Lola : les survivants de l’orchestre fédéral, le ‘’Nimba Succès’’, se soucient de valoriser et transmettre la musique du terroir, à la nouvelle génération

il y a 20 heures 117
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Assis sur un siège en plastique, le regard fatigué, mais la voix toujours portée par la passion, Noutè Bamba, figure emblématique du groupe ‘’Nimba Succès’’ de Lola, se confie sur sa vie, sa maladie et son combat pour la survie d’un patrimoine musical aujourd’hui en péril.

Aux côtés de son ami de toujours, Belé Loua, compagnon de scène, l’ancien soliste raconte les douleurs physiques qui le rongent et l’engagement sans faille qu’il continue d’avoir pour la formation des jeunes musiciens. « Je suis tombé autrefois, à cause de la tension. Ma clavicule a été cassée. De l’épaule jusqu’aux doigts, je ne sentais plus rien », témoigne-t-il d’une voix lente, marquée par l’émotion.

Malgré cette triste réalité, Noutè Bamba a refusé de tourner le dos à la musique qui est pour lui, une passion. Jusqu’au jour où, nous raconte-t-il, les yeux embués de larmes de souvenirs passés : « j’ai plongé ma main dans l’eau chaude pour voir si je sentais encore quelque chose. C’est là que j’ai compris que mon bras revenait peu à peu. »

Aujourd’hui, avec une santé fragile et des moyens limités, lui et son chef d’orchestre Belé Loua, continuent de transmettre leur savoir aux jeunes talents de la préfecture. « Nous voulons que les jeunes puissent nous dépasser. C’est notre souhait. »

Des instruments très anciens, toujours utilisés 

Le groupe Nimba Succès, formé dans les années 60, est l’un des derniers bastions de la musique traditionnelle et moderne guinéenne, dans la préfecture de Lola. Mais le temps et le manque de soutien ont laissé des traces : « nous avons encore deux guitares achetées en 1969. Elles sont usées, difficiles à utiliser. Les autres matériels ne fonctionnent plus. À l’époque, on avait six amplis, aujourd’hui rien. »

Faute de moyens, le groupe bricole, avec ce qu’il a. « Pour jouer, il faut aller chercher du matériel ailleurs, mais souvent, ce n’est pas compatible. La plupart de nos instruments ont été achetés avec nos propres moyens, petit à petit. »

Ce vétéran de la musique ne cache pas son amertume face à l’oubli dans lequel sombrent les artistes de sa génération. « Nous sommes le dernier groupe encore actif à Lola. Beaucoup de nos camarades sont morts, d’autres sont malades, comme moi. Ce que nous avons fait pendant la première République, c’était pour la nation. Aujourd’hui, chacun chante pour soi-même, mais nous, on chantait pour le peuple de Guinée. »

Avec émotion, il lance un appel au président de la République et au ministère de la Culture : « je demande qu’on me soigne et qu’on dote le groupe ‘’Nimba Succès’’ d’instruments de musique modernes. Nous ne voulons pas mourir sans laisser un héritage. »

En dépit de la maladie et de l’oubli, Noutè Bamba n’a jamais cessé de croire à la mission qu’il s’est donnée : faire vivre la musique, la vraie, celle qui unit et transmet. Ainsi, nous dira-t-il, pour conclure : « mon idée d’aujourd’hui reste la même que celle dans mon enfance : faire la musique, rien que la musique. »

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