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L’expression qui sied pour traduire exactement les retrouvailles de ce week-end à Kankan, labellisées marche de la paix, est bien le « déferlement humain ». C’est bien ce qu’il y a eu ce 1er février dans le Nabaya. Les organisateurs de la marche exultent. Ils se congratulent, à juste raison. Parce qu’ils ont réussi à relever un défi qui n’était pas évident à priori. Mieux, pour les plus critiques, cela relevait d’un rêve fou. Kankan étant en effet connue comme étant un bastion historique et jusqu’ici imprenable du RPG, l’adversaire du pouvoir militaire, grand soutien et bénéficiaire de cette initiative.
Il était 9 heures, ce samedi matin, quand la foule réunie au carrefour Komarala, a pris le départ pour la place des martyrs, au centre-ville, le terminus, là où les discours de fin de la manifestation ont été lus. L’itinéraire fait environ 5 km. Les marcheurs, des dizaines de milliers, tous vêtus de blanc, portant des t-shirts floqués du portrait du Général-président, à côté duquel on pouvait lire différents slogans dédiés à la paix et l’unité. Comme pour coller à la thématique de l’évènement.
Mais à l’arrivée, c’était un message d’une autre tonalite auquel l’auditoire a eu droit, à savoir un soutien aux actions du chef l’Etat et un appel à la candidature de celui-ci pour la future présidentielle dont on ignore encore la date de l’organisation. Le porte-parole des présidents des délégations de la préfecture l’a dit si haut et si fort. Le General Amara, qui était entouré par de nombreux ministres et cadres de l’administration l’a aussi réitéré avec conviction et détermination. En meneur d’hommes depuis qu’il est à Kankan, il a affirmé sans ambages qu’il n’y a pas d’alternative à son patron pour garantir la paix. Une manière intelligente de garder un lien avec le thème du jour. Des messages et appels accueillis par un tonnerre d’applaudissements.
« La candidature du Président est en train de prendre forme. Les gens commencent à y adhérer, disons-le » lançait un homme, l’air sérieux.
De son côté, le Directeur du garage gouvernement qui ne s’est pas fait conter cet événement prévient : « C’est le début de quelque chose d’historique ». Abdoulaye Sinkoun Kaba dit ne pas être surpris de la mobilisation dont il recevait les signaux depuis Conakry, à cause de ce que, dit-il, son grand patron au palais Mohamed 5 est en train d’accomplir pour le pays.
Ce n’était donc pas qu’une marche. C’était tout simplement l’affirmation de la popularité du Président de la république qui était encore à la traîne chez lui. Le défi était donc double. Le pouvoir militaire en était conscient. C’est pourquoi ils ont changé de leadership à la tête du comité d’organisation avec l’arrivée de nouvelles têtes plus consensuelles. Au nombre desquelles, le secrétaire général du ministère des Sports, Billy Keïta, qui en était d’ailleurs le Président. On y retrouvait aussi des jeunes cadres et influenceurs de l’ancien parti au pouvoir, qui basculent ainsi dans le CNRD.
Cette nouvelle stratégie a aidé, on a pu le constater, à la mobilisation. Y ont aussi contribué, des actes posés par le Président à Kankan, notamment le bitumage des routes urbaines, la construction d’une autoroute longue de 8 km, la rénovation et la construction des lieux de culte. « Le fait de venir vers nous, nous expliquer la vision du président, à laquelle vision on a adhéré, puis nous associer à l’organisation était la solution pour faire basculer la ville. Le fait de nous voir a fait changer beaucoup de personnes qui rejoignent désormais le mouvement », ont expliqué des anciens responsables du RPG ayant rejoint le CNRD.
Pour revenir à la marche, les populations de Kankan ont massivement répondu à l’appel du pouvoir.
Il est possible que ce succès puisse inspirer l’organisation de la marche ailleurs, dans d’autres régions.
Lamine Mognouma Cissé, en séjour dans la région