17ème édition des 72h du livre : la jeune écrivaine Thierno Mariama Baldé dédicace son roman «Une enfance à Soloprimo»

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À l’occasion de la 17ème édition des 72 Heures du Livre de Conakry qui s’est tenue du 23 au 25 avril 2025, sous le thème «la Puissance féminine», plusieurs livres et des romans ont été dédicacés au Chapiteau du Palais du Peuple. Parmi ces écrivains, il y a la jeune Thierno Mariama Baldé, l’étudiante en diplomatie économique en France après ses études élémentaires, qui a dédicacé son premier roman intitulé « Une enfance à Soloprimo », publié par les Éditions L’Harmattan Guinée.


Dans cet ouvrage de 13 chapitres et 112 pages, l’auteure qui se retrouve dans deux systèmes (La France et la Guinée) raconte l’histoire d’un jeune du quartier Soloprimo, qui est un peu l’histoire de tout jeune Guinéen qui se retrouve dans un milieu défavorisé entre deux mondes. Un monde de pauvres, un monde de riches où il va devoir se chercher et qui par finir va prendre la décision tragique de prendre la route de l’immigration clandestine en arpentant les routes désertiques dont le Mali et l’Algérie, avant de se heurter à des difficultés puis rebrousser chemin et repartir à nouveau avant de se retourner en Europe après plusieurs sacrifices…

L’auteure à entre les lignes fait savoir que ce jeune à la quête du bien-être à travers  son périple a tout perdu. «Il perd son humanité, il fait des sacrifices, il perd sa famille, il perd aussi une partie de ses amis et au final il se retrouve en Europe où il doit se reconstruire. Et cette reconstruction, il se rend compte que ce n’est pas donné, il devient un chiffre dans un système qui ne veut pas de lui, où il va devoir se battre pour s’intégrer. Et qu’il se rend compte qu’au final il était bien en Guinée et qu’il fait en sorte que les jeunes guinéens puissent rester dans leur pays. Et c’est un livre qui interroge, qui appelle à la responsabilité collective pour que l’éducation soit un accès, un devoir même, pour tous les Guinéens qui puissent aujourd’hui ou demain pouvoir s’épanouir et ne pas prendre la route clandestine. Parce qu’on a remarqué que tout le monde veut aller en Europe, en tant que jeunes», a-t-elle conseillé.

Poursuivant, la jeune écrivaine conseille aux jeunes de prendre les études au sérieux pour être utiles à leur famille et la nation tout entière. «Voir aujourd’hui que nos jeunes se livrent à faire la route du Sahara, le désert, la Méditerranée pour survivre. Donc moi, aujourd’hui, mon objectif, c’est qu’après avoir discuté avec vous, vous soyez les ambassadeurs de ce que je porte, je vais vous transmettre ma flamme pour qu’à votre tour, collectivement, on essaie de faire bouger les choses. Et la deuxième chose qui revient, c’est pourquoi l’immigration ? Je ne sais pas si vous vous êtes rendu compte, mais les Guinéens, c’est la troisième nationalité à franchir les frontières illégalement en Europe et on se rend compte que chaque année, c’est des milliers de jeunes guinéens qui sont confrontés à cette fatalité, à quitter leur maison, à quitter leur famille dans l’espoir d’un lendemain meilleur, sans se rendre compte que c’est un sacrifice, c’est une déshumanisation permanente et qu’au fil du temps, une fois en Europe, ce n’est pas nécessairement ce Eldorado qu’ils souhaitaient trouver».

Par ailleurs Thierno Mariama Baldé rappelle que cette histoire d’Alpha,  qu’elle a racontée dans son roman est une histoire tirée d’un fait réel, auquel beaucoup de jeunes sont confrontés. «C’est une histoire que je souhaitais mettre en avant parce que majoritairement c’est une histoire qu’on cache, on ne veut pas le dire, on a honte et je souhaiterais porter l’histoire d’Alpha comme je porterais l’histoire de tous ces migrants, surtout ces migrants guinéens qui prennent cette route et qu’au final, soit ils perdent et se retrouvent dans la mer, d’autres qui réussissent mais qui restent quand même avec la culpabilité du survivant. Cette histoire, c’est l’héritage qu’on m’a transmis et à mon tour je le transmets à la future génération».

Dans ce roman écrit dans un langage accessible à tous, l’auteure parle de plusieurs sujets relatifs à la vie en société, à tout ce qui a trait à l’éducation, notamment des jeunes issus des milieux défavorisés, l’émancipation de la jeune fille et les violences basées sur le genre. «Il y a tout un pan où je développe un peu les violences basées sur le genre, comment la polygamie fait en sorte que les sociétés se détruisent, comment le lévirat est une pratique qui, à la base, était noble mais qu’aujourd’hui gangrène la société et surtout aussi de voir comment la jeune fille se retrouve effacée alors qu’aujourd’hui on parle de puissance féminine, la jeune fille elle doit être protégée, elle doit être mise en avant, ses rêves doivent être encouragés et pour moi c’était important de relier ces différents maux de la société,  immigration, éducation et surtout l’émancipation de la jeune fille parce que je suis une fille et surtout maintenant une femme et je souhaiterais que les jeunes filles se voient en moi et qu’elles se disent que c’est possible et qu’elles peuvent le faire»

Plus loin, celle qui a connu le mode de vie africain et plusieurs particulièrement la Guinée et la vie occidentale confie que la République de Guinée malgré tout ce qui  se dit, la Guinée reste un paradis. «On ne se rend pas compte que parfois, le fait de naître pauvre nous condamne à vivre dans la honte du besoin, à devoir se tourner vers son compagnon, son ami, pour avoir un cahier, un Bic, un livre dans l’espoir qu’avec ce Bic, ce livre, on pourra changer l’avenir ou la destinée de la famille. J’estime qu’aujourd’hui, avec tout ce qui se dit, la Guinée, c’est un paradis, chaque enfant doit vivre dans l’innocence de son enfance. Il n’a pas à porter le poids ou la responsabilité de la survie économique de sa famille. Aujourd’hui, on va se questionner, on va se poser, on va se dire qu’est-ce qu’il faut faire, qu’est-ce qu’il ne faut plus faire.

Pour finir, l’auteure a laissé entendre que l’avenir ne se prédit mais il se crée. «C’est à nous la jeunesse, avec l’aide de nos parents, de nos amis, de nos tuteurs, de faire en sorte que cet avenir auquel on aspire ne soit pas nécessairement l’avenir par la route, l’avenir par la mort, l’avenir par la désolation, mais un avenir où chacun a le droit de s’épanouir. Je vais laisser la parole à Madame Anne, qui a eu l’honneur de lire le livre en intégralité, donner son point de vue et surtout revenir sur une problématique qui m’est aussi très chère, à savoir l’émancipation de la jeune fille».

Mamadou Yaya Barry 

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