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Avant tout, une réalité toute particulière s’impose à la vue de tous, dans la capitale: jusqu’au moment où nous publions cet article, la ville semble encore vide. Aucun embouteillage ne vient gripper les rues et ruelles, habituellement saturées. La circulation est très fluide. On s’en réjouit, tout en s’étonnant.
Cette situation assez rarissime perdure depuis l’avant veille de la fête de Tabaski qui coïncide, chaque année, avec le pèlerinage à la Mecque qui est le cinquième pilier de l’islam. Elle commémore le sacrifice d’Abraham qui est symbolisé par l’immolation d’un mouton. C’est une fête religieuse que les musulmans commémorent avec une forte dévotion.
Sa célébration entraîne un départ massif vers l’intérieur du pays. En effet, comme dans les autres pays musulmans, la majorité des citoyens prennent la route pour passer la fête auprès de leur famille. Ce qui les conduit vers leur préfecture et même plus loin, leur village d’origine, aussi enclavé ou excentré, soit-il. Chez nous, c’est ce qui donne l’impression de voir la capitale, comme littéralement vide de son trop plein habituel de circulation. Quelques questions nous viennent à l’esprit : pourquoi cela ? Qu’est-ce-qui explique cet engouement qui s’empare des citoyens et rayonne sur l’ensemble du pays ? Les réponses tiennent, en large partie, à la signification de la fête.
Nous dirons, au risque de nous répéter, que cette célébration est de la plus haute importance, d’autant qu’elle coïncide avec le pèlerinage musulman. C’est un évènement à fêter auprès des siens. Un acte qui s’accomplit en communion avec la famille et qui donne l’occasion de partager des prières et bénédictions. C’est aussi le moment où on note des actes de générosité en direction des parents. La réalisation de ces rituels est l’une des explications de cette grande mobilisation en cette période. Elle témoigne aussi de la volonté de toujours célébrer la fête, auprès des siens.
L’impact de ces départs massifs vers l’intérieur du pays
Pendant que la capitale se vide littéralement, comme nous l’avons dit à l’entame du sujet, l’intensité de la circulation, elle, se transporte sur les routes inter urbaines. Cette réalité est visible en ces endroits. Le volume du trafic s’accroit, de façon notoire et intense. On note une si grande concentration de véhicules, que penser au retour de la fluidité, à ce moment, reste un vœu pieux.
A titre illustratif, nous pouvons citer l’exemple du tronçon entre Sanoyah et Gomboyah (Coyah). Pour couvrir cette distance de quelque un kilomètre seulement, il fallait passer jusqu’à une heure de temps au moins, en voiture ! Ce qui suffit pour comprendre l’encombrement ou l’anarchie qui y a régné, au moment de la sortie massive de Conakry, pour l’intérieur du pays (image d’archives). Il faut dire qu’une telle situation, dès l’entame du voyage, engendre déjà ou aggrave, le stress des conducteurs.
Autres causes ou facteurs ayant freiné la circulation des heures durant et sur une longue distance
Le vendredi, veille de la fête, en partance pour Mamou, le plus grand ralentissement alterné de blocage total de la circulation, a été observé à l’orée de Linsan, entre Kolakouré (si l’appellation est la bonne) et la déviation qui contourne la commune rurale de Linsan. Là, sur quelques trois kilomètres, un immense bouchon s’est produit, obligeant la gendarmerie routière à déployer des agents, disposés en un long jalonnement. Ce qui a permis de faire passer en alternance, les deux sens de circulation qui n’arrêtaient pas de se remplir. La cause de cette grosse gêne tenait à l’immobilisation malencontreuse de deux gros camions (semi- remorques), en travers de la route, pour cause de panne. Ils étaient à moins d’un kilomètre, l’un de l’autre. Il fallait les dépasser en se rabattant sur le bas-côté de la route. Une manœuvre dangereuse pour les gros véhicules. Il n’y avait aucune possibilité de croisement à leur hauteur. Une situation intervenue à un moment aussi crucial et pendant qu’il n’y a rien à la disposition des gendarmes, pour intervenir radicalement. Ils ont donc utilisé les moyens de bord pour contenir la situation, en lieu et place du camion grue qu’il aurait fallu avoir à disposition. Ce qui aurait été d’une grande utilité.
