Chômage, risque de choléra et de soif: la Guinée ferme les usines illégales d’eaux, mais à quel prix?

il y a 6 heures 39
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Le jeudi 17 juillet, le ministère du Commerce a frappé un grand coup en annonçant la fermeture de 1 724 usines de production d’eaux dites « minérales », pour exercice illégal de leurs activités. Une mesure inédite, aussi saluée que controversée, qui vise à assainir un secteur devenu incontrôlable.

Un secteur en pleine anarchie

Depuis plusieurs années, la prolifération de marques d’eau au nom fantaisiste — souvent imprimé à la hâte sur des emballages douteux — témoignait de la dérégulation d’un secteur pourtant sensible. L’absence de contrôle rigoureux ouvrait la voie à des produits de qualité incertaine, parfois même dangereux pour la santé publique. En ce sens, la décision du gouvernement se veut salutaire : elle marque la volonté d’imposer des normes et de restaurer la confiance dans un marché vital.

Un impact économique immédiat

Mais derrière cette opération de salubrité publique, l’onde de choc économique est brutale. En moyenne, chaque unité fermée employait au moins quatre personnes, sans compter les distributeurs et livreurs affiliés. Ce sont donc près de 10 000 emplois directs et indirects qui viennent de disparaître du jour au lendemain, plongeant des milliers de familles dans la précarité. Dans un pays où le taux de chômage est déjà élevé, cette mesure risque d’aggraver la vulnérabilité sociale.

Un risque sanitaire en embuscade

La décision pourrait également avoir des conséquences inattendues sur le plan sanitaire. Dans de nombreuses localités, l’eau du robinet reste impropre à la consommation, faute d’un système de traitement fiable. Les eaux minérales, même issues de productions artisanales, représentaient une alternative abordable pour de nombreuses familles. Leur retrait soudain du marché pourrait créer un vide dangereux, surtout en pleine saison des pluies, période historiquement propice aux maladies hydriques.

Des spécialistes de la santé publique n’hésitent pas à rappeler qu’aucune épidémie de choléra n’a été enregistrée en Guinée depuis 2012, en grande partie grâce à l’amélioration de l’accès à l’eau embouteillée. La fermeture massive de ces usines risque de compromettre cet équilibre fragile, si elle n’est pas accompagnée de mesures de substitution.

Quelle solution pour l’après-fermeture ?

Le gouvernement est donc interpellé. Il ne suffit pas de fermer les unités illégales ; il faut désormais garantir l’accès à une eau potable de qualité, produite dans des conditions conformes aux normes sanitaires. Cela passe par :

  • Un soutien renforcé aux sociétés légales, afin qu’elles étendent leur capacité de production et leur couverture nationale.
  • Une politique de prix encadrée, pour éviter que l’eau potable ne devienne un luxe inaccessible pour les ménages modestes.
  • Un plan d’urgence pour les ex-employés du secteur, sous forme de reconversion ou d’accompagnement social.

La fermeture des usines illégales d’eaux minérales était nécessaire, mais elle doit s’inscrire dans une stratégie globale conciliant sécurité sanitaire, stabilité sociale et accès équitable à l’eau potable. Sans cela, une crise en cache peut-être une autre.

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