Francophonie n’est pas Françafrique [Par Moïse Sidibé]

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En 1958, pour la première fois, la fête de Noël a été fêtée dans le ‘’Camp des Nouveaux Vietnamiens’’, un camp de regroupement des soldats de divers horizons qui ne voulaient plus suivre le drapeau français sous d’autres cieux, soit pour avoir fondé foyer pendant la longue captivité, soit pour avoir vu trop d’horreurs pendant la guerre. Pour éviter le sobriquet ‘’déserteurs’’ que les Français leur ont attribué, les Vietnamiens les ont adoptés avec l’appellation ‘’Nouveaux Vietnamiens’’, plus hypocoristique. Des jouets à offrir aux enfants étaient exposés dans une grande salle qui servait à des rassemblements divers…

Dans ce camp hétéroclite, cosmopolite, il y avait des Allemands, des Algériens, des Marocains (quand on entend que ces deux pays sont en discorde, cela fait quelque chose, quand on sait que Ahmed Sékou Touré avait… ce n’est pas le sujet), des Tunisiens ; Et pour ne pas énumérer un à un, tous les Africains noirs, du Sénégal au Congo jusqu’à Madagascar, étaient dans ce camp. Par grégarisme, Les hommes d’une même sous-région étaient regroupés avec leur femmes et enfants.

Qui se ressemble s’assemble. Au sein des Guinéens, pour communiquer et se faire comprendre, puisqu’il y avait des Soussous de Sansalé, de Madina Oula, des Djalonkés de Faranah, des Peuls de Tougué, de Labé, des Kissis, des Tomas, des Guerzés, des Djakankés, c’était tout un exercice acrobatique en linguistique, le français, la langue de communication ‘’universelle’’ à tout ce monde, était très à peu près, à part les présentations individuelles : « soldat x, numéro maticule). Les Djakankés ont plus d’avantages par le fait qu’ils sont à cheval entre la Moyenne-Guinée, la Haute-Guinée et la Basse-Guinée, ils comprennent un peu du pular, un peu du malinké, un peu du soussou, le tout mis sur un peu de français, le tour est fait pour comprendre et se faire comprendre les uns des autres. En cas d’échauffourée entre un Guinéen et un autre, chez la vieille vendeuse de sum-sum-dada (le dolo du riz des Vietnamiens) derrière le camp, tous les Guinéens, sans exception, accourent à la rescousse. Il n’y avait plus d’ethnie, pour la circonstance. La solidarité naturelle était sans faille, pas comme celle inculquée à la légion étrangère de France. A propos, les témoins de l’histoire qui ont eu l’opportunité inestimable de voir un documentaire sur TV5 monde, la TV de la Francophonie, entre 2011 et 2012, montrant le mode de recrutement avec les 5 tractions sine qua non d’admission à la porte d’entrée, montrant les entrainements et marches d’endurance avec 25-40-50 km de marche d’endurance avec des sacs de 25, 30, 40 kilos au dos, montrant les épreuves de solidarité, de discipline et de sanction, en cas de bagarre entre deux gus, ont vu un bachelier guinéen de 20 ans, selon le présentateur qui prononcé un nom qui a fui de la mémoire. Qui a dit que la vieillesse est un naufrage, si ce n’est le grand Charles, le fondateur de la Cinquième république et de l’incestueuse Françafrique. Tenez une illustration de cette relation incestueuse : si l’empereur Bokassa-1er a donné des diamants au président Valérie Giscard d’Estaing, qu’il ne voyait que comme un jeunot, qu’est-ce que le sergent Jean Bedel Bokassa, qui doit toute son ascension à ‘’son père’’ de Gaulle, ne lui a pas donné ? Pourquoi la presse française de l’époque n’en a rien pipé ?

En plus, dans cette mosaïque de langue e de culture dans le camp des « Nouveaux Vietnamiens », le malinké et le pular ayant les dérivés et emmanchements dans toute l’Afrique de l’ouest, actuellement la CEDEAO, par dérivations laborieuses, les gens se sont compris, ou ils ont fait semblant de se comprendre. Pour celui qui vu et vécu cela, il est difficile de vivre une autre réalité en Guinée engendrée par la Françafrique, hormis son côté incestueux, celui de diviser pour régner. Heureux que la presse française prononce, enfin, ce mot. Les Guinéens qui se prêtent à ce jeu ont été profondément induits en erreur. Emmanuel Macron, qui est probablement le dernier président de la Françafrique, doit aider l’Afrique à sortir de la Françafrique et de réintégrer la Francophonie.

