Axe Bamako-Kankan : chauffeurs et usagers dénoncent les tracasseries aux postes frontaliers

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Le trafic routier entre le Mali et la Guinée est très intense à cause de la variété des échanges entre les deux pays liés par la Sociologie, l’Histoire et la Géographie. Mais, l’intégration économique tant souhaitée et souvent vantée par les autorités se heurte à de nombreuses difficultés, parmi lesquelles les tracasseries aux postes frontaliers. Des usagers de l’axe Bamako-Kourémalé-Siguiri-Kankan, interrogés par un reporter de Guineematin.com, ont raconté le calvaire qui est le leur pendant ce périple qui devient de plus en plus compliqué.

Interrogés à la gare routière de Guinée à Bamako, conducteurs et autres usagers de ce trajet dépeignent un tableau pas du tout reluisant. Ils accusent les agents de part et d’autre des deux pays d’être à la base de la souffrance des passagers guinéens notamment.

Mamadi Karan Keita, premier convoyeur entre Bamako-Kankan et Kankan-Conakry, chef de gare adjoint de « Laguinè place »

Du haut de ses 70 ans, Mamadi Karan Keita, premier convoyeur entre les deux pays et chef de gare adjoint de « Laguinè place », entendez la place de la Guinée à Bamako, accuse les gendarmes guinéens placés à la frontière d’être à la base de l’arnaque subie. « Les difficultés que nous avons aujourd’hui sont liées au comportement des gendarmes guinéens à la frontière. On est stupéfié par les agissements de ces derniers. À notre connaissance, partout c’est la douane de l’émigration et la police qui font le contrôle à la frontière. Mais, les gendarmes guinéens nous prennent toutes sortes de biens. Si tu ne paies pas, tu n’iras pas. En plus, il y a des gendarmes à la frontière qui ont trop duré à leur poste là-bas. Or, quand un corps habillé dur dans un endroit, il va gâter cet endroit et s’y maintenir. Donc, nous voulons que les autorités regardent bien ce problème. Quand vous arrivez au poste de contrôle, ils demandent à chacun des passagers de payer un montant pour passer. Ici, nos chauffeurs sont en règle. Mais, ils s’en foutent des papiers. Papier ou sans papier, ce qu’ils te diront, tu seras obligé de payer si tu veux passer. Du côté malien, les gendarmes ne contrôlent pas les passagers. Ils contrôlent juste si ton véhicule est en règle. Aujourd’hui, ce n’est pas le problème de route qui nous fatigue, c’est plutôt les tracasseries routières. Sinon, la route est bonne entre Bamako-Kankan et Kankan-Conakry », a expliqué Mamadi Karan Keita, citoyen guinéen à Bamako.

Même son de cloche chez ce chauffeur de taxi Bamako-Siguiri, qui a requis l’anonymat par peur de représailles. Pour lui, ce sont les passagers qui paient le lourd tribut de cette attitude des agents. « Ce que nous traversons à la frontière est indescriptible. Tout le temps, les autorités vont là-bas pour une visite de terrain, mais ça ne change en rien. Une fois, j’ai vu deux maliens dans les mains de la police guinéenne, leur demandant de payer près de 15 mille FCFA (près de 200 mille GNF). Nous les chauffeurs, on n’a pas assez de problèmes. Ce sont les passagers qu’ils fatiguent beaucoup. Nous, après le chargement à la gare ici, nous payons 5 500 FCFA (78 000 GNF) comme taxe avant de bouger. Arrivé à la frontière malienne, à la gendarmerie, on paie 2 000 CFA et à la douane 1 000 CFA. Côté guinéen, on paie 30 000 à la gendarmerie et 10 à 20 000 nous tire d’affaire à la police. En réalité, le chauffeur a moins de problème. Tout ce que vous devez dire sur ce sujet-là, accentuez-vous sur la souffrance des passagers. Les passagers qui ont leurs pièces d’identité, vous payez 2 000 à 3 000 CFA pour passer. Du côté de la Guinée, quand tu as le papier malien, tu paies 50 000 à 100 000 GNF. Tous les deux gouvernements sont informés de ce qui se passe ici. Aujourd’hui, moi je roule en taxi sur cet axe malgré moi. Je n’en peux plus envie. La pandémie du coronavirus est partie depuis longtemps, n’est-ce pas ? Mais du côté de la Guinée, un guinéen qui ne présente pas le test Covid, tu paies de l’argent ; tu n’as pas de vaccination, tu paies. Mais, côté Mali, un malien ne présente que sa carte d’identité pour traverser. Sinon avant en Guinée, que tu sois Guinéen ou malien, c’est 10 ou 20 000 GNF qu’ils prenaient avec les passagers, et 10 000 pour nous les chauffeurs. Mais, actuellement c’est autre chose », se lamente-t-il.

