“Hajj business” à Conakry : “lorsqu’on nous a demandé notre destination, certains ont dit la Côte d’Ivoire, d’autres le Ghana”

il y a 4 heures 25
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Depuis trois mois, des dizaines de candidats guinéens au pèlerinage à La Mecque vivent un véritable cauchemar après avoir confié leurs passeports et des sommes colossales à une agence censée les conduire aux lieux saints de l’islam.
Entre promesses non tenues, voyage illégal avorté et garde à vue à la DCPJ (Direction centrale de la police judiciaire), leur rêve spirituel s’est transformé en un parcours humiliant.

Après un tour à l’Aéroport International Ahmed Sékou Touré de Conakry pour un embarquement vers les lieux saints de l’islam qui s’est soldé par un échec lamentable, ces candidats « malheureux » se retrouvent devant les juridictions pour solliciter leur implication afin que justice soit faite et que les responsables soient sanctionnés.

Selon des informations reçues, ces individus ont l’habitude d’envoyer clandestinement des pèlerins à La Mecque, grâce à une complicité dont la tête dirigeante se trouverait déjà en Arabie Saoudite.
Dans une interview qu’il a accordée à Mediaguinée dans la soirée de ce vendredi 16 mai 2025, Mohamad Ramadane, l’une des victimes, est revenu sur la genèse de leur malheur.

« Pour revenir au début, cela fait maintenant trois mois que nous avons remis nos passeports. Dès les premiers instants, certains écarts de langage de la part des organisateurs m’ont inquiété, car la manière dont les choses se déroulaient n’était pas normale. À chaque fois que nous posions des questions concernant nos passeports, ils nous répondaient que les visas étaient en cours de traitement », explique-t-il.
Ce candidat au pèlerinage, qui court dans tous les sens, poursuit : « Au fil du temps, nous avons constaté un écart considérable entre le traitement réservé aux pèlerins inscrits via d’autres agences et celui dont nous faisions l’objet. Nous avons vu que d’autres candidats au pèlerinage se réunissaient régulièrement au Centre Islamique, d’où ils embarquaient dans des bus à destination de l’aéroport. En ce qui nous concerne, après de multiples tergiversations, on nous a simplement demandé de nous présenter à l’aéroport à 4 heures du matin. »
Mohammad Ramadan insiste : « Lorsque les responsables en possession de nos documents sont arrivés, ils nous ont recommandé de dire que nous nous rendions en Côte d’Ivoire, au cas où on nous interrogerait. Une fois les passeports remis, j’ai pris le temps de les vérifier et j’ai constaté avec stupeur qu’aucun visa n’y figurait. Au poste de contrôle, après vérification, les autorités nous ont informés que notre voyage n’était pas légal. Lorsqu’on nous a demandé notre destination, certains ont répondu la Côte d’Ivoire, d’autres ont parlé du Ghana. Face à cette confusion, j’ai pris la parole pour déclarer que nous nous rendions en Arabie Saoudite pour accomplir le Hajj. Les agents ont alors saisi nos passeports, au nombre de 29 ou 30. Pour ma part, j’ai refusé de mentir, car je considère qu’on ne peut se rendre au Hajj en dissimulant la vérité », explique-t-il.
À la question de savoir combien chacun avait déboursé pour le voyage, un vieil homme a répondu : « Personnellement, j’ai versé 65 millions de francs. D’autres ont donné des montants encore plus élevés. J’ai confié mon argent à un certain Ciré. Ils sont trois à organiser cela, tous résidant en Guinée. »
À en croire notre interlocuteur, « À l’Aéroport International Ahmed Sékou Touré, lors de l’interrogatoire, les organisateurs n’ont pas su se justifier. Après cela, nous avons été conduits à la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ), où nous avons passé trois jours. Ce vendredi, on nous a informés que nous serions convoqués au Tribunal de Première Instance de Mafanco, et que les trois responsables ainsi que nos documents y seraient transférés. Mais à notre arrivée, nous avons appris qu’ils s’étaient déjà retirés. L’audience a donc été reportée à lundi prochain. »
Aux dernières nouvelles, ces victimes sollicitent l’implication des autorités guinéennes pour obtenir leur argent.

« Aujourd’hui, mon souhait le plus cher est d’accomplir le pèlerinage à la Mecque. Je suis conscient que cela ne sera probablement pas possible cette année. C’est pourquoi je sollicite humblement l’intervention des autorités, notamment celle du Président de la République, le Général Mamadi Doumbouya, ainsi que celle du Secrétaire général aux Affaires religieuses, afin qu’ils nous aident à récupérer les sommes que nous avons versées. Ainsi, nous pourrons envisager de repartir l’année prochaine. Nous sommes des citoyens qui aspirions à prier pour notre pays et notre nation. Nous sommes aujourd’hui victimes d’un réseau d’escroquerie. Nous demandons donc aux autorités de ne pas nous abandonner entre les mains de ces individus malveillants, et de nous épargner un long procès pour que justice soit rendue rapidement », plaide-t-il.
Mamadou Yaya BARRY

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