Revenons au sujet : tous les cadeaux destinés aux enfants du camp étaient exposés dans une grande salle. Il y avait un vélo, une guitare, un train électrique, une mitraillette, un ballon, des poupées … Sur Chacun d’eux, il avait un numéro. Tirage au sort. Monika Lehmann, 8 ans, qui n’a absolument rien de vietnamien avec ses yeux verts, ses cheveux blonds, son teint et son corps d’allemande, fut la seule qui a tiré ce qu’elle espérait : la grande poupée. Son petit ami, un poissard, qui n’avait d’yeux ronds que pour le vélo ou le ballon ou la guitare, avait tiré un chiffre qui n’était sur aucun objet. Manque de bol (comme Femke Bol, la super-athlète néerlandaise qui est tombée juste devant la ligne d’arrivée d’une course époustouflante au championnat du monde du 4×400 m dame, et qui pris sa revanche sur le destin aux JO de Paris). Ainsi, les organisateurs avaient sollicité le concours de tous pour trouver le chiffre. Rien. Ils sont allés consulter un registre, ils sont revenus avec détermination pour retourner un livre qui était renversé, un livre de contes. Quelle déconvenue ! Ce n’est que plus tard, longtemps après que les autres eussent cassé leurs jouets, quant aux vélo, ballon, guitare, les choses convoitées, personne ne sait qui les a gagnées, magouille ! les grandes personnes continuaient à supplier le gars, à se disputer le livre pour le lire, elles parlaient de la richesse de l’imagination des conteurs sans savoir l’origine, alors que c’était un résumé des contes et légendes de tous les pays francophones du monde. Ce n’est que bien plus, en Guinée, qu’il a découvert la richesse de la Francophonie. Le conte « Les sept petits cochons » viennent de quel pays ? Est-ce que Louise Mushikiwabo peut le dire, de mémoire ? Beaucoup d’histoires et anecdotes écrites pas des écrivains et auteurs guinéens ont été savamment plagiées ou puisées d’ailleurs et modifiées pour paraîtres originales à l’entendement des Guinéens pour élargir leur développement spirituel.

La Francophonie ne doit pas être l’arrière-cour de la Françafrique

En 2018, alors que la Canadienne Michaëlle Jean était en plein exercice de son premier mandat de secrétaire générale de la Francophonie, pour tenter un rapprochement avec le Rwanda de Paul Kagame, que la France de François Mitterrand avait désigné comme le chef du génocide, et qui avait quitté radicalement la Francophonie pour le Commonwealth, le centre culturel franco-Rwandais de Kigali a été rasé, l’ambassadeur français a été déclaré persona non grata. Pour faire des yeux doux au Rwanda, la France a décidé sans scrupules de remplacer l’ex-gouverneure générale du canada et secrétaire générale de l’OIF, Michaëlle Jean, en plein exercice de son premier mandat, et qui avait par principe droit à un second mandat de 4 ans, par Louise Mushikiwabo, ministre des Affaires Etrangères du Rwanda. Cela avait-il fait infléchi Paul Kagame en vue d’un rabibochage dans les relations diplomatiques, on ne peut le dire, Kagame n’étant plus à l’âge des bonbons, alors que Pierre Buyoya, l’ancien président du Burundi, et le Malgache Henri Lopez, attendaient leur tour dans la rotation. On disait, par ironie, que le secrétariat général de la Francophonie est un lieu de chute privilégié pour les anciens présidents africains qui ont montré patte blanche pendant leur exercice du pouvoir. Chacun des chefs d’Etat en Afrique cherchait à montrer mains propres, mais les choses avaient tourné autrement par la seule volonté du président français. Avait-on voulu rompre avec une tradition qui commençait à s’éculer par la routine ou autre chose, la France ne le dit pas, mais dégommer ainsi Michael Jean, sans que son pays, le Canada, ne bronche, sans que la Belgique ou la Suisse n’aient émis la moindre objection, alors qu’il était dit que la présidence était désormais tournante, cela avait tiqué beaucoup, qui se demandaient si la Francophonie était une organisation des pays ayant en commun la langue française pour échanger et enrichir une culture commune, ou si c’est une organisation politique pure au service de la Françafrique. Le plus désabusé fut Pierre Buyoya, qui ne survivra pas plus d’un an à l’entrée en fonction de Louise Mushikiwabo, le camouflet pour lui était d’autant grand que le Rwanda et le Burundi n’étaient pas amis. Mais bémol, il est à souligner ici que Pierre Buyoya n’était plus en mesure d’exercer dignement cette fonction, il était un peu sénile et n’était proprement pas apte à diriger la Francophonie en concurrence serrée avec le Commonwealth, qui cherchait à attirer d’autres dans son giron.

