PLACEZ VOS PRODUITS ICI
CONTACTEZ [email protected]

Une vulnérabilité croissante
La Guinée fait face depuis plusieurs années à une recrudescence des phénomènes de glissements de terrain et d’effondrements liés aux mouvements tectoniques et aux pluies diluviennes. En Basse-Guinée, notamment à Simbayah (Dubréka), Manéah et dans la banlieue de Conakry, ces catastrophes se multiplient et entraînent des pertes humaines ainsi que des dégâts matériels considérables.
Des chiffres récents qui interpellent
- En août 2025, à Matoto (Conakry), de fortes pluies ont provoqué l’effondrement de deux habitations, causant au moins 5 morts.
-
La même semaine, à Soumanbosia (Conakry), un père de famille a perdu sa femme et ses trois enfants dans un éboulement dramatique.
-
À Dubréka, un glissement de terrain a récemment fait 1 mort et causé d’importants dégâts matériels.
-
Dans la nuit du 20 août 2025, selon les dernières informations de l’ANGUCH, un glissement de terrain a coûté la vie à 4 personnes à Manéah.
Ces événements, qui s’ajoutent aux nombreux sinistres enregistrés ces dernières années, démontrent l’extrême vulnérabilité des zones habitées situées sur des sols instables ou inondables.
1-Les causes aggravantes
Au-delà des aléas naturels, certaines pratiques humaines renforcent le risque:
- Les forages sauvages effectués par des particuliers pour pallier le déficit d’approvisionnement en eau de la SEG. En créant des alvéoles dans le sous-sol, ils fragilisent la structure géologique et favorisent à terme des effondrements et micro-mouvements tectoniques.
-
L’urbanisation anarchique, sans étude préalable des sols, qui conduit à construire des habitations sur des terrains instables, des pentes fragiles ou des zones inondables.
-
L’exploitation incontrôlée des carrières de sable et de granite, souvent réalisée à l’aide de dynamites. Ces carrières sont très souvent implantées à proximité immédiate des zones d’habitation, ce qui fragilise la stabilité du sol et peut avoir un impact direct sur les bâtiments environnants dans un rayon de plusieurs kilomètres. Ces explosions accentuent les microfissures souterraines et augmentent les risques de mouvements tectoniques.
Réformer et contrôler les permis
Il est désormais indispensable que l’État engage une réforme profonde des procédures de permis:
- Permis de construire : Chaque permis devrait être conditionné par la délivrance d’un «quitus risque» établi par la Protection Civile, après une expertise géophysique et du sol. Ce quitus permettrait de déterminer si la zone est habitable en toute sécurité ou exposée à des risques de glissements, d’inondations ou de mouvements tectoniques.
-
Permis de forage et d’exploitation: La délivrance des permis de forage et l’autorisation d’exploitation des carrières doivent être beaucoup plus encadrées. Une réglementation stricte doit imposer des études d’impact environnemental et géologique avant toute activité.
Les sociétés de forage et d’exploitation doivent être contrôlées et sanctionnées en cas de manquements.
- Exploitation des carrières de sable et de granite: L’État doit mettre en place une réglementation beaucoup plus stricte des conditions d’exploitation, interdire ou limiter leur 2proximité avec les zones d’habitation, et veiller à ce que toute carrière respecte des normes de sécurité géologique et environnementale.
Autonomiser et renforcer la Protection Civile
Pour réussir cette réforme, la Protection Civile doit être dotée de moyens renforcés:
- une autonomie administrative et financière pour agir efficacement,
-
une réglementation claire du secteur de la prévention des risques, avec des responsabilités bien définies,
-
des agents formés et équipés pour conduire des études fiables et indépendantes sur la vulnérabilité des zones.
Une responsabilité collective pour l’avenir
La multiplication des décès enregistrés en 2025 à Conakry, Coyah et Dubréka illustre l’urgence d’agir. La Guinée ne peut plus se permettre de laisser prospérer les constructions anarchiques, les forages incontrôlés et les exploitations minières anarchiques.
La prévention, à travers un quitus risque obligatoire et une réglementation stricte des permis, doit devenir la règle. Elle constitue la première étape vers une urbanisation résiliente et un développement durable.
Mohamed KOUYATÉ, Expert en sécurité incendie et spécialiste en Changements institutionnels, Risques et Vulnérabilité sociale
L’article Glissements de terrain et mouvements tectoniques en Basse-Guinée: urgence d’une réforme des permis de construire (Par Mohamed Kouyaté) est apparu en premier sur Mediaguinee.com.