Cacao : Guinée, pays de contrebande “inquiète” la Côte d’Ivoire

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Autrefois limitée aux frontières du Ghana et de la Côte d’Ivoire, la contrebande de cacao s’étend désormais à d’autres pays d’Afrique de l’Ouest. Outre le Togo, le Burkina Faso et le Liberia, la Guinée commence à inquiéter la Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao.

D’après Reuters, près de 8 500 tonnes de cacao ivoirien sont entrés illégalement en Guinée, le 24 décembre dernier. Ce qui constitue une grande menace pour la Côte d’Ivoire.

Cette contrebande prend de l’ampleur à cause notamment de la flambée des prix du cacao sur le marché enregistré depuis 2023 et qui n’a cessé de croître en 2024.

Selon l’agenceecofin « À New York, la tonne de fèves a dépassé les 5 000 $, puis les 10 000 $, atteignant en mars dernier des niveaux supérieurs à ceux du cuivre, un métal industriel clé et indicatif de l’activité économique mondiale. Le 18 décembre dernier, la tonne a atteint un prix record de 12 931 $, en raison des préoccupations sur les conditions climatiques dans le bassin cacaoyer ouest-africain et de la perspective d’un quatrième déficit consécutif sur le marché mondial du cacao ».

Cette hausse vertigineuse des prix du cacao a favorisél’accroissement de la contrebande en Guinéeles trafiquants profitent des différences de prix.

« Actuellement, en Côte d’Ivoire, le prix garanti est de 1 800 FCFA par kg, mais les trafiquants peuvent proposer entre 200 et 500 FCFA supplémentaires pour inciter les producteurs ivoiriens proches de la frontière à vendre leur cacao. Une fois en Guinée, ce cacao peut être revendu jusqu’à 5 000 FCFA à des intermédiaires qui l’exportent illégalement vers des pays asiatiques comme l’Indonésie et la Malaisie, selon Reuters.

Durant le dernier trimestre, des exportateurs ont estimé que 50 000 tonnes de cacao ivoirien ont franchi la frontière, soit un manque à gagner de 573 millions $ (plus de 365 milliards FCFA) pour la Côte d’Ivoire », renseigne l’agence Ecofin.

A en croire le site d’information économique qui cite Ousmane Attai, consultant indépendant sur le cacao « la Guinée représente une option attrayante pour les trafiquants, notamment en raison de sa longue frontière avec la Côte d’Ivoire (610 km), qui offre de multiples points d’entrée pour les camions de cacao. En comparaison, le Liberia, avec sa frontière naturelle marquée par le fleuve Cavally, pose davantage de difficultés pour le transport ».

Face à l’ampleur de la contrebande, les autorités ivoiriennes ont renforcé les mesures de sécurité pour lutter contre le phénomène. C’est dans ce cadre « qu’en octobre dernier le Conseil du Café-Cacao (CCC) a saisi 33 camions transportant environ 1 100 tonnes de cacao de contrebande en provenance de Guinée », a fait savoir l’agenceecofin.

Elle rajoute « qu’En février, avec le soutien de la police nationale, le régulateur a intercepté 3 camions transportant 1 500 sacs de cacao destinés à la Guinée. Globalement, ces sorties illégales de cacao compliquent la situation des commerçants ivoiriens, déjà confrontés à une rareté croissante des fèves sur le marché intérieur ».

L’agence souligne que les prévisions pour la campagne 2024/2025 annoncent une production de 1,9 million de tonnes de cacao, contre un stock initial de 2,1 à 2,2 millions de tonnes attendu en octobre dernier.

Mamadou BA

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