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Le nouveau Premier ministre guinéen, Amadou Oury Bah alias Bah Oury, est né en 1958 à Pita, en Moyenne Guinée. Après de brillantes études au Sénégal et en France, où il avait entamé une carrière dans l’enseignement, il retourne en Guinée au milieu des années 80, à la faveur du changement de régime suite au décès du premier président du pays, Ahmed Sékou Touré.
Économiste de formation, Bah Oury, réputé persévérant voire têtu, ou visionnaire, selon que l’on soit son admirateur ou son détracteur, a eu une brève carrière dans le secteur bancaire en tant que cadre de la défunte BICIGUI. Par conséquent, il est mieux connu pour son profil politique. D’abord militant des causes démocratiques, il a co-fondé l’OGDH (Organisation Guinéenne des Droits de l’Homme) avec feu Thierno Madjou Sow. Ensuite, il franchit le pas pour s’engager officiellement en politique au début des années 90, au sein de l’UFD (Union des Forces Démocratiques), parti créé alors dans la clandestinité avec le Professeur Alpha Sow, marquant ainsi le début d’une longue carrière politique parsemée de nombreuses péripéties.
En effet, son désaccord avec ses camarades de parti l’a conduit à créer l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG), dont il céda la direction à feu Bah Mamadou, une figure majeure de la vie politique de l’époque, qui venait de perdre son parti UNR, dans le cadre d’une alliance suivie d’une fusion avec le PRP de feu Siradiou Diallo.
C’est dans cet élan de rassemblement que Bah Mamadou céda à son tour la présidence de l’UFDG à Cellou Dalein Diallo, qui s’engageait officiellement en politique après avoir été limogé de son poste de Premier ministre, après 11 ans au sein du gouvernement de Lansana Conté. Cela donna ainsi plus d’envergure au parti qui désigna Bah Oury comme membre du gouvernement de large ouverture, dont le Premier ministre, Ahmed Tidiane Souaré, venait de remplacer Lansana Kouyaté, nommé Premier ministre de large consensus à la suite des douloureux événements de janvier et février 2007.
Bah Oury entra ainsi pour la première fois au gouvernement, occupant le poste de ministre de la Réconciliation Nationale, de la Solidarité et des Relations avec les Institutions pendant la seconde moitié de l’année 2008. Un court passage que ce politicien de vocation mit à profit pour laisser son empreinte dans le processus presque vierge de réconciliation nationale. Parmi ses actions, il reconnut officiellement la responsabilité de l’État dans les crimes politiques enregistrés dans le pays depuis l’indépendance, sans oublier la restitution des corps des militaires tués auparavant par le régime de l’époque à Cosa, ainsi que les démarches pour le dédommagement des victimes de Kaporo Rail…
Mais la carrière politique de Bah Oury bascula après la surprenante défaite de Cellou Dalein Diallo, candidat de l’UFDG à l’élection présidentielle de 2010. En juillet 2011, le désormais nouveau Premier ministre fut accusé de l’attaque contre le domicile du président Alpha Condé, sorti vainqueur d’une joute électorale inédite en rattrapant plus de 30% de retard au second tour. Il fut jugé et condamné par contumace alors qu’il était en exil, pour « atteinte à la sûreté de l’État ».
L’homme retourna tout de même en Guinée après 4 ans d’exil, suite à une grâce présidentielle qui lui fut accordée dans le cadre d’une détente politique très tendue pendant tout le premier mandat du champion du RPG. Son retour ne fit pas améliorer ses relations de plus en plus tendues avec le président de son parti, Cellou Dalein Diallo. Au contraire, les tensions s’accentuèrent, culminant avec la mort d’un journaliste tué dans des circonstances non élucidées lors d’un rassemblement au siège de l’UFDG.
Après un moment de dualité à la tête de l’UFDG, suivi de son exclusion et d’un interminable bras de fer politico-judiciaire, Bah Oury décida de quitter le parti, dont il réclama longtemps le statut de fondateur. Entre-temps, il devint plus conciliant avec le pouvoir en place et accepta même de faire partie d’une commission nationale de réflexion sur l’éducation, mise en place par Alpha Condé. Certains y virent une stratégie politique, d’autres une abdication.
Tournant la page de l’UFDG, Bah Oury fut choisi pour présider l’UDD (Union Démocratique de Guinée), formation politique qu’il quitta sur fond de crise en mai 2020, pour prendre la tête de l’Union des Démocrates pour la Renaissance de la Guinée (UDRG), quelques semaines plus tard.
Entre-temps, l’homme prit ses distances avec Alpha Condé lorsque ce dernier décida de briguer un troisième mandat en modifiant la constitution. Il rejoignit même les rangs du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC), aux côtés d’autres opposants, dont Cellou Dalein Diallo, avec qui il échangea un geste de salutation très remarqué lors de l’une des nombreuses mobilisations de l’époque. Un geste d’apaisement qui resta sans suite car Bah Oury ne tarda pas à exprimer son désaccord avec la décision de Cellou Dalein de participer à l’élection présidentielle qui permit à Alpha Condé de s’octroyer un troisième mandat à la tête de la Guinée.
Ces différends se creusèrent après la prise de pouvoir par le CNRD début septembre 2021. Tandis que Cellou et d’autres opposants étaient confrontés à des ennuis avec le nouveau pouvoir, Bah Oury faisait partie de ceux qui ne furent jamais inquiétés. En dépit de quelques divergences, celui qui fut le premier acteur politique