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L’arrivée des premières pluies doublée de l’impraticabilité du tronçon Labé Mamou seraient, entre autres, les causes d’une vaste crise de camions pour le transport du ciment vers la cité de Karamoko Alpha. Une situation qui se répercute directement sur le prix de vente du produit, comme nous l’a souligné un grand distributeur.
Selon nos informations, les chauffeurs préfèrent rouler sur d’autres tronçons en bon état que d’embarquer des marchandises pour Labé, avec tous ses problèmes d’accès. Ainsi, avoir actuellement un camionneur relève d’un véritable parcours de combattant, a appris guineenews.
« C’est effectif et c’est un constat général. C’est vrai qu’on a l’habitude de vivre des situations du genre mais pas jusqu’à ce stade. D’habitude, le manque ne dépasse pas 50%. Mais cette fois ci, on est allé jusqu’à 99%. La situation est tellement critique que de nos jours, toute la population est au courant ; tout le monde a compris qu’il y a crise au niveau du transport » explique Boubacar Bah, grand distributeur de ciment.
Pour ce qui est des causes, cet opérateur économique tente d’aller en profondeur. « Je vais vous citer deux principales causes. Premièrement, la route est complètement impraticable, surtout l’axe Mamou-Labé qui est complètement défoncé. Par exemple, à Boulliwel, un camion peut se retrouver coincé au pied de la montagne pendant une à deux semaines, sans bouger. Et, très souvent, ce camion empêche les autres gros porteurs de dévier. Ce qui fait que plusieurs véhicules du genre, restent bloqués en même temps et au même endroit. C’est l’une des causes de la situation que nous vivons actuellement. En plus, il y a des déviations par endroits où ils ont mis de la terre, laquelle se transforme en boue, en ce début de la saison des pluies. C’est le même constat au niveau des parties qu’ils ont voulu remettre à niveau avec de la terre. Malheureusement des camions s’embourbent à ces niveaux également pendant des semaines » enchaîne-t-il.
Et de poursuivre : « deuxièmement, c’est l’intensification des travaux du projet Simandou. Avec ce projet, les camionneurs viennent chercher le ciment dans des sacs de 4 à 5 tonnes, directement dans les usines, pour un total de 21, 30 ou 35 tonnes qu’ils transportent à Simandou. De nos jours, les nouveaux et anciens camions sont tous dans cette dynamique avec des coûts de transport nettement meilleurs que ce qu’on leur propose habituellement.
Selon nos informations, on leur propose souvent 21 millions de francs guinéens, pour ce tonnage (35 tonnes). Donc, de nos jours, les gros porteurs sont en grande majorité dans ce circuit. Et si toutefois tu trouves quelqu’un pour transporter ton ciment à Labé, ils sont obligés de prendre jusqu’à 40 tonnes pour 14 millions GNF. Maintenant, faites la comparaison entre transporter 30 à 35 tonnes à 21 millions de nos francs, sans avoir des problèmes avec la route et 40 tonnes à 14 millions avec tous les problèmes du monde » se demande, Boubacar Bah.
Une situation confirmée par maître Mamadou Tanou Nadhel Diallo, le secrétaire général CNTG (confédération nationale des travailleurs de Guinée) qui déplore l’état d’abandon de la route. « C’est une situation difficile à expliquer, mais c’est la triste réalité et on ne peut pas obliger les chauffeurs à pratiquer un tel tronçon. C’est malheureux, mais ils ne veulent pas venir à Labé, alors qu’ils peuvent gagner plus et rouler plus facilement, de l’autre côté.
On a toujours alerté sur l’état de cette route, mais malheureusement les promesses tardent à se matérialiser et voilà les conséquences, avec cette crise de véhicule », soutient le syndicaliste.
Pour ce qui est des annonces de bitumage de cette route, Boubacar Bah rappelle qu’aucune couche n’a jusque-là été posée. « On a tous été témoin des annonces de bitumage de cette route. On a même entendu parler de l’arrivée des machines, mais jusque-là, aucune couche de goudron n’a été posée à ce niveau. En tout cas, moi personnellement, je n’ai pas vu. Pourtant je suis régulièrement sur cette route. Donc, eu égard à tout cela, tu peux appeler un ami chauffeur avec qui tu as l’habitude de travailler, pour qu’il te transporte du ciment, de Conakry à Labé. Croyez-moi, il va aussitôt couper le contact, car ils ne veulent plus pratiquer cette route. Très souvent, on est obligé de se rendre à Conakry pour tenter de trouver un véhicule, car le téléphone n’arrange plus. Je l’ai fait maintes fois. La semaine dernière, j’étais à Conakry, dans ce cadre. Juste pour aller voir les chauffeurs avec tous les frais que cela engendre. Transport aller-retour plus un cadeau spécial au chauffeur pour le motiver. Tout cela sera calculé sur le prix de vente du ciment livré à Labé.
Ainsi, le coût du transport du ciment connaît désormais une hausse de 40% qui se répercute directement sur le marché du produit. « C’est vrai que le transport est désormais revu à la hausse, car, si on estime que c’est 100 véhicules qui venaient à Labé, en une seule semaine, désormais c’est seulement 10 véhicules qui arrivent à Labé dans la même semaine. Donc, imaginez 10 véhicules qui alimentent 100 commerçants. Donc, forcément le coût du transport est en hausse. A ce jour, je vous informe qu’il y a une augmentation de 40% sur le prix habituel du transport de la tonne. La tonne de ciment venait ici à 250, 280 000 GNF, désormais c’est entre 380 et 400 000 GNF, qu’ils transportent la même tonne. Donc, 100 000 GNF se sont ajoutés sur le prix habituel. Et cela entraîne forcément, une hausse du prix du ciment », affirme ce vendeur.
Pour l’instant, les produits alimentaires ne semblent pas être trop touchés par cette situation qui risque néanmoins de devenir très critique, avec la saison des pluies.