Débarcadère de Lambanyi : les déguerpis dénoncent la procédure et interpellent le président de la transition

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Après avoir été sommés de quitter le débarcadère dans un délai de 72 heures, les occupants et les pêcheurs exerçant dans la zone côtière de Lambanyi ont été chassés des lieux le samedi 10 février dernier par des agents en uniformes.

D’après les témoignages, ce sont des agents dans huit pick-ups de la Gendarmerie qui sont venus exiger aux populations de quitter les lieux à l’expiration des 72heures fixées initialement.

Au bout de quelques instants, des années de dur labeur, d’investissement et de souvenirs ce sont envolées sous les yeux impuissants des occupants.

Mohammed Lamine Koumbassa secrétaire général de l’union nationale des pêcheurs et artisans de Guinée, chef de pêche à cet endroit raconte :

« Ils nous ont sommés de quitter en 72 heures. À l’expiration du délai ils sont venus tombés sur nous, quand ils sont arrivés on étaient pris de panique et nous ne savions pas où aller. Le peuple pêcheur que nous sommes a résidé ici pendant plus de 60 ans, moi personnellement j’ai passé 20 ans ici, j’ai investi toutes mes économies dans la mer. Donc, je vie dans ça avec ma petite famille, toute cette communauté qui est là, nourrit sa famille à travers ce métier, donc venir nous déguerpir ici un bon matin c’est vraiment un coup pour nous. Les familles passent la nuit à la belle étoile, le délai qu’ils ont donné ne pouvait pas nous permettre de trouver un endroit où aller avec tout ce problème de logement qu’il y a dans ce pays. Quant on parle des pertes on ne peut même évaluer, nous avons des matériaux qui coûtent 26. 000.000 ici, ce sont des moteurs hors bord, il y a des nappes de filet qui coûtent 8 000 000 ils ont perdu les nappes de filet là. Il y a d’autres matériels qui peuvent aller jusqu’à des dizaines de millions. Où on pouvait transporter tout ça ? C’est l’Etat seul qui peut tomber sur un peuple démuni comme ça. Moi j’ai au total dix personnes qui travaillent à mon compte et ce sont tous, des pères de familles. On a essayé de rencontrer toutes les autorités, mais aucune n’a réagi. Personne n’a été dédommagé parmi les déguerpis, il y avait des boutiques, on a tous perdus. On a eu aucune promesse on a même pas eu quelqu’un avec qui communiquer, nous avons tapé à toutes les portes, mais aucun retour », a-t-il fait savoir.

Vivant à cet endroit depuis la première République, le chef de port Mohammed Lamine Camara se dit désespérer et très inquiet.

« Nous demandons au président de la transition de se tourner vers nous, il y a tellement de souffrance ici, qu’il nous aides nous souffrons avec nos familles, ils ont fait tombé beaucoup de maisons. Nous sommes inquiets et très désespérés. Que le président vienne constater les faits de lui-même », a lancé le chef de port de Lambanyi.

Une dame fumeuse de poissons que nous avons rencontré a aussi interpellé les autorités.

« Nous n’avons nulle part où aller et nous n’avons pas aussi de moyens pour se loger. C’est sous ce soleil ardent que nous passons la journée et même la nuit. Personnellement, j’ai suivi 12 interventions chirurgicales. Je n’ai aucun moyen de me prendre en charge. Ils disent être venus au nom du Président, le Général Mamadi Doumbouya. Nous avons, de notre côté, tout fait pour rencontrer le président, sans succès. Nous confions notre situation aux personnes de bonnes volonté. Nous demandons à tous de nous aider. Je suis ici depuis toute petite, mes enfants et les enfants qui sont nés devant moi, ont aussi eu leurs enfants. Je n’ai nulle part où aller aujourd’hui. Nous sommes vraiment inquiets, aidez nous s’il vous plaît », a dit cette femme désespérée.

Hadjiratou Bah

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