Jeux de hasard en Guinée: l’autorité de régulation ARSJPA roule-t-elle pour Guinée Games ?

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L’Autorité de Régulation des Sociétés de Jeux et des Pratiques Assimilées (ARSJPA) a pris coup sur coup deux décisions qui sèment des doutes sur sa neutralité vis-à-vis des sociétés qu’elle est censée réguler. Elle a d’abord décidé de fermer à partir du 1er janvier 2024 les sociétés de jeux en ligne 1Xbet et Yellow Bet pour «manquements et dysfonctionnements ». Et curieusement à partir de la même date, elle autorise la Société Guinée Games à faire les jeux physiques qui étaient dévolus par un décret présidentiel à la société étatique LONAGUI.

A 1Xbet, c’est la stupeur totale : « comment on peut fermer une société qui a payé cette année à un parieur le record de gain de 5 milliards de francs guinéens, pour favoriser une société qui n’a jamais payé un milliard à un parieur en 20 ans d’existence ? »

C’est la même consternation à Yellow bet : « Pourquoi on nous demande de fermer le 1er janvier et le même jour on accroit les activités de Guinée Games ? C’est pour que tous nos clients partent maintenant à Guinée Games, ce n’est pas juste. »

Un travailleur de la LONAGUI requérant l’anonymat aboutit à la même conclusion : « L’ARSJPA veut évincer les deux opérateurs de jeux en ligne au profit de Guinée Games. De même, l’ARSJPA veut permettre, à court terme, de permettre Guinée Games de concurrencer la LONAGUI sur le réseau physique, et, sur le moyen et long termes, d’évincer purement et simplement la LONAGUI. Les vrais motifs du communiqué annonçant la suspension des deux opérateurs en ligne sont là: leur seul crime est celui de posséder un marché qu’on veut arracher et donner à quelqu’un d’autre. Concernant la LONAGUI, l’ARSJPA trouve anormal que l’Etat guinéen profite un peu du secteur des jeux parce que Guinée Games a plus besoin d’argent que l’Etat. »

Et d’ajouter : « Dans tous les pays où les jeux d’argent sont autorisés, ils sont fortement encadrés parce que les opérateurs ne sont pas des producteurs de biens ou de services. Leur unique rôle est de collecter l’argent des joueurs (les mises) et de remettre aux gagnants leur argent (les gains). C’est tout!

Jusqu’au décret salutaire du Colonel Mamadi Doumbouya, la Guinée était le seul pays au monde qui faisait exception car un opérateur privé avait réussi pendant 2 décennies à prendre le contrôle d’un secteur qui devait normalement relever de la sphère publique.

Depuis que le Colonel a sifflé la fin de la récréation et remis l’opérateur public dans son droit, en lui accordant le monopole des jeux sur le réseau physique, le Roi des jeux en Guinée cherche les voies et moyens de reprendre son trône.

Dans cette longue marche, la création de l’ARSJPA en constitue la toute première étape. Les observateurs avertis savent que la seule réglementation des jeux qui existe en Guinée est l’arrêté de 2009 portant application du Décret de 2000 créant la LONAGUI. C’est le seul texte qui contient un minimum de normes sur le rôle de la LONAGUI et sur ses rapports avec ses partenaires. L’étonnement était donc grand quand en janvier 2023, on a annoncé la création d’une autorité de régulation des jeux, sous la forme d’un établissement public administratif, et non d’une autorité administrative indépendante, alors même qu’il n’y a pas de cadre légal pouvant servir de référentiel au nouveau régulateur pour exercer une vraie mission de régulation. Réguler, c’est faire en sorte qu’un système fonctionne normalement. Comment peut-on réguler un système incomplet? »

Guinéenews a contacté l’AJRSPA pour avoir sa réaction sur ces accusations. Nous n’avons pas eu de réponse au moment où nous publions ces lignes.

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