Comme si cela ne suffisait pas, les coupeurs de route sèment la terreur pendant la nuit. Ce que déplore notre interlocuteur, sous anonymat. « Le phénomène de coupeurs de route n’en finit pas sur la route. En tout cas, si la nuit te trouve à Kourémalé en partance pour Bamako, il vaut mieux passer la nuit à la frontière, sinon… Cela se fait régulièrement entre Bamako-Kourémalé. Quand ils mettent tout le monde au respect, ils fouillent tout pour prendre de l’argent et les téléphones. Même si tu caches l’argent dans le caleçon, ils iront le chercher », a-t-il ajouté.

Saran Keita

Croisée à la gare de la Guinée à Bamako, Saran Keita, habituée du trajet et en partance pour Kankan, pointe un doigt accusateur sur les agents des services de sécurité du Mali. « Les difficultés qu’on rencontre sur cette route se situent au niveau de la frontière. Par exemple, même si tu as le passeport, ta carte d’identité, le carnet de vaccination et le test Covid, tu ne passes jamais sans payer les 2 000 CFA aux agents du Mali. Que tes pièces soient au complet ou pas, tu vas payer, ou ils confisquent tes documents. Parfois, le chauffeur intervient ; mais même ça, il te faut payer. Moi je suis là à tout moment. Quand je venais avant hier, il y avait une dame dans notre véhicule qui avait même dit que : malgré tout ce que la Guinée accorde aux maliens, qu’ils ne sont jamais cléments avec nous. Ce qui est vrai. Ce n’est pas du tout facile à la frontière. Quand nous traversons pour entrer en Guinée, il n’y a aucun problème. Ils nous demandent la carte d’identité. S’ils voient que tes documents sont au complet, ils ne demandent pas un franc. Ils te souhaitent même un bon voyage. Souvent, du côté de la Guinée, on ne te demande pas le test Covid ni la vaccination. Si tu as une carte d’identité valable, tu n’as rien à craindre… ».

Mory Traoré, chauffeur Bamako-Kankan

Abondant dans le même sens, Mory Traoré, conducteur sur le tronçon Bamako-Kankan, dénonce les agissements de la police malienne à la frontière vis-à-vis des passagers guinéens. « Tout ce qu’on a comme souffrances, c’est par rapport à nos passagers. Si les passagers n’ont pas de vaccination, ils les mettent en prison. Avant-hier, 11 de nos passagers ont été emprisonnés par les maliens. Ils ont ensuite payé 5 000 F CFA pour se tirer d’affaires. Quand on leur a dit que la Guinée et le Mali, c’est la même chose, les agents nous ont répondu que ce n’est pas pourtant le même pays. Même si tu as la carte, on te demande la vaccination, après tu paies trois mille francs CFA. Les passagers maliens qui viennent avec nous, ils leur demandent seulement leur carte d’identité. Souvent on est obligé de faire du bruit nous les chauffeurs pour sauver nos passagers. Et même si vous êtes attaqués par les coupeurs de route, vous les informez de cela devant, ils vont dire qu’ils n’ont pas été appelés. Donc, ils ne bougeront pas. Ce que je peux dire aux autorités guinéennes, c’est de nous secourir ici. Parce que nous souffrons beaucoup sur cette route », a-t-il laissé entendre.

De retour de Bamako, Malick Diakité pour Guineematin.com

Tel : 626-66-29-27 

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