Présentement, nos amis de l’AES sont bien tentés de faire le saut dans l’inconnu, mais il leur faudrait sacrifier une génération entière en frais et dépenses diverses et tout recommencer comme au primaire… Où en est le Gabon ? Si apprendre une langue est facilement à la portée des enfants, des adolescents et à la limite des jeunes gens, mais pour des jeunes-vieux, ou des vieux-jeunes, cela va être laborieux, s’ils n’ont aucune base dans une autre langue. Cette expérience, on l’a vécue en apprentissage de l’Allemand. Les vieux fatigués de la Syrie et de la Guinée avaient rencontré toutes sortes de difficultés. Rien que dans les nouvelles technologies de l’information, combien de temps il a fallu aux Ansoumane Bangoura, pour ne citer que lui, qui venait faire saisir son texte à l’INDEPENDANT ? On parle de Ansoumane Bangoura, parce que voilà un gars qui aime à bien parler le français, lui et Justin Morel Junior, les deux modèles pour le gars Amadou Djouldé Diallo. Mais, même quand la tête de la Francophonie a été gagnée par la Rwandaise, le Rwanda était resté dans le Commonwealth, le français n’est toujours pas revenu dans les écoles, cela pourrait leur coûter beaucoup.

Tout cela, c’était avec la France des autres présidents, que Emmanuel Macron a mis dans le même panier « les Fainéants » qui l’ont précédé, sans citer un nom, mais les observateurs voient les Mitterrand, Chirac, Sarkozy, Hollande. Le voilà, à son tour, chez le coiffeur, avec un déficit de 6%, soit de 3100 milliards d’euros et des jetons, après les dépenses faramineuses dans les JO 2024 et les jeux paralympiques. Aux temps « des fainéants », le trou financier n’était pas si béant qu’en son temps et elle marchait sur ses pieds. Actuellement, la France risque d’être mise sous tutelle financière comme la Grèce, quand, pour la frime et l’esbroufe, elle a organisé les JO d’Athènes en 2004 en mettant les plats dans les plats, sans être à mesure de rattraper le gap jusqu’en 2011 pour être mise sous tutelle de remboursement. Le Premier-ministre Michel Barnier est en porte-à-faux entre la majorité de l’extrême-Gauche et la seconde majorité de l’extrême-Droite, situation dans laquelle le sort du gouvernement, du président, de la Cinquième république, et pour le bouquet, le sort de l’incestueuse Françafrique dépend du RN de Marine le Pen, la femme la plus puissante de France et d’Europe, mais que les autres du Nouveau Front Populaire, la nouvelle coalition de la France insoumise pour faire tomber la Cinquième république, voient comme larbin. Si le gouvernement Macron tient encore débout, le RN n’est pas un étai solide, mais plutôt un taquet qui, s’il est décalé, ferait l’effondrement ou l’écroulement général de tout l’édifice. Le gouvernement Barnier ressemble à un poulet dans un hamac, où ni le poulet ni le hamac ne peuvent se tranquilliser.

Quant à la Francophonie, Louise Mushikiwabo dit que le français est en recul, soit, mais si la Françafrique disparaissait, la Francophonie pourrait retrouver sa superbe d’antan dans les relations saines entre la France et l’Afrique.

 

 

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