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Des vols et des agressions physiques dans les marchés, des infrastructures dégradées, des canalisations bouchées, des dépôts sauvages d’ordures dans les quartiers, des espaces publics transformés en poubelles… Autant de maux qui alimentent l’insalubrité et les problèmes d’hygiène à Conakry. Voilà, entre autres, les réalités auxquelles sont confrontées les treize communes de la capitale guinéenne. Comment les présidents des délégations spéciales gèrent-ils ces défis ? De quels moyens disposent-ils pour y faire face ? Une immersion dans les communes permet d’en savoir davantage.
Par le décret D/2024/0053/PRG/CNRD/SGG du 12 mars 2024, le président de la République, le Général de corps d’armée Mamadi Doumbouya, a promulgué la loi L/2024/003/CNT du 18 janvier 2024, portant création de 24 communes en République de Guinée, dont 13 à Conakry. Cette décision, longtemps attendue par les habitants, concrétisait enfin le redécoupage administratif de la capitale — un pas qualifié de géant par le CNRD.
Deux semaines plus tard, le 27 mars 2024, le décret D/2024/0062/PRG/CNRD/SGG dissout les anciens conseils communaux, remplacés aussitôt par des délégations spéciales chargées d’assurer la gestion des nouvelles communes. Mais depuis leur installation, les difficultés ne manquent pas : confrontés aux dures réalités du terrain, les présidents des délégations spéciales se disent souvent impuissants.
Les caniveaux transformés en dépotoirs le long des grandes artères dégagent des odeurs nauséabondes et provoquent régulièrement des inondations. Au grand marché de Madina, certaines ruelles, obstruées par les immondices, ont complètement disparu. Ce centre commercial, jadis le plus fréquenté du pays, est désormais une poubelle à ciel ouvert.
Malgré les cris de détresse des commerçants et des visiteurs, la situation ne s’améliore pas. Les marchés des communes de Conakry croulent sous le poids des ordures et de la boue. Les responsables des délégations spéciales évoquent le manque de moyens pour assurer un assainissement régulier de ces espaces publics.
Dans ces marchés, insalubrité et insécurité vont de pair. Les vols à la tire sont devenus monnaie courante : portefeuilles, sacs, téléphones et colis disparaissent en un clin d’œil. Plusieurs victimes interrogées affirment avoir été dépouillées par des voleurs ambulants qui pullulent dans les marchés. Même les automobilistes ne sont pas épargnés : ils se font souvent arracher leurs téléphones ou leur argent à travers les vitres.
Les agents de sécurité affectés sur ces lieux sont très peu nombreux. « Quand l’ancien gouverneur de Conakry, M’Bemba Bangoura, avait mis en place la police communale, les cas de vol étaient moins fréquents. Les marchés étaient plus aérés et disciplinés. Aujourd’hui, les voleurs et les drogués ont élu domicile dans les marchés. Que peut faire un président de délégation spéciale face à cela ? Nous sommes impuissants, faute de moyens », regrette un régisseur rencontré au marché de Matoto.
Les vendeurs ambulants et ceux installés sur les emprises des voies publiques ont, quant à eux, dénaturé le visage des marchés, rendant difficile l’accès aux magasins et boutiques. Faute d’infrastructures modernes, le commerce se fait désormais à même le sol ou sur la chaussée. « Ces vendeurs ne savent pas où aller. Les magasins à l’intérieur du marché sont trop chers et appartiennent à des privés. Les maires successifs n’ont jamais construit de nouveaux marchés. Regardez les fils électriques : de vraies toiles d’araignée prêtes à déclencher un incendie. Les toilettes publiques ? Vous en ressortez malade », déplore un commerçant.
Les espaces verts, eux aussi, sont détournés de leur vocation initiale. Transformés en terrains de football, lieux de spectacles ou de mariages, ils disparaissent progressivement. Plusieurs quartiers restent enclavés, sans marché de proximité ni aire de jeux. Face à ces problèmes, les délégations spéciales reconnaissent leur impuissance.
« Nous savons tout ce que vous décrivez, et nous en sommes conscients. Mais que voulez-vous ? Il serait mieux que vous passiez au Gouvernorat ou au ministère de l’Administration du Territoire pour poser ces questions. Vous aurez sûrement de meilleures réponses », conseille un vice-président de délégation spéciale ayant requis l’anonymat.
Au Gouvernorat de Conakry, personne n’a souhaité répondre officiellement. Dans les couloirs, on apprend toutefois que le budget prévisionnel total des treize communes s’élèverait à 360 milliards de francs guinéens. Ce montant serait destiné, selon une source, à financer les projets prioritaires, l’entretien des infrastructures existantes et les services communaux. Les délégations spéciales restent cependant placées sous la tutelle du ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation.
On peut donc affirmer, sans risque de se tromper, que ces délégations, dépendantes du pouvoir central, disposent d’un pouvoir limité et d’une autonomie restreinte, contrairement à ce que prévoit le Code des collectivités locales. D’où les nombreuses difficultés rencontrées sur le terrain par leurs présidents.
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il y a 3 heures
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