Justice en sursis ? La CPI surveille de près la situation en Guinée

il y a 4 heures 29
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Le regard grave, les mots pesés, Mame Mandiaye Niang, Procureur adjoint de la Cour pénale internationale, a quitté Conakry ce 21 mai après une visite de trois jours. Une visite cruciale, la quatrième du genre, dans un contexte judiciaire brûlant : la grâce présidentielle accordée à l’ex-chef d’État Moussa Dadis Camara, pourtant condamné à 20 ans de prison pour les crimes du 28 septembre 2009, a secoué l’opinion.

« Les victimes sont désemparées », a confié Niang, visiblement préoccupé. Durant sa mission, il a rencontré le Premier ministre Amadou Oury Bah, le ministre de la Justice Yaya Kaïraba Kaba, des représentants de la société civile, des partenaires onusiens et européens, mais surtout, des victimes. Des hommes et des femmes qui, quinze ans après les horreurs du stade de Conakry, attendaient toujours une chose : que justice passe, sans compromis.

L’octroi de la grâce à l’ancien Président, libéré le 28 mars dernier, a été un choc. Pour Niang, cette décision risque de fragiliser les avancées majeures réalisées par la Guinée dans sa lutte contre l’impunité. Et le message est clair : les auteurs de crimes contre l’humanité ne doivent pas bénéficier de privilèges.

« Cette grâce pourrait envoyer un mauvais signal, en contradiction avec les engagements internationaux de la Guinée », a-t-il averti. Car en 2022, la Guinée et la CPI avaient signé un mémorandum d’accord historique, scellant une volonté commune de rendre justice sur le territoire national.

Pour autant, l’espoir n’est pas mort. Le Procureur adjoint salue la poursuite du procès au stade de l’appel, et surtout, le décret présidentiel sur les réparations. Un signe, selon lui, que l’État guinéen ne tourne pas le dos aux victimes. « Il n’y a pas eu de changement de cap », rassure-t-il.

Avec sobriété mais détermination, Mame Mandiaye Niang a rappelé à tous que les crimes du 28 septembre ne tomberont pas dans l’oubli. En marge de ses rencontres officielles, il a aussi échangé avec des ONG locales, des représentants de l’ONU, de l’Union européenne, et promis que le Bureau du Procureur resterait mobilisé. Y compris en partageant ses archives pour soutenir les procédures en cours.

Un message fort, porté avec humanité : la justice n’est pas une faveur, c’est un droit. Et malgré les turbulences, la Guinée reste, pour la CPI, un partenaire clé dans cette quête de vérité et de mémoire.

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