CRIEF: cas Dr. Kassory Fofana et autres, oui à la justice, mais d’abord la santé ! (Par Sayon Mara)

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Un juge n’est juge que des vivants et non des morts. Il faut éviter à tout prix qu’un autre ancien haut commis de l’Etat ne meurt en détention, comme ça a été le cas de Monsieur Louceny CAMARA, ancien ministre du Tourisme.

Depuis belles lurettes, certains anciens hauts commis de l’Etat incarcérés à la maison centrale, passent des moments exécrables du fait de leur état de santé qui ne cesse de se détériorer chaque jour qui passe.

En effet, malgré les appels incessants sur l’état de santé inquietant de l’ex Président de l’Assemblée nationale, l’honorable Amadou Damaro Camara et des Docteurs Kassory FOFANA, ancien Premier Ministre guinéen et Mohamed DIANÉ, ex Ministre de la Défense nationale, le Procureur très spécial de la CRIEF, M. Aly TOURÉ, reste incroyablement insensible.

Les images de Dr Kassory FOFANA, dans un état grabataire, qui circule sur les réseaux sociaux depuis hier, fendent le cœur. Pourtant, à un moment de l’histoire de la Guinée, cette grande personnalité a occupé de hautes fonctions, servi son pays. Comme tout être humain, si l’ancien Premier ministre guinéen a fait du mal comme certains le prétendent, il aussi fait du bien.

L’argument brandi souvent par ceux qui trouvent du réconfort dans l’humiliation de ces anciens hauts commis de l’Etat est que si on leur accord la liberté pour qu’ils partent se soigner, ils ne reviendraient pas. Un raisonnement dépourvu de sens.

L’honorable Amadou Damaro CAMARA que le vaillant Peuple de Guinée connaît bien, les Docteurs Kassory FOFANA et Mohamed DIANÉ que nous connaissons tous, sont si fiers, surtout à ce stade de leur vie, qu’ils ne peuvent fuire leur destin. Ils ne prendraient point le risque de refuser de revenir au bercail, au cas où ils obtiendraient la permission de sortir du pays. D’ailleurs, n’ont-ils pas atteint le summum de l’humiliation ?

Il faut refuser que la culture de l’humiliation de l’ancien soit instituée dans nos valeurs sociétales car, il n’existe que des intouchables de l’instant, des timoniers du temps, des maîtres du moment. Il faut réfléchir à hier et penser à demain car, tout finit par finir un jour. Il y a beaucoup de choses qui devraient enseigner et inspirer aujourd’hui ceux qui ont le vent en poupe dans notre pays.

Au Niger par exemple, malgré sa condamnation dans le cadre d’un trafic international d’enfants avec le Nigeria et impliquant également une de ses épouses, l’opposant nigérien Hama Amadou fut autorisé à aller se soigner en France et revenir. Nul besoin de rappeler qu’ici, il s’agit encore des personnes dont la culpabilité n’est pas encore établie.

Si on ne se dit pas la vérité, on se mentira ; et si on se ment, la transition prendra davantage d’eau, la situation se détériorera davantage. En un mot, il faut rétablir la confiance entre les autorités du pays et toutes les organisations sociopolitiques du pays. Cela pourrait décrisper l’atmosphère sociopolitique de notre patrimoine commun.

Une fois encore, il faut refuser que la culture de l’humiliation de l’ancien soit instituée dans nos valeurs sociétales, au risque d’en être victime un jour. Rien n’est éternel, tout passe forcément un jour. Quand Dieu te confie une parcelle de responsabilité, il faut l’exercer avec modestie, en gardant à l’esprit que demain, ce sera un autre. Aucun soleil ne reste éternellement pointé au ciel. Il finit toujours par se coucher.

Ayant vécu les deux moments ( le pouvoir et l’après pouvoir), l’ancien Président du Bénin, Monsieur Hubert MAGA, disait ceci : « Il n’existe que des intouchables de l’instant, des timoniers du temps, des maîtres du moment. Le temps est le maître de tous les maîtres. Il faut rire de tout. Mais devant les grandes décisions de la vie, réfléchissez à hier et pensez à demain. Parce que la nature, dans sa comptabilité, est incorruptible et aucune facture ne restera impayée. La nature est juste.»

Bref, il faut préserver la vie de ces anciens commis de l’État car, même si au pire des cas ils sont retenus dans les liens de la cupabilité, ils ne resteront pas éternellement en prison ! Même si on alignait les peines.

Sayon MARA, Juriste

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