Véhicules sur la route, à l’occasion de la fête
Parmi les véhicules les plus fréquemment rencontrés sur la route, figurent avant tout, ceux utilitaires (personnels) conduits par leurs propriétaires. Viennent ensuite les motos que pilotent des jeunes ou des adultes. A ces deux niveaux, se pose la question de savoir, quel est le degré de maîtrise ou l’expérience de ces conducteurs, en matière de code de la route et surtout de la conduite en rase campagne. La présence des véhicules de transport en commun, tels les taxis, minibus et autocars est si infime dans le lot des véhicules visibles sur la route, qu’on la remarque à peine. Or, on sait que les chauffeurs des véhicules personnels sont généralement plus familiers de la conduite en ville que de celle en rase campagne. N’est-ce pas de là qu’ils tiennent le qualificatif de ’’chauffeur Coyah’’ ? Allez savoir ! Toujours est-il qu’ils sont réputés pour leur manque de maîtrise. La situation est encore plus risquée, lorsqu’ils conduisent sur de longues distances et sur des routes difficiles, tortueuses et accidentées.
En plus, que consomment certains d’entre eux, dans l’euphorie de l’avant-fête qui les étreint ? Ces conducteurs d’auto ou de moto, ont-ils préparé convenablement leur voyage ? Ont-ils dormi suffisamment, se sont-ils reposés, n’ont-ils mangé et bu, que ce qu’il faut à un conducteur, avant de prendre la route ? Ces situations, si elles ne sont pas prises en compte et bien gérées au départ, sont à l’origine des accidents, surtout si d’autres mauvais comportements sur la route, s’y rajoutent.
Qu’a-t-on fait pour éviter les accidents, avant, pendant et après la fête ?
Cette année encore, davantage de dispositions ont été prises par les autorités pour éviter les accidents ou à tout le moins, en limiter la fréquence et la gravité. Comme d’habitude, les services de sécurité, police et gendarmerie routière, dans leur rôle régalien, ont pris des dispositions, en prévision de la fête. Ils ont mobilisé des milliers d’agents pour lutter contre les accidents, dans la capitale et à l’intérieur du pays.
Mais, dans ce domaine, la part belle revient à l’Agence guinéenne de la sécurité routière (AGUISER) qui a innové en poursuivant sa campagne d’information et de sensibilisation, réactivée au mois d’avril dernier, après la série d’accidents mortels que notre pays a connu sur la RN1, entre Coyah et Mamou et principalement, entre Kindia et Coyah. Ladite campagne s’est poursuivie à Dubréka, Boffa et Boké.
Ce périple, annonciateur du déploiement de l’AGUISER à l’intérieur du pays, a trouvé son vrai champ d’application, à l’orée de la fête de Tabasky. L’agence a donc continué la mise en œuvre de son plan d’action initial, dont les objectifs se recoupent avec ceux liés à la célébration de la fête, à savoir : sensibiliser les usagers pour éviter les accidents. Ainsi, tout le personnel, jusqu’au Directeur Général, a été déployé dans les préfectures et principalement les capitales régionales. Des échanges ont eu lieu avec les partenaires de terrain. Ils ont porté sur des messages de sensibilisation à l’intention de tous les conducteurs d’engins roulants : le respect du code de la route ; la limitation de vitesse, la lutte contre les croisements et dépassements dangereux, la circulation à gauche, la surcharge de bagages ou de passagers, l’alcool, la drogue ou le téléphone au volant, le non port du casque et de la ceinture de sécurité…En somme, des appels, en vue d’éviter de commettre des infractions génératrices d’accident. Ces messages ont été livrés aux autorités régionales, préfectorales, communales, aux services de sécurité (police et gendarmerie routière), aux syndicats de chauffeurs et de taxis motos, à la santé, aux religieux, ainsi qu’à tous les usagers, simples citoyens, chauffeurs ou passagers en transit, se trouvant sur les lieux de la sensibilisation.
