiaire de Rizo Bangoura, que j’ai reposé pieds dans la musique. Et cette fois-ci non pas à la batterie, je suis revenu à la guitare. J’ai accompagné longtemps Rizo avec son clavier. Nous avions fait plusieurs enregistrements notamment : ‘’Ko hodhun pensa ta’’, ‘’Dyéréléré’’, ‘’Yayé mufan’’ et tant d’autres.

Dans le même parcours musical et à la guitare, j’ai formé un excellent duo en compagnie de Philippe Kourouma au chant. Je me rappelle avoir remporté le troisième prix avec Philippe Kourouma, lors de l’organisation par Louis Auguste Leroy, du 2^ème anniversaire de l’émission ‘’Parade’’. Atlantique mélodie gagna le premier prix, et Gaspari avait raflé le 2^ème prix. Ce duo Philippe-Malick avait aussi procédé à des enregistrements au niveau de la radio.

Guinéenews : Vous chantez aussi, et comment vous avez pu portez cette autre casquette de chanteur ?

Malick Condé ‘’ Calveira’’ : C’est quand on devrait procéder à notre 2^ème enregistrement avec cette fois-ci, Philippe et Seydouba qui jouait à la Kora, que j’ai été forcé de venir au chant, pour interpréter le titre ‘’Salaya n’Kanama’’. Bien avant, j’interprétais dans le Dirou Band, divers titres de plusieurs vedettes africaines aux cotés de feu Petit Sény, qui s’y adonnait pas du tout dans les interprétations.

Guinéenews : Peut-on connaitre quelques-unes de vos compositions musicales ?

Malick Condé ‘’Calveira’’ : j’ai quelques compositions musicales telles que : ‘’Ayo’’, ‘’Faux déplacements’’, ‘’Salaya n’Kanama’’, ‘’Itankha diyè n’na’’, ‘’Kindia’’, ‘’Oumi’’ et plusieurs autres titres.

Guinéenews : Vous avez longtemps évolué au sein du groupe ‘’African groove’’ de feu maitre Mamadou Aliou Barry. Comment aviez-vous rejoint ce groupe ?

Malick Condé ‘’Calveira’’ : C’est suite à mon avis de l’inconstance qu’affichaient quelques musiciens au sein du groupe. Maitre Barry avait rencontré assez de difficultés à ce niveau. C’est ainsi qu’il m’a fait appel par le biais de Rizo Bangoura et Philippe Kourouma. Il m’invitera de suivre leurs prestations dans un restaurant de la place. Après 3 séances, il me proposera de venir avec ma guitare, et chose faite, il m’affectera un empli.

Pendant le branchement de la guitare, je suis passé à côté, et il dira ceci au groupe qui voulait s’en prendre à moi : ‘’laissez le caïman se jeter à l’eau’’. De ma carrière de musicien, je n’ai jamais rencontré d’aussi grands maitres, en l’occurrence feu maitre Barry et le doyen guitariste soliste Mamadouba Camara ‘’MC’’.

Ils te laissent toujours libre choix, et te disent ‘’vas comme tu veux, joue comme tu l’entends…’’, et c’est une qualité. J’ai intégré le groupe ‘’African groove’’, en octobre 2012.

Guinéenews : Aviez-vous rencontré des difficultés à vos débuts, et comment vous vous êtes adapté au sein de l’ensemble et surtout cette fois-ci à la guitare ?

Malick Condé ‘’Calveira’’ : Vous savez que tout début est difficile. J’ai rencontré d’énormes difficultés d’adaptation sur le plan musical. Je ne maitrisais pas bien les accompagnements de nos musiques du terroir. J’étais plutôt, très penché vers les accords, notamment de la Salsa, le jazz et autres. Un jour, on devait jouer chez Justin Morel Junior, et tous les guitaristes se sont absentés. Du coup maitre Barry a ordonné à Mohamed, le fils de Kèmo Kouyaté, qui est un éminent guitariste, de m’épauler pour apprendre le répertoire. J’avoue que je n’ai pas hésité de défiler chez ce jeune guitariste entre Matoto, et Mafanco. Tout cela avait porté fruit. Trois mois après, je fus retenu parmi le groupe pour un contrat à New Delhi, et ce fut ma première sortie avec ‘’African groove’’.

