La hausse des dépenses fiscales en Guinée : un frein au développement ?

il y a 23 heures 51
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La Guinée fait face à une augmentation significative de ses dépenses fiscales, une tendance qui soulève des interrogations quant à son impact sur le développement économique du pays. Le ministère du Budget a présenté cette semaine le Rapport d’évaluation des dépenses fiscales 2023, mettant en lumière les effets de ces mesures sur l’économie nationale.

Un rapport pour mieux comprendre la situation fiscale

Le 29 janvier 2025, le Bureau de Stratégie et de Développement du ministère du Budget a présenté le Rapport d’évaluation des dépenses fiscales en présence de hauts responsables gouvernementaux et de partenaires techniques et financiers. Dr Mamadou Saliou Diallo, directeur du BSD, a expliqué que ce rapport est le fruit d’un travail collégial impliquant plusieurs directions, notamment la Direction générale des Impôts, la Direction générale des Douanes, la Direction générale du Budget et la Direction nationale du Système informatique.

Selon le rapport, les dépenses fiscales représentent environ 15 % des recettes budgétaires de l’État soit 1,2% du Produit Intérieur Brut (PIB). A en croire au ministre du Budget, en 2023, l’Etat renonce plus de 3 400 milliards francs guinéens. Ce chiffre est jugé élevé pour un pays qui cherche à renforcer sa croissance économique et à assurer un développement durable.

Des dépenses fiscales en hausse, un déficit budgétaire en danger

La pression fiscale en Guinée demeure faible, oscillant entre 12 et 13 %, bien en deçà de la moyenne sous-régionale de 18 %. Cette situation limite la capacité de l’État à financer les infrastructures et les services publics essentiels.

Le ministre de l’Économie a souligné l’impact direct de cette augmentation des dépenses fiscales sur l’exécution du budget national. Il a notamment mis en avant les conséquences négatives telles que l’aggravation du déficit budgétaire et l’accroissement du taux d’endettement. Plus les dépenses fiscales augmentent, plus le gouvernement doit recourir à des emprunts pour combler le manque à gagner, ce qui alourdit la dette publique.

Vers une meilleure mobilisation des ressources internes

Face à ces défis, plusieurs recommandations ont été formulées. L’une des priorités est d’élargir l’assiette fiscale en augmentant le nombre de contribuables et en renforçant le civisme fiscal. Pour y parvenir, la Guinée bénéficie du programme « Appui à la mobilisation des ressources intérieures et au contrôle » (AMRIC), cofinancé par l’Union européenne et la France à hauteur de 9,7 millions d’euros. Ce programme vise à améliorer la collecte des recettes fiscales et à fluidifier le commerce.

Le gouvernement doit ainsi trouver un équilibre entre l’attractivité fiscale pour encourager l’investissement privé et la nécessité d’une mobilisation accrue des ressources internes pour financer son développement. La modernisation des services fiscaux et douaniers, ainsi que la simplification des procédures administratives, sont essentielles pour atteindre ces objectifs.

L’augmentation des dépenses fiscales en Guinée constitue un véritable défi pour la soutenabilité des finances publiques. Si ces mesures peuvent avoir des effets positifs à court terme en stimulant certains secteurs économiques, elles risquent, à long terme, de compromettre la capacité de l’État à financer son développement. Une réforme fiscale ambitieuse, axée sur l’élargissement de l’assiette fiscale et une gestion plus efficace des ressources, est essentielle pour garantir une croissance économique durable en Guinée.

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