Accidents survenus
On déplore malheureusement la survenue d’accidents, avant, pendant et après la fête. On relève même des cas mortels dans le lot, ainsi que des blessés et des dégâts matériels. Ce qui est fort déplorable. Des automobiles et des motos sont parmi les véhicules impliqués. Nous ne revenons pas sur les chiffres, la police ayant déjà livré son bilan recueilli par les unités qu’elle a déployé dans les centres urbains.
La gendarmerie est attendue pour nous dire, elle aussi, ce qu’elle a eu comme résultat, dans sa lutte contre les accidents en rase campagne. On le sait, ce secteur est très vaste. Les conducteurs s’y sentent souvent en récréation, ce qui les amène quelque fois, à commettre des actes répréhensibles.
Le bilan fourni par la gendarmerie va être ajouté à celui de la police, puis des hôpitaux ou des centres de santé. Ce secteur de la santé est ajouté, par souci d’exactitude, dans le recueil des informations. En effet, l’hôpital peut recevoir une ou plusieurs victime(s) d’accident, dont la sécurité n’a pas eu connaissance, au moment des faits. Ces diverses données sont à communiquer à l’AGUISER, par un logiciel qui vient d’être installé. Désormais, l’agence est devenue l’institution centralisatrice qui détient la base de données des accidents de la circulation dans notre pays. La police et la gendarmerie routière lui transmettent toutes les informations sur les accidents qui surviennent dans leurs zones respectives. Conséquemment, c’est à l’AGUISER qu’il revient dorénavant, de communiquer les statistiques nationales aux autorités compétentes ou à toutes autres institutions ou personnes auxquelles les textes en donnent le droit.
Cette nouvelle disposition obéit à une recommandation de l’ONU qui invite tous les pays membres à se doter d’un bureau d’analyse des accidents de la circulation (BAAC), en vue de recueillir des statistiques fiables d’accidents. Dans ce cadre, la Guinée a déjà entrepris la mise en œuvre de cette exhortation.
Avec l’appui de la Banque Mondiale, l’AGUISER a organisé une phase pilote de formation théorique et pratique, à l’intention de ses cadres et d’une vingtaine de policiers et gendarmes de la routière, qui ont été initiés, outillés et familiarisés à l’usage de l’outil informatique (tablette) servant à transmettre en temps réel, au service accidentologie de l’AGUISER, toutes les informations, sur chaque accident constaté. Un élément nouveau et innovant sur lequel, il est opportun que nous revenions.
La dernière étape pour clore les effets de la fête
On peut dire que le maximum a été dit et fait pour que la fête soit belle, sécurisée et harmonieuse. Mais, pour autant, il ne faut pas relâcher la vigilance. Il faut toujours rester sur ses gardes et prévenir ce qui peut arriver. Le lendemain de la fête est aussi important à surveiller que le jour même de sa célébration. Les gens sont sur le chemin de retour chez eux. Ils ont fêté. L’ambiance leur a plu. Mais la fatigue a rattrapé et envahi certains d’entre eux. Ajoutons à ceux qui viennent de leur village, les milliers d’autres qui étaient à Kankan pour la Mamaya, un évènement culturel qui a connu la participation du Chef de l’Etat et qui a drainé du monde, jusqu’au-delà de nos frontières. La sensibilisation demeure une constante invariable et inaltérable. Il y aura certainement de la précipitation, de l’encombrement et de l’embouteillage sur le chemin de retour. Les gens étant pressés de rentrer.
Autant donc, être prudent, pour éviter les accidents qui guettent à chaque mètre parcouru, sur la route. Bon retour de fête et bonne reprise de travail, à toutes et à tous !