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Le ministère guinéen du Commerce et de l’Industrie a suspendu les activités de 1724 unités de production d’eau minérale sur les 3 100 recensées dans le pays, pour non-conformité aux normes. Une décision saluée pour son impact sur la santé publique, mais qui soulève aussi des inquiétudes économiques chez les citoyens, notamment les petits commerçants et consommateurs. Notre rédaction a recueilli plusieurs réactions à travers un panel.
Pour de nombreux citoyens interrogés, cette vaste opération de fermeture était non seulement attendue, mais aussi indispensable pour protéger les consommateurs contre des risques sanitaires souvent invisibles.
« Merci beaucoup madame. Avant de commencer, j’aimerais simplement rappeler une chose. Étant donné que l’eau c’est la vie, alors ce qui nous permet de nous maintenir en vie, il faudrait que cette chose soit vraiment faite dans les règles de l’art. Aujourd’hui cette fermeture, c’est bien vrai, il y aura forcément des conséquences, mais je pense que cette fermeture va aujourd’hui aider non seulement la population en termes de santé, parce que nous les consommateurs, nous ne savons pas distinguer, ne savons pas faire la différence entre une eau traitée de façon chimique et une eau non traitée », a souligné un citoyen.
Il ajoute :« Vous savez, c’est une réalité d’ailleurs qui est certaine et qu’il ne faut pas du tout occulter. Aujourd’hui, vous allez voir la plupart des concessions à Conakry. Dès qu’une personne parvient simplement à creuser un forage, puisque la machine ne coûte absolument rien, il s’en procure et il en fait un bien familial ou un bien privé. Il le met sur le marché, parfois dans la plus grande clandestinité. Je pense que l’État sévit au bon moment et au bon endroit. »
D’autres, en revanche, dénoncent une responsabilité étatique. « Moi je n’en veux pas aux propriétaires de ces différentes sociétés, mais plutôt à l’État guinéen qui n’a pas pris sa responsabilité à temps. Dans un pays normal, les gens ne peuvent pas nous empoisonner comme ça gratuitement. Nous voyons tous sur les différents médias et même sur la page du ministère, les images qui sont catastrophiques. Il n’y a pas dix jours encore, l’eau de la SEG était inutilisable, on s’est dit que tout va bien puisqu’il y a beaucoup d’entreprises d’eau minérale, donc pas de panique. Si on vient nous dire encore que ces sociétés ne sont pas dans les normes, je suis vraiment dégoûté de ce pays. (…) Seul Dieu nous sauve ici », a déclaré un riverain visiblement en colère.
Des vendeurs d’eau désemparés
Pour les petits commerçants, c’est le choc. Privés de produits à vendre, ils craignent pour leur survie économique.
« Moi je suis veuve, je nourris ma famille à travers la vente d’eau. Aujourd’hui, là où on pouvait trouver facilement de l’eau, on a trouvé qu’il n’y en avait pas. Moi je ne sais pas s’ils (les propriétaires d’usine) ne sont pas en norme, mais tout ce que je sais, c’est qu’ils nous aident beaucoup. Nous prenons un paquet d’eau à 5 000 francs guinéens et nous le revendons à 7 000. Si dans les boutiques, le paquet est à 500 FG par unité (sachet), mes enfants vendent dans les rues. Donc moi, c’est mon commerce ça. Donc qu’ils se comprennent (le ministère et les propriétaires) afin de faciliter la tâche », a plaidé une vendeuse.
Par ailleurs, certains distributeurs saluent la rigueur de l’État et dénoncent une concurrence déloyale entretenue par des producteurs hors normes.
« Moi je vends de l’eau, mais notre entreprise n’est pas fermée. L’État devait procéder à cette fermeture depuis longtemps. Vous-même, vous avez vu : il y a plus de 3 000 unités et ils ont suspendu plus de 1 500. Ça veut dire que plus de 60 % ne sont pas dans les normes. Je suis très content de cette décision. Vous imaginez, beaucoup d’entre eux vendaient l’eau à 4 000 FG. Pendant que nous, on donne l’eau à 4 000 FG à l’usine, je carbure ma moto, on distribue à nos clients. Après vente, nous repartons à l’usine pour rendre compte, après, nous recevons notre part d’argent. Tandis que les autres sociétés livrent l’eau au même prix (4 000 FG), pendant que leur entreprise n’est pas dans les normes. Mais ça passe (…). », a indiqué ce distributeur.
Il précise également les efforts de conformité de son entreprise : « L’usine se trouve à Sonfonia, précisément à Tamouya. Le propriétaire a tous les documents au complet. Il est même allé ce matin au ministère, ils lui ont seulement demandé d’augmenter un filtre, sinon pour le reste, pas de problème. Chaque deux ans, les gens du service contrôle qualité, quand ils viennent pour voir, après contrôle, ils délivrent un papier. Mais ce n’est pas gratuit, on leur paie de l’argent. »
À Sonfonia, un simple regard dans les rues suffit à comprendre que quelque chose a changé. D’habitude, elles sont là, nombreuses, portant différents sachets d’eau sur la tête, marchant sous le soleil pour quelques pièces. Selon le constat que nous avons eu à faire ce matin, les vendeuses d’eau ont presque disparu du paysage.
Christine Finda Kamano
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L’article Fermeture de 1724 unités d’eau minérale : entre nécessité sanitaire et choc social en Guinée est apparu en premier sur Mediaguinee.com.