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Utilisé lors des cérémonies de baptême, de danse ou encore de mariage traditionnel, le tam-tam est un instrument emblématique de la culture africaine. Aujourd’hui, il est confronté à plusieurs défis, notamment ceux liés à l’essor du numérique. Pour mieux comprendre les enjeux autour de cet art en Guinée, Mohamed Diakité, maître tambourinier, s’est confié à Guinée360.com.
Guinee360.com : Comment êtes-vous devenu fabricant de djembés ?

Mohamed Diakité : J’ai commencé ce métier en 1999. Au départ, je faisais de la menuiserie, puis un jour, un de mes aînés m’a proposé de l’accompagner pour fabriquer des tam-tams. En voyant ma manière de travailler, il m’a demandé si je voulais devenir tambourinier, convaincu par la qualité de mon travail. J’ai accepté sa proposition et c’est ainsi que ma carrière a débuté.
Quelles sont les étapes de fabrication d’un djembé ?
Le processus est long. D’abord, j’achète le bois dans des villages reculés du Fouta, puis je l’achemine à Conakry. Une fois sur place, je l’envoie à la scierie pour le découper en morceaux et lui donner la forme d’un tam-tam. Ensuite, je le façonne soigneusement avant d’appliquer du vernis et de la peinture pour la finition.
Quels sont les matériaux utilisés ?
Nous utilisons plusieurs matériaux : du bois, des fils, des peaux d’animaux, des pointes, du vernis et de la peinture.
Qu’est-ce qui fait la particularité des djembés guinéens ?
Il y a une nette différence entre les djembés fabriqués en Guinée et ceux produits au Mali ou au Sénégal. En Guinée, nous disposons de certaines essences de bois très solides, comme les bois rouges, qu’on ne trouve pas ailleurs. C’est pourquoi nos djembés sont particulièrement prisés.
Comment votre métier a-t-il évolué avec le temps ?
Je rends grâce à Dieu, car c’est grâce à cette activité que j’ai pu me marier, fonder une famille et subvenir aux besoins de mes enfants.
Utilisez-vous encore des techniques traditionnelles ?
J’allie techniques traditionnelles et modernes. Autrefois, on utilisait des fils naturels fabriqués à partir de cosses de plantes et de morceaux de bois pour tendre la peau du tam-tam. Aujourd’hui, nous utilisons plutôt du fer, qui est plus résistant.
Y a-t-il une forte demande pour les djembés en Guinée et à l’international ?
Avec la cherté de la vie, ce n’est pas facile. Quelques artistes viennent acheter de temps en temps, mais sur le plan international, je n’ai pas encore de contacts pour commercialiser mes produits.
Quelles sont les principales difficultés que vous rencontrez ?
Elles se situent à trois niveaux. L’accès au bois est devenu très difficile, je n’ai pas de réseau pour exporter mes djembés à l’international, en dehors de quelques troupes artistiques qui achètent en petite quantité et l’écoulement rapide des produits reste un défi.
Le métier est-il menacé par le numérique et les instruments modernes ?
Oui, l’avenir du djembé est réellement menacé. Aujourd’hui, lors des cérémonies de mariage, de baptême ou de danse traditionnelle, les instruments comme le balafon, le tam-tam ou la kora se font de plus en plus rares, remplacés par des sonorisations modernes.
Formez-vous des apprentis pour assurer la relève ?
Oui, bien sûr ! J’ai formé plus de cinq personnes, dont la plupart ont maintenant leurs propres ateliers. Actuellement, je forme d’autres personnes.
Quel message adressez-vous aux autorités ?
Je demande à l’État de s’investir davantage dans la promotion de notre culture en initiant un festival national, voire international du djembé. Cela permettrait de redorer l’image de la culture guinéenne et de préserver cet art ancestral.
L’article Mohamed Diakité, maître tambourinier : “L’avenir du djembé est menacé en Guinée” est apparu en premier sur Guinee360 - Actualité en Guinée, Politique, Économie, Sport.