Kankan : le mystère d’une famille confrontée à une infertilité exclusivement masculine

il y a 1 heur 15
PLACEZ VOS PRODUITS ICI

CONTACTEZ [email protected]

Depuis plusieurs générations, dans une famille d’un village de la région de Kankan, seuls les hommes sont touchés par l’infertilité, tandis que les femmes donnent naissance sans difficulté. Un drame intime, longtemps tu, qui soulève des interrogations médicales, sociales et culturelles.

Dans une concession discrète de la Haute-Guinée, une famille vit une épreuve peu commune. Depuis des décennies, aucun homme de cette lignée n’a réussi à avoir d’enfant. Une réalité douloureuse, qui contraste avec la situation de leurs sœurs, toutes mères, parfois de familles nombreuses. Entre incompréhension, stigmatisation et ruptures conjugales, ce phénomène alimente un profond malaise.

Acceptant de témoigner sous couvert d’anonymat, l’aîné de la famille explique que le silence a longtemps été leur seule protection. « Nous avons gardé cette souffrance pour nous, par honte et par peur du regard des autres », confie-t-il.

L’histoire remonte à près d’un demi-siècle. Le père de famille, que nous appellerons M. X, marié à Mme Y, a eu plusieurs enfants, garçons et filles. Ce n’est qu’à l’âge adulte, lorsque les fils ont commencé à se marier, que le constat s’est imposé. Année après année, aucun enfant n’est né dans leurs foyers.

Comme souvent dans les milieux traditionnels, les premières suspicions ont visé les épouses. Examens médicaux, traitements traditionnels, prières : rien n’y a fait. Dans certains cas, l’arrivée d’une seconde épouse n’a pas changé la situation. Plusieurs unions ont fini par se briser.

« Si tout se passait normalement, l’aîné aurait déjà au moins cinq enfants », explique un membre de la famille. « Mon frère a eu deux femmes. La première est partie depuis longtemps à cause de l’absence d’enfant. »

Un autre frère partage la même expérience. « J’ai moi aussi perdu ma femme pour cette raison. Même notre plus jeune frère n’a toujours pas d’enfant, alors que tout semble normal dans nos foyers. »

Ce qui renforce l’incompréhension, c’est la fertilité des femmes de la famille. « Nos sœurs n’ont aucun problème. Certaines ont eu jusqu’à neuf enfants », souligne-t-il. Ce contraste nourrit les rumeurs dans le village. Pour certains habitants, il s’agirait d’une malédiction. D’autres pointent du doigt les parents, accusés d’être à l’origine du mal.

Ces soupçons pèsent lourdement sur la famille. Le père, visiblement affecté, confie sa détresse. « Il m’est devenu difficile de sortir en ville. Je ne connais pas la cause de ce qui arrive à mes fils, mais je donnerais ma vie en sacrifice pour avoir un petit-fils. »

La mère, en larmes, évoque une souffrance quotidienne. « J’ai prié nuit et jour. Aujourd’hui, notre premier fils nous évite. Il ne répond presque plus aux appels de son père. Dieu nous voit. »

Face à l’absence de réponses, la famille s’est tournée vers des pratiques traditionnelles. Un charlatan aurait affirmé avoir identifié un objet mystique enfoui sous la maison familiale. Après des fouilles, des objets jugés inhabituels — un œuf, un vieux torchon, une seringue contenant du sang — auraient été découverts puis brûlés, dans l’espoir de lever une supposée malédiction. Sans résultat.

Selon les témoignages recueillis, la famille a également consulté plusieurs structures sanitaires et des praticiens traditionnels. Aucun traitement n’a permis d’expliquer ou de résoudre le problème. À cette détresse psychologique s’ajoutent désormais des difficultés financières, liées aux nombreuses démarches engagées.

« Nous demandons l’aide de toute personne de bonne volonté », lance l’un des membres. « Nous avons besoin de soutien pour nous rendre dans de grands centres hospitaliers. Si rien n’est fait, notre famille risque de disparaître. »

Malgré les épreuves, la résignation n’est pas à l’ordre du jour. Entre espoir médical et croyances culturelles, cette famille continue de chercher des réponses. Son souhait reste inchangé : voir un jour naître un enfant, et rompre enfin le silence d’une lignée menacée par l’infertilité masculine.

Karifa Doumbouya, correspondant à Kankan

612 51 22 79

L’article Kankan : le mystère d’une famille confrontée à une infertilité exclusivement masculine est apparu en premier sur Mediaguinee.com.

Lire l'article en entier