Abdourahmane victime du 28 septembre: «Si je n’avais pas de paquet de cigarettes, je n’aurais pas eu la vie sauve»

il y a 6 mois 174
PLACEZ VOS PRODUITS ICI

CONTACTEZ [email protected]

Au compte de cette deuxième journée d’audience dans le procès du massacre du 28 septembre 2009, les victimes continuent de raconter leurs mésaventures à la barre ce 04 octobre 2023. Parmi elles, Abdourahmane Diallo, né en 1977 dans la préfecture de Mali, qui est sorti du stade vivant grâce à un paquet de cigarettes qu’il détenait.

Commerçant de profession, cette autre partie civile est revenue sur sa mésaventure comme d’autres Guinéens qui ont vécu les événements douloureux au Stade de Conakry, lors d’un meeting organisé par les forces vives d’alors pour exprimer leur opposition contre la candidature de Capitaine Moussa Dadis Camara.

« Le 28 septembre 2009, j’ai quitté mon domicile à 10h pour me rendre au stade avec plusieurs autres personnes. Nous sommes allés jusqu’au marché concasseur où se trouvait un grand dispositif de militaires stationné, nous avons donc pris les raccourcis dans les quartiers pour atteindre le stade. À notre arrivée vers 10 h 30, les portes du stade étaient déjà ouvertes et l’intérieur était déjà inondé de monde. Il y avait un petit de mon quartier avec qui on s’est installé dans les tribunes, mais difficilement on a pu y accéder. Cinq minutes plus tard, nous avons senti du gaz lacrymogène et on a appris qu’il y avait des bérets rouges qui étaient dans le stade et automatiquement, toute la foule s’est précipitée à la sortie. De ma place, je n’étais pas loin de la sortie vers les escaliers ».

Dès cet instant, Abdourahmane affirme s’être fait piéger par la présence des forces de l’ordre parce qu’il ne pouvait plus sortir et vouloir rester à l’intérieur était aussi un grand risque. Après avoir passé 20 minutes dans la bousculade, il déclare avoir vu des gens se faire tirer dessus par un policier alors qu’ils tentaient de sortir du stade, et d’autres citoyens se faire poignarder.

« Lorsque j’ai vu un homme pleurer de douleur jusqu’à rendre son dernier soupir, j’ai compris qu’il n’y a que Dieu qui pouvait me sortir de là. Peu de temps après, la pelouse a commencé à se vider et j’ai vu une porte ouverte. À ma gauche, il y avait des bérets rouges qui tiraient et à gauche, des gendarmes de la brigade antidrogue qui étaient sans armes, j’ai décidé d’aller vers là-bas parce qu’ils ne détenaient que des matraques.
Quand je suis arrivé à leur niveau, ils ont proféré des injures à mon encontre avant de me rouer de coups et de bastonnades. Ils m’ont dit de sortir en me traitant de bâtards et dès que j’ai mis pieds dehors, il y avait certains d’entre eux qui étaient adossés derrière la porte et qui détenaient des fusils. Un d’entre eux m’a poignardé avec sa baïonnette et je suis écroulé. De là où j’étais couché, il y avait un autre agent de la brigade qui tirait sur les manifestants, qui est venu me trouver couché par terre, il m’a fouillé et pris 50 000 GNF que j’avais dans ma poche et mon téléphone».

Abdourahmane Diallo sera finalement secouru par une connaissance, mais sa périphérie connaît un tout autre tournant. «Il voulait me faire sortir par une porte, mais le mur s’est effondré et il fallait qu’on contourne et il y avait un fossé vers le terrain de basket, il a pu trouver une autre personne pour l’aider à me porter. Mais arrivé à la sortie, j’ai aperçu un béret rouge qui n’était pas dans un état normal qui nous a dépouillé de tout ce qu’on possédait. Quand il s’est aperçu que je possédais un paquet de cigarettes, tout content, il a appelé ces autres amis pour venir chercher les cigarettes et il nous a laissé partir. Si je n’avais pas de paquet de cigarettes, je n’aurais pas eu la vie sauve » a-t-il raconté à la barre.

L’article Abdourahmane victime du 28 septembre: «Si je n’avais pas de paquet de cigarettes, je n’aurais pas eu la vie sauve» est apparu en premier sur Guinee360 - Actualité en Guinée, Politique, Économie, Sport.

Lire l'article en entier