Conakry : vers la professionnalisation du métier de travail domestique

il y a 4 heures 17
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Un atelier de renforcement des capacités de trente (30) formateurs de travailleurs domestiques s’est ouvert ce jeudi 23 octobre 2025 à Conakry. L’initiative, portée par le ministère de l’Enseignement technique, de la Formation professionnelle et de l’Emploi, à travers la Direction nationale de l’Apprentissage et des Formations professionnelles post-primaire et post-secondaire, bénéficie de l’appui technique et financier de l’Organisation internationale du travail (OIT).

Pendant deux jours, les participants — dont la moitié sont des femmes — seront formés sur les référentiels de compétences et de métiers liés au travail domestique, ainsi que sur les modules destinés à structurer et professionnaliser un secteur longtemps resté informel.

Un projet inclusif pour valoriser un métier souvent ignoré

Selon Mamadou Hassimiou Souaré, directeur national de l’Apprentissage et des Formations professionnelles post-primaire et post-secondaire, cette initiative s’inscrit dans la continuité d’une première phase d’enquête ayant permis d’identifier les métiers prioritaires du travail domestique.

« Nous n’avons pas travaillé en vase clos. Plusieurs acteurs ont été associés : les professionnels du secteur, la Direction nationale du travail, le service de développement des programmes, ainsi que les syndicats et associations de travailleurs domestiques. Tout cela, sous la coordination de notre ministère et avec l’appui du projet AGRIDOM de l’OIT », a-t-il expliqué.

Il précise que cet atelier permettra de valider les modules et référentiels nécessaires à la formation de futurs formateurs, dans le but de certifier et de multiplier les compétences à travers le pays.

Présent à la cérémonie, Lanciné Condé, coordinateur national du projet AGRIDOM en Guinée, a souligné l’importance de cette démarche dans la promotion du travail décent.

« Le travail domestique reste un secteur largement informel, avec des conséquences directes sur les conditions de vie et d’emploi. À travers les projets AGRIDOM et FMM, l’OIT accompagne le gouvernement dans l’élaboration de référentiels métiers, la formation des formateurs et la professionnalisation du secteur », a-t-il indiqué.

Vers une reconnaissance sociale et professionnelle

Rappelons que la Guinée a ratifié, en 2011, la Convention 189 de l’OIT, qui garantit aux travailleurs domestiques des droits fondamentaux et des conditions de travail décentes.

Pour Aboubacar Kourouma, secrétaire général du ministère du Travail et de la Fonction publique, cette initiative vise à mieux encadrer un pan essentiel, mais souvent invisible, de la société guinéenne.

« Dans nos familles, les travailleurs domestiques sont nos nièces, nos cousins, nos chauffeurs ou nos petits frères. Ils nous permettent de travailler et de vivre en sécurité, mais évoluent dans une grande précarité. Il est temps de leur accorder la reconnaissance et la protection qu’ils méritent », a-t-il déclaré.

Représentant la ministre Aminata Kaba, Julien Bongono, secrétaire général du ministère de l’Enseignement technique, a insisté sur la nécessité de bâtir une base solide pour la professionnalisation du secteur.

« Le travail domestique contribue à la cohésion sociale et au bien-être des familles. Mais il reste peu reconnu, peu valorisé, peu structuré. Notre ambition est d’inverser cette tendance grâce à des référentiels solides fondés sur l’approche par compétences », a-t-il martelé.

Cinq modules pour transformer le regard sur le métier

Le formateur béninois Adanhounzo Roger, principal intervenant de l’atelier, a détaillé les contenus pédagogiques proposés.

« Nous avons développé cinq modules : la théorie du changement selon l’OIT, les rôles et responsabilités des travailleurs domestiques, l’éthique et la déontologie, l’ingénierie pédagogique, et enfin la formation par alternance. Chaque module est accompagné d’exemples pratiques pour renforcer les compétences », a-t-il expliqué.

À l’issue des travaux, les référentiels seront pré-validés sur le plan technique avant leur validation institutionnelle par les ministères concernés. Une fois cette étape franchie, la phase de démultiplication pourra débuter.

« C’est une première en Guinée. Une fois finalisé, ce programme servira de modèle pour d’autres pays. La Guinée deviendra ainsi un cas d’école dans la reconnaissance et la formalisation du travail domestique », a conclu M. Souaré.

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