Me Santiba : «M. Amadou Damaro fait l’objet d’un acharnement, d’une certaine injustice de la part de la justice de son pays » (Interview)

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Très malade, l’ancien président de l’assemblée nationale est toujours alité à l’hôpital de l’Amitié Sino-guinéenne à Kipé. Ecroué à la maison centrale de Conakry depuis le 28 avril 2023, Amadou Damaro Camara qui court un grand risque d’AVC selon ses proches, a plusieurs fois demandé une autorisation de sortie du territoire pour des soins de santé plus appropriés à l’Etranger mais sans succès, contrairement à ses co-accusés en liberté et qui viennent d’être autorisés à quitter la Guinée pour un mois.

Dans une interview qu’il a accordée au Directeur de Publication de Mosaiqueguinee.com, Me Santiba Kouyaté dénonce un acharnement, une injustice contre un citoyen modèle qui n’a jamais voulu fuir la justice de son pays. Me Kouyaté répond aux questions de Mohamed Bangoura.

Mosaiqueguinee.com : Me Santiba Kouyaté Bonjour ? Votre client Amadou Damaro Camara, l’ancien président de l’assemblée nationale est toujours en détention et n’a jusqu’ici pas bénéficié d’une libération contrairement à ses co-accusés en liberté et qui viennent d’être autorisés à quitter la Guinée pour un mois pour diverses raisons par le juge Francis Kova Zoumanigui. Etes-vous animé d’un sentiment d’injustice sur le cas Damaro ? Faut-il crier à une justice à double vitesse ?

Tous les coaccusés de M. Amadou Damaro Camara se trouvent à l’étranger pour des soins. Ça fait plusieurs mois que M. Amadou Damaro est en détention. Sur la question, je suis divisé entre deux sentiments. Un sentiment de frustration parce malgré les multiples demandes de mise en liberté pour lui permettre d’aller se soigner,, elles ont été rejetées. Quand vous prenez l’article préliminaire de notre code de procédure pénale, il est dit que toutes les personnes poursuivies pour les mêmes faits bénéficient des mêmes traitements. Sur quatre accusés dans le dossier à date, seul M. Amadou Damaro est en détention. Face à cela j’exprime ma profonde inquiétude, un sentiment de frustration et de mélancolie. Cela ne voudrait pas dire pour autant que je ne me réjouis pas du fait que ses coaccusés aient bénéficié d’autorisation de sortir pour aller se faire soigner. Ça c’est un droit et quand vous prenez même la toute première phrase de notre code de procédure pénale, il est clairement mentionné que le principe de la contradiction doit être observé. Alors comment voulez-vous que quelqu’un qui est malade puisse être dans les conditions morales et intellectuelles possible pour mieux se défendre contre les faits qui sont articulés contre lui ? C’est pratiquement impossible. De façon générale, je puis vous dire que M. Amadou Damaro fait l’objet d’un acharnement, d’une certaine injustice de la part de la justice de son pays.

Quelles sont les garanties que vous donnez à la justice sur le cas Damaro Camara ?

Je vais vous rappeler que lorsqu’il a reçu la toute première convocation, il n’était même pas à domicile, on l’a appelé et sans aucune difficulté il s’est déplacé pour venir à la gendarmerie. Pendant toute la procédure à ce niveau pour l’enquête préliminaire, il s’est toujours présenté devant les officiers enquêteurs et quand il était question de déférer le dossier, il était à la gendarmerie ce jour à partir de 08 heures. Ce qui veut dire que c’est quelqu’un qui n’est pas prêt à fuir la justice de son pays, au contraire c’est un citoyen modèle. Quand le dossier avait été déféré, ce jour c’était aux environs de 10 heures et tenez-vous bien on est resté jusqu’au delà d’une heure du matin le lendemain. Ce qui était planifié, c’était le mandat de dépôt contre M. Amadou Damaro mais à tort.

La CRIEF a décidé de l’entendre le 18 juillet prochain sur son lit de malade. La défense est-elle prête à participer à cette audition ?

M. Amadou Damaro Camara a toujours exprimé la volonté de venir se défendre contre les faits articulés contre lui. Il n’est pas venu parce que son état de santé ne lui permet pas. Dans ce sens nous nous avons adressé un courrier aux magistrats pour leur demander la mise en œuvre de l’article 484 du code de procédure pénale qui donne la possibilité de désigner un magistrat, un greffier, à l’effet de venir entendre M. Amadou Damaro Camara à l’hôpital. Contrairement à la lettre et à l’esprit de cet article, la cour a ordonné qu’elle se déplace dans son entièreté et venir l’entendre et sous les projecteurs ; ce qui est tout à fait contraire à l’article 484 du code de procédure pénale. Si cet article est respecté, nous ne trouvons d’objection à ce que des magistrats viennent à l’hôpital pour entendre M. Amadou Damaro Camara. Il n’est pas cet homme qui fuit la justice de son pays. Une fois encore je le dis et je répète c’est un citoyen modèle parce que dans ce dossier, il ne se reproche rien ; c’est un dossier vide et quand je dis qu’il est vide le mot même est léger, pour expliquer combien de fois ce dossier ne tient pas.

Me Santiba Kouyaté, dans quel état se trouve aujourd’hui Amadou Damaro Camara ?

Pour ce qui est de son statut sanitaire, je préfère ne pas trop communiquer sur ça. Tout ce que je peux dire vraiment il est souffrant, comme tout être humain peut tomber malade. Quand on tombe malade, il faut des structures sanitaires appropriées pour avoir des soins appropriés. C’est l’occasion pour moi de saluer ses médecins traitants qui ont fait leur mieux et qui continuent de faire leur mieux. Mais cela n’étant pas suffisant, il faudrait que la possibilité soit accordée à M. Amadou Damaro Camara pour qu’il puisse aller se faire traiter comme tous les autres coaccusés dans le dossier.

Interview réalisée par Mohamed Bangoura

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