PLACEZ VOS PRODUITS ICI
CONTACTEZ [email protected]
En huit ans, le Salon international du livre de jeunesse de Conakry s’est inscrit dans le registre des grands événements culturels du pays. En marche vers l’acte 8 de ce rendez-vous, Guinéenews a rencontré son Délégué général. Dans cette entrevue, Aliou Sow, Directeur général des éditions Ganndal et président de l’Association nationale des éditeurs de Guinée nous a promené dans les contours de l’événement. Lisez !
Guineenews : Nous nous acheminons vers la huitième édition du Salon international du livre de jeunesse de Conakry. Quelle est l’empreinte particulière apposée à celle-ci et sous quel thème elle sera célébrée ?
Aliou Sow : Cette huitième édition du Salon international du livre de jeunesse de Conakry va se dérouler sous la thématique générale que nous avons retenue, à savoir : “Lire le monde sous toutes ses formes”. L’importance de ça, c’est que nous avons comme thématique principale, et donc, élément transversal de cette huitième édition, le livre numérique. Parce qu’aujourd’hui, on ne peut plus nier l’importance de la poussée des médias sociaux sur la jeunesse, et donc, puisque nous produisons aussi, en plus des livres physiques, des livres sous format numérique.
Il faut aussi informer la jeunesse scolaire, en particulier les jeunes lecteurs, qu’il y a aujourd’hui une quantité importante de livres numériques qui leur sont disponibles de façon directe, et auxquels ils peuvent accéder sur des plateformes dédiées, qui sont aussi disponibles ici en Guinée, pour eux. Donc, le livre numérique est la particularité, je puis dire, en termes d’approche thématique, mais pas que, dans la mesure où avec tous les stands que nous allons mettre en place au niveau du Centre culturel franco-guinéen et où les éditeurs guinéens, africains et étrangers d’Amérique du Nord, en particulier du Canada francophone vont être représentés. Ils vont exposer leurs livres pour montrer toute la diversité et la richesse de la littérature de jeunesse dédiée au public-jeune en Afrique. Donc, des livres papiers.
Nous aurons aussi des livres audio, parce que maintenant, nous avons des déclinaisons des livres issus du catalogue des éditions Gandal en particulier que nous allons présenter cette année aux élèves qui vont venir des différentes écoles de la capitale pour visiter les stands au Centre culturel franco-guinéen. Mais aussi, nous avons un quatrième volet de livre, une approche sur la disponibilisation des livres accessibles sous forme de livres en braille. Et ça, nous allons saisir une opportunité qui a été offerte par Monsieur le Premier ministre Amadou Oury Bah, qui a décidé de soutenir l’inclusion dans le cercle de l’accessibilité à la lecture, les élèves non-voyants, c’est-à-dire, les élèves vivant avec un handicap visuel. Ça veut dire que pour lui, les élèves comme on le dit “normaux” ne sont pas la seule préoccupation du gouvernement, mais il veut montrer qu’aucun enfant ne doit être laissé derrière dans la dynamique d’éducation générale de la jeunesse guinéenne. C’est ce qui fait que nous allons produire une bonne série de livres de jeunesse en format braille, et qui vont être distribués à l’ensemble des élèves de l’école Sogué de Ratoma, depuis la maternelle jusqu’à la fin du secondaire. Donc, ce sont ces quatre piliers principaux qui vont alimenter les animations littéraires et la présence du livre sur cette huitième édition.
Mais encore une fois, pour répondre à votre question, c’est le numérique qui est l’élément principal. Et c’est pour cela que grâce à l’appui de l’Institut français, à travers le projet Ressources éducatives, nous faisons venir des éditeurs africains francophones qui travaillent de façon assez visible sur cette thématique, qui viennent du Sénégal, du Burkina Faso, Tchad, du Congo Brazzaville et du Bénin. Nous espérons toujours que nos amis de Madagascar pourront nous rejoindre. Mais au moins, ça va prouver qu’en plus de ce que font les éditions Ganndal en termes de livres numériques, les autres pays voisins dans l’espace francophone, impliqués dans le projet Ressources éducatives, vont aussi envoyer des représentants qui vont présenter ce qu’ils font en matière d’accessibilité aux livres numériques pour les jeunes.
A l’image de la septième édition du Salon international du livre de Conakry, des activités sont-elles prévues simultanément avec celles déjà programmées au Centre culturel franco-guinéen ?
