Censure des médias privés en Guinée : on ne tire pas sur Voltaire (Editorial)

il y a 11 mois 119
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L’heure est grave, avec cette censure qui s’abat sur les médias privés, dont certains voient leurs antennes brouillées. C’est le cas de FIM-FM, à qui on impose une muselière de force, depuis le 19 mai dernier. Et pour ne rien arranger, les apprentis sorciers qui sont à la manœuvre, dans cette dynamique de restriction de la liberté d’expression et d’information, s’attaquent avec leurs gros sabots à l’internet. Bienvenue à Océania, cette république orwellienne, sous les foucades de Big Brother.

La volonté de puissance exprimée ces derniers temps par la junte, par le biais de la restriction de l’internet et le brouillage des antennes de certaines radios privées, est perçue au sein de l’opinion comme la trahison des nobles idéaux, exprimés dans le discours fondateur de la junte.

Pour bien des gens, le vernis serait en train tout simplement de craquer. Laissant ainsi entrevoir le vrai visage des tombeurs d’Alpha Condé. Pour qui, c’est devenu quasiment un jeu d’enfant, de brider les libertés publiques.

Et c’est à leur corps défendant que les citoyens se voient imposés depuis plusieurs jours des restrictions d’accès à l’internet. Pendant que des sites internet à forte audience sont inaccessibles par leurs lecteurs, et les ondes de certaines radios privées comme FIM-FM et Djoma FM sont complètement brouillées. Sans oublier le démantèlement par des pandores des émetteurs et d’autres équipements appartenant à Sabary FM et à Love FM, au nom de l’ARPT. J’en passe et des pires.

Cette volonté de tuer le messager n’honore pas la junte. Car cela s’apparenterait purement et simplement à tirer sur Voltaire, célèbre philosophe des Lumières, symbole de la liberté d’expression. Auteur de cette assertion qui a traversé des siècles, dans laquelle il dit, je cite : « je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous puissiez avoir le droit de le dire ».

Et c’est à juste raison que les professionnels des médias se sont mobilisés comme un seul homme ce lundi, à la Maison de la presse pour rompre les lances avec la junte.

Une assemblée générale qui s’est soldée par des décisions fortes. Comme pour rendre coup pour coup, les coups de boutoir de la junte, les journalistes ont décrété « une journée sans presse le mardi 23 mai (de 5h à 00h), tout en déclarant le porte-parole du gouvernement, ennemi de la presse guinéenne », entre autres.

Ils ne comptent d’ailleurs pas en rester là. Et entendent bien ferrailler avec le pouvoir de Conakry, quoi qu’il en coûte, dans cet univers orwellien où Big Brother compte réduire au silence, toutes les voix dissonantes.

A moins que le gouvernement de transition ne rectifie le tir, en faisant sien cet aphorisme de Winston Churchill qui dit, je cite: « la critique peut être désagréable mais elle est nécessaire. Elle est comme la douleur pour le corps humain. Elle attire l’attention sur ce qui ne va pas ».

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