Conakry, une ville en proie aux incendies

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On assiste depuis un certain temps maintenant à une escalade d’incendies qui se déclenchent un peu partout dans la capitale guinéenne. Le feu n’épargne rien, biens publics ou biens privés, tous y passent.

Or, le fait marquant et qui est d’ailleurs commun à toutes ces catastrophes, c’est de voir à quel point les gens se sentent impuissants et dépourvus de tous moyens à la découverte de ces feux d’une part, et d’autre part de constater surtout, assez honteusement et tristement, que l’État lui-même brille longtemps et souvent par son absence après le déclenchement de ces feux avant de réussir à se déployer timidement à travers les maigres services de protection civile dont dispose la ville.

On a vu cela, entre autres, lors de l’incendie du seul dépôt d’hydrocarbures du pays situé à Kaloum au cœur de la capitale, qui avait pris plusieurs jours avant d’être complètement maîtrisé. Mais on l’a vu aussi tout récemment quand le feu s’est emparé du dernier étage d’un établissement scolaire privé situé en banlieue, dans le quartier de Cosa.

Naturellement, cela pose indiscutablement la question de savoir pourquoi les autorités urbaines mettent autant de retard avant d’intervenir non seulement après le déclenchement d’un incendie mais aussi après que les services de pompiers aient été alertés et appelés à l’aide ? Pour quiconque a bonne idée des problématiques de la capitale guinéenne, il y en aurait au moins deux raisons principales :

Premièrement et c’est loin d’être négligeable, la ville de Conakry ne dispose pas d’assez de moyens techniques pour lutter contre les incendies d’ampleur. Jusqu’à présent, on ne compte que quatre casernes de pompiers dans toute la ville : une à Kaloum, une à Ratoma, une à Matoto et une à Kagbelen. Ce nombre est trop insuffisant pour assurer un service efficace à une population qui dépasse maintenant les deux millions d’habitants et qui se repartit sur une superficie de 450 km2.

Deuxièmement, la capitale souffre encore de nos jours d’un manque criard d’infrastructures routières de pointe dignes de ce nom qui puissent permettre à un service de pompiers de se déployer facilement partout. La plupart des quartiers situés dans les banlieues périphériques sont enclavés et ne sont pas adéquatement lotis. L’urbanisation de masse et mal encadrée des quartiers populaires ne rend pas non plus la vie facile aux usagers des routes secondaires surchargées et souvent prises d’assaut par les commerces et les activités de tous genres.

On pourrait sans doute énumérer beaucoup d’autres raisons de cette inefficacité des services de protection civile de la capitale. Comme les difficultés d’accès à un réseau d’eau d’incendie (bornes incendies ), l’insuffisance des ressources financières disponibles permettant d’assurer l’approvisionnement continu en carburant des véhicules de secours et d’assistance aux victimes ou tout simplement les effets de la corruption endémique qui ravage tous les secteurs de l’administration publique guinéenne.

En tout état de cause, l’État a le devoir de protéger ses citoyens, où qu’ils se trouvent, contre non seulement les risques d’incendie contre leurs biens propres mais aussi contre les impacts négatifs des incendies sur leurs corps physiques et sur leurs vies lorsqu’ils viennent à se déclencher. C’est pourquoi, il est impératif que l’Etat continue d’investir massivement dans les infrastructures urbaines afin de réhabiliter les voiries, désenclaver les quartiers inaccessibles, urbaniser et cadastrer intelligemment et créer les conditions, en dotant les services de protection civile de moyens et d’équipements performants et suffisants, afin qu’ils deviennent beaucoup plus efficaces pour sauver des vies. C’est son rôle régalien d’agir de la sorte et c’est l’une des raisons pour lesquelles il a été institué.

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