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Après l’immense vague de solidarité dont elles ont bénéficié suite au drame survenu en décembre dernier, les victimes de l’incendie du dépôt d’hydrocarbures de Kaloum se sentent désormais abandonnées. Leurs relations avec les autorités et les responsables locaux se sont considérablement détériorées. Selon Mamoudou Cifo Kè Touré, président du comité des sinistrés des hydrocarbures de Coronthie, la confiance entre les deux parties est rompue, laissant place à la méfiance, voire à la défiance.
Plus de 100 jours après la tragédie, les habitants de Coronthie 1, la zone la plus durement touchée, attendent toujours une première action en vue de la reconstruction des maisons sérieusement endommagées, voire détruites.
Cependant, M. Touré exprime sa surprise et sa déception quant à l’absence de progrès, malgré la visite d’une délégation dirigée par le chef de cabinet du ministère de l’Urbanisme, de l’Habitat et de l’Aménagement du Territoire.
Il rappelle qu’une « évaluation exhaustive a été réalisée, avec la participation de notaires, d’ingénieurs et de représentants des autorités compétentes. Ils ont filmé, photographié. Ils ont enregistré les familles et les ménages. Tous les dommages ont été documentés. » Mais depuis lors, aucun progrès n’a été enregistré.
En outre, il dénonce le manque d’actions concrètes de la part du gouvernement pour répondre aux besoins urgents des victimes, notamment la reconstruction des habitations. « Même dans la communication gouvernementale, ils ont réussi à circonscrire la partie la plus touchée en disant que ce sont les 500 mètres. Zone dans laquelle, ma famille a trois concessions », explique-til le président du Comité des victimes.
Au lieu de passer à la reconstruction des logements, le gouvernement se contente de distribuer des denrées alimentaires, alors que le besoin le plus pressant est un logement décent pour les sinistrés qui sont contraints de vivre dans des maisons endommagées ou à la belle étoile, particulièrement préoccupant avec l’arrivée des pluies.
« Dans le cadre de la réparation de nos maisons, nous n’avons rien reçu. Or, il y a eu une forte mobilisation de la communauté nationale et internationale et des bonnes volontés (…). Fort malheureusement, tout ce qu’ils ont donné comme contributions allant dans le sens de la réparation des maisons, la réfection des toitures, la pose des briques, rien n’a été fait. Nous n’avons rien reçu. Ni ciment, ni tôles, ni fer à béton, ni bois, ni peinture, encore moins du sable. Rien. Or, s’il y a quelque chose qui préoccupe les habitants de Coronthie, ce n’est pas ce qu’ils mangent parce qu’avant ça, chacun mangeait avec sa petite famille. Mais ce qui nous importe, c’est ce qui est urgent. C’est où dormir, parce qu’ils dorment dans ces maisons aux murs fissurés ou à la belle étoile, alors que les pluies pointent à l’horizon », regrette-t-il.
M. Touré souligne également des manœuvres visant à diviser les victimes et à favoriser d’autres individus, y compris des locataires, au détriment des principaux concernés. Il évoque des suspicions de corruption et de détournement dans la gestion des ressources allouées à la reconstruction.
« Le chef de quartier, à cause des denrées à partager, s’est mis dans la danse pour dire que nous avons un bureau auquel il ne prend pas part. Et qu’il faut qu’il soit associé. D’ailleurs ANGUCH (Agence Nationale de Gestion des Urgences et Catastrophes Humanitaires) demande le recensement des ménages qui n’ont pas reçu encore de denrées parce que c’est ça aussi le prétexte du gouvernement. Dès que vous entreprenez quelque chose, il dit de poursuivre la distribution des denrées », affirme-t-il
Face à cette situation, les victimes envisagent sérieusement de recourir à des actions judiciaires pour obtenir réparation. Ils critiquent également la mise en place d’un comité parallèle par les autorités, qu’ils considèrent comme une manœuvre pour éviter de répondre adéquatement aux besoins des sinistrés.
« Dans notre situation actuelle, est-ce que nous avons besoin de nourriture ou bien nous avons besoin de maison ? Il y a des victimes qui sont en banlieue. Même le transport qu’ils paient tous les jours aller et retour, c’est plus que les deux ou trois sacs de riz qui sont distribués. Il y a plus de 100 jours que les gens font ça. Il y a des familles qui sont en banlieue, qui paient le transport pour les enfants qui vont à l’école via les moto-taxis. Donc nous avons des charges qui dépassent les denrées qu’ils donnent », ajoute-il. Avant de dire que « il y a des jours où les enfants ne viennent pas à l’école à cause du manque de transport. Alors qu’avant l’incendie, ils n’avaient pas besoin de véhicules pour aller à l’école. »
Aujourd’hui, il regrette la mise en place de ce qu’il appelle comité de victimes parallèle qui est tout sauf du hasard. Monsieur Touré la met au compte des subterfuges que les autorités utiliseraient à l’image de la reconstruction qu’il propose en lieu et place de l’indemnisation, ou le problème de titre foncier ou encore l’idée du déménagement vers Ansoumania Village (Dubréka). D’où l’idée de la menace d’une procédure judiciaire que les victimes explorent sérieusement en vue d’entrer en possession de leur dû.