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Jusque-là responsable des affaires politiques et de l’administration électorale du ministère de l’Administration du territoire et de la décentralisation (MATD), Djénabou Touré a été nommé ce mardi 22 juillet 2025 directrice de la Direction générale des élections (DGE).
Sa nomination à la tête de la DGE intervient à un moment clé pour la Guinée, où les enjeux électoraux continuent de polariser la vie politique.
Si son arrivée à la direction de cet organe stratégique suscite l’espoir d’un processus plus rigoureux et structuré, elle n’échappe pas aux interrogations, compte tenu de son parcours long, dense et parfois controversé.
Figure discrète mais influente, Djénabou Touré évolue depuis plus de quinze ans au cœur du système électoral guinéen. Titulaire de plusieurs fonctions de responsabilité, elle s’est progressivement imposée comme l’une des expertes les plus aguerries dans la gestion technique des scrutins.
Elle a notamment été Directrice du Département Fichier Électoral à la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), où elle s’est spécialisée dans l’identification des électeurs et la constitution des fichiers biométriques. Cette mission, hautement sensible, l’a placée au centre des dispositifs électoraux successifs et des débats autour de la fiabilité des listes.
Par la suite, elle a occupé le poste de Directrice Nationale Adjointe de l’Administration électorale au ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation, dont elle reste aujourd’hui encore un cadre de référence. Pendant plus de dix ans, elle a été détachée à la CENI, renforçant son ancrage dans l’organisation pratique des scrutins nationaux.
Plus récemment, Djénabou Touré a assuré la coordination de la réforme et de la modernisation de l’état civil et du système d’identification des citoyens, toujours au sein du ministère.
Membre active du comité interministériel chargé de cette réforme, elle a participé à de nombreuses rencontres régionales, sous-régionales et nationales sur l’identification et l’état civil. Son engagement dans ce domaine est reconnu, nourri d’une passion assumée pour les questions liées à l’identité citoyenne.
Un parcours jalonné de controverses électorales
Si l’expertise technique de Mme Touré est saluée, son parcours n’en reste pas moins marqué par plusieurs épisodes controversés.
En 2010, lors de la première élection présidentielle de l’ère post-transition, elle occupait déjà un poste-clé à la CENI en tant que directrice du département fichier électoral.
Ce scrutin, pourtant présenté comme un tournant historique pour la Guinée, fut entaché de vives accusations de fraude.
Vingt partis politiques sur les vingt-quatre engagés, dont l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG), dénoncèrent des irrégularités majeures, mettant en cause la gestion des listes électorales.
Dix ans plus tard, en amont du double scrutin du 22 mars 2020, l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), sollicitée pour auditer le fichier électoral, pointa à nouveau de sérieuses défaillances.
Le rapport faisait état de doublons persistants, d’inscriptions multiples, et de millions d’électeurs enregistrés à partir de simples attestations contresignées, sans documents justificatifs fiables.
L’OIF recommanda la fin immédiate de cette pratique, jugée dangereuse pour la transparence et la crédibilité des scrutins.
Dans un tel contexte, la désignation de Djénabou Touré à la tête de la DGE est perçue par certains comme un signe de continuité, voire de consolidation d’un appareil électoral contesté. Pour d’autres, elle représente une opportunité de professionnaliser davantage le processus, si tant est qu’elle puisse exercer avec indépendance et impartialité.
Technicienne plus que politique, Mme Touré est perçue comme une femme de dossiers, rigoureuse et passionnée, mais son positionnement sera scruté avec attention. Car en Guinée, les élections restent une source de tension majeure, et la méfiance entre acteurs politiques n’a jamais vraiment disparu.
À la tête de cet organe chargé de piloter les futures consultations électorales, son défi est immense : restaurer la confiance des citoyens et des partis dans un système électoral régulièrement remis en cause.
Pour y parvenir, elle devra transformer son expertise technique en levier de légitimité démocratique.
L’article Direction générale des élections : Djénabou Touré, expertise confirmée, crédibilité contestée est apparu en premier sur Guinee360 - Actualité en Guinée, Politique, Économie, Sport.