La spécificité au niveau de la logistique de cette huitième édition est qu’effectivement, comme tous les ans, nous maintenons la base logistique principale au niveau du Centre culturel franco-guinéen où nous avons tous les espaces, les équipements qu’il faut, et aussi la présence des ONG d’animations culturelles, comme le Club de lecture du CCFG, qui nous appuient au niveau de l’animation lors du passage des écoles. Mais, nous ne nous limitons pas à ça : comme les années passées, nous allons domicilier des activités d’animations culturelles cette fois-ci uniquement, mais qui ne seront pas forcément soutenues par des expositions de livres. Mais des animations tels que les défis lecture, le duel des mots, les animations de nos auteurs dans les écoles et dans les communes. Nous allons continuer à faire ces animations pour la commune de Kaloum à travers la Bluezone, mais nous serons aussi à Lambanyi, nous serons à la Maison des jeunes de Ratoma, ne serait-ce que sur deux jours de disponibilité de l’espace d’animation. Mais nous serons aussi du côté de Matoto pour faire ces mêmes types d’animations dans les écoles et les mêmes jeux.
L’objectif final en particulier pour ces jeux interscolaires de lecture, c’est de pouvoir distribuer des chèques-livres offerts par nos partenaires techniques. Et donc, ces chèques-livres, comme tous les ans, vont permettre aux élèves récipiendaires, ayant participé à ces différents concours, de pouvoir sillonner les stands des éditeurs et des libraires au Centre culturel franco-guinéen et d’acheter n’importe quels livres qui leur plaisent et qui deviennent leurs propriétés comme les années passées. Donc, voilà un peu comment ça se décline au niveau de l’essaimage dans la ville de Conakry.
Quel est l’enjeu de ce salon après sept éditions ?
L’enjeu, c’est qu’il ne faut pas lâcher prise. Les difficultés sont énormes. D’année en année, nous avons des difficultés d’organisation. Mais puisque nous avons des partenaires qui nous font confiance et qui nous appuient, parce qu’à partir du moment où nous avons diversifié un certain nombre d’activités d’appui aux livres de jeunesse et à la lecture, y compris dans les écoles de Conakry, en partenariat avec l’Inspection régionale de l’Éducation et les Directions communales de l’Éducation, grâce à la mise en place des bibliomalles, nous maintenons la pression, parce que tant que nous ne faisons pas en sorte que, tout le monde ensemble réuni, les livres de lecture pour les jeunes soient disponibles dans les écoles et dans les mains des enfants, ça va être difficile de dire que nous allons cultiver l’amour du livre et de la lecture chez nos jeunes. Et pourtant, il le faut. Si nous voulons toujours maintenir l’optique de créer une société de lecteurs dans notre pays, il faut commencer par les jeunes. Et c’est ce que nous faisons depuis huit ans maintenant. Nous continuons. Et le fait que les bibliomalles en particulier soient en train de gagner chaque année un peu plus d’écoles, ça veut dire que les livres de jeunesse, en tant que matériels complémentaires de lecture, sont en train d’arriver dans beaucoup plus d’écoles et à l’intérieur du pays aussi, puisque nous avons des ONG de ressortissants guinéens en France par exemple et des ONG françaises, ainsi que d’autres associations qui sont basées à Conakry et des organismes comme la Fondation Orange, qui achètent des bibliomalles et qui les envoient dans les écoles, ça veut dire que l’élan est en train de se développer. Et ce qui est intéressant pour nous, c’est de constater que d’année en année, nous avons plus de présences dans plus d’écoles aussi bien à Conakry que dans les villes de l’intérieur du pays, grâce à cet élan d’appui des partenaires qui achètent ces bibliomalles et des associations et ONG qui en font autant et qui les distribuent. Et nous, notre rôle, c’est de renforcer cet élan. Nous formons les enseignants à l’utilisation de ces livres pour que partout où il n’y a pas accès aux livres de lecture complémentaires comme c’est le cas dans nos écoles où il n’y a pas de bibliothèques scolaires, au moins que lorsque la cantine arrive dans la classe, que l’enseignant l’utilise efficacement et que les élèves apprennent à développer les compétences de lecture.
Y-a-t-il des personnalités attendues à Conakry au cours de ce salon ?
Cette année, nous avons une personnalité étrangère qui est invitée d’honneur de ce salon : c’est Dr Hibou Moumin Assowé, ministre de la Jeunesse et de la Culture de la République de Djibouti. Pour nous, c’est quelque chose d’important. Elle a accepté l’invitation. Elle sera là avec une délégation composée de hauts cadres de son ministère. Donc, ça fait qu’il y a une reconnaissance internationale supplémentaire au plan politique et au plan institutionnel de la présence et de l’efficacité du Salon international du livre de jeunesse de Conakry. Pour nous, la présence de Madame la ministre de la Culture de Djibouti est aussi une source supplémentaire de motivation pour dire que oui, depuis huit ans nous sommes là. Il faut qu’on avance vers une neuvième, une dixième, une énième édition de ce salon.
Interview réalisée par Mady Bangoura