Guinéenews : Est-ce que la disparition de feu maitre Barry, n’affecte-t-elle pas l’évolution de ce groupe qui essaie de se maintenir tant bien que mal ?

Malick Condé ‘’Calveira’’ : Personnellement, je suis affecté, et je suis persuadé que son absence affecte tout le groupe, ainsi que ses collaborateurs extérieurs. Maitre Barry était un rassembleur. Quel que soit, l’homme, chacun à un défaut. Moi je l’appelais, le stratège, et c’était un véritable rassembleur. Etant un enseignant, j’ai toujours compris que maitre Barry se sent toujours en classe devant ses élèves. Jusqu’à sa mort, il a été un enseignant. Sur le plan technique, ou musical, il est évident qu’il a laissé un vide, qui sera difficile à combler.

Guinéenews : Peut-on connaitre réellement les difficultés actuelles que ce groupe rencontre ?

Malick Condé ‘’Calveira’’ : Non, je ne peux rien vous dire, puisque j’ai quitté le groupe, et depuis la disparition de maitre Barry, je n’ai joué que par 2 fois avec le groupe.

Guinéenews : Dites-nous les raisons qui vous ont poussé à quitter ‘’African Groove’’ ?

Malick Condé ‘’Calveira’’ : Non ce n’est pas la peine, et je préfère garder cela à mon niveau, et s’il y a des personnes prêtes à en discuter avec moi, j’avoue qu’aucune raison ne me retiendra, pour mettre la vérité sur la place publique. Et retenez seulement, que là où votre respect est menacé, évitez de remettre les pieds là-bas. C’est un principe.

Guinéenews : On peut dire que vous aviez pris un congé ou un repli ?

Malick Condé ‘’Calveira’’ : Après ‘’African Groove’’, j’ai joué un moment avec le groupe du célèbre guitariste Mamadouba Camara ‘’MC’’, ainsi que le groupe de Moyonko Diabaté dans un espace de la capitale. Un congé, ou repli je ne dirais pas non, et pour le moment à cause de plusieurs problèmes de famille, je pense qu’il est raisonnable d’agir ainsi.

Guinéenews : N’avez-vous pas de projets personnel ou collectif pour l’avenir ?

Malick Condé ‘’Calveira’’ : Pour le moment, je n’ai pas de projets. De façon collective, je dois travailler avec Philippe Kourouma, et nous projetons un travail costaud, car le duo Malick Condé-Philippe Kourouma résistera encore après 40 ans de partenariat musical. Sauf qu’il y a aussi une sorte de main tendue, du côté de Kindia avec le Dirou Band, et l’avenir nous situera.

Guinéenews : Du Syli Star, au mini-baladin, en passant par le Dirou Band de Kindia, au duo Malick-Philippe Kourouma et African Groove, c’est un parcours de près d’une cinquantaine d’années de musique. Qu’est-ce que, tout ce chemin parcouru vous a-t-il procuré ?

Malick Condé ‘’Calveira’’ : La musique m’a tout donné. A chaque fois que j’abandonne la musique, je stagne, et à chaque fois que je réintègre, j’avance. C’est un constat. Travailler à l’imprimerie, être fonctionnaire, c’est grâce à la musique. Si j’ai pu bénéficier de tous ces voyages pour découvrir mon pays, et l’extérieur, et que je sois en maturité aujourd’hui, c’est grâce à la musique. Comme je vous l’ai confirmé à l’avance, c’est cette musique qui m’a donné de la notoriété, de la famille, des relations et quoi d’autres. En résumé, elle m’a tout donné cette musique.

Guinéenews : Un message à l’intention de nos lecteurs ?

Malick Condé ‘’Calveira’’ : Je suis tout heureux d’être sur cette longue liste d’interviewés à travers cette rubrique. De l’humanisme vous entoure à travers tout ce que vous apportez comme soulagement, réconfort moral à vos invités. C’est une rubrique à soutenir, et à encourager. Aux lecteurs, je dirai merci et continuer à lire Guineenews à travers sa rubrique ‘’Que sont-ils devenus ?’’.

Guinéenews : Encore merci pour votre disponibilité

Entretien réalisé par LY Abdoul pour